Le 24 février dernier, l’écologiste Vandana Shiva a visité la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Elle a notamment visité la ferme des Cent noms - que le gouvernement a fait détruire le 9 avril - et s’est exprimé sur ce que représente la Zad : « Cette zone montre le chemin pour d’autres lieux. (...) Voilà le futur que tous les jeunes devraient être capables d’apprendre. (...) Vous êtes le laboratoire vivant qui montre comment on peut cultiver le futur, en retrouvant notre place sur la terre, et notre humanité. »
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Les coopératives europennes de LONGO MAI ont publié lundi 9 avril la déclaration suivante :
Les habitantes et les habitants des lieux de vie européens du mouvement Longo maï, réunis en assemblée annuelle à St Chaffrey près de Briançon, adressent un chaleureux et indéfectible soutien à l’ensemble des habitantes et habitants de la zad de Notre-Dame-des-Landes, dans l’épreuve qu’ils et elles subissent. Longo maï dénonce cette opération brutale, arbitraire, disproportionnée et injuste lancée alors même que l’ensemble du mouvement d’opposition à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes avait entamé des négociations avec des représentants de l’État.
Longo maï apprécie et soutient depuis plusieurs années le caractère innovant et utopiste du mouvement d’occupation de la zad dans ce qu’il tente au niveau de la vie communautaire, des relations humaines, de la prise de décision collective ;partage l’effort pour développer de nouvelles pratiques dans l’agriculture, le maraîchage, l’élevage, la forêt, en créant de nouveaux communs, loin des dogmes destructeurs de l’agriculture productiviste.
Longo maï se souvient que sans le mouvement zadiste et ses soutiens l’abandon du projet d’’aéroport n’aurait jamais été décidé, et dénonce la vengeance que représente cette opération policière.
Longo maï appelle ses sympathisantes et sympathisants en Europe à protester auprès des autorités françaises et à manifester leur soutien ; s’engage à participer à la reconstruction de ce qui a été détruit lors de cette opération ; réclame que les terres qui ont échappé à la destruction aéroportuaire soient attribuées au mouvement d’occupation pour qu’il y poursuive son expérience originale.
UN APPEL À DES ACTIONS DE SOLIDARITÉ INTERGALACTIQUE PARTOUT DANS LE MONDE POUR METTRE FIN À LA DESTRUCTION DE LA ZAD DE NOTRE DAME DES LANDES.
Nous écrivons avec l’odeur de gaz lacrymogène qui monte de nos doigts. La symphonie printanière du chant des oiseaux est ponctuée par l’écho explosif des grenades à percussion. Nos yeux pleurent, moins à cause du gaz que de la tristesse ; parce que les maisons, les granges et les fermes biologiques de nos amis sont en train d’être détruites. Les bulldozers, soutenus par 2500 policiers anti-émeute, véhicules blindés, hélicoptères et drones, se déchaînent à travers ces forêts, pâturages et zones humides pour écraser l’avenir que nous construisons ici sur la zad (La zone à défendre).
Nous vous demandons de mener des actions de solidarité partout, qu’il s’agisse d’organiser des manifestations à votre ambassade ou consulat de France, ou de prendre des actions contre tout symbole approprié (corporatif ou non) de la France ! Et si vous n’êtes pas trop loin, amenez vos corps désobéissants pour nous rejoindre sur la zone. Si le gouvernement français expulse le zad, ce sera comme expulser l’espoir.
Pendant cinquante ans, ce paysage en damier unique a été le théâtre d’une lutte acharnée contre une nouvelle infrastructure climatique - un nouvel aéroport pour la ville voisine de Nantes. Agriculteurs et villageois, militants et naturalistes, squatters et syndicalistes ont tissé ensemble une écologie de lutte incassable et il y a trois mois, le 17 janvier, le gouvernement français annonçait l’abandon du projet d’aéroport. Mais cette victoire incroyable, remportée grâce à une diversité de tactiques créatives allant des pétitions à l’action directe, des contestations judiciaires au sabotage, avait une ombre noire. Dans le même souffle qui déclarait l’abandon, vint l’annonce que les gens qui occupaient ces 4000 acres de territoire libéré, les 300 d’entre nous vivant et cultivant dans 80 collectifs différents, seraient expulsés parce que nous avons osé non seulement être contre l’aéroport, mais aussi contre son MONDE.
Depuis ce jour victorieux, la bataille s’est transformée et il ne s’agit plus d’un projet d’infrastructure destructrice, mais du partage du territoire que nous habitons. Nous avons empêché cet endroit d’être recouvert de béton et c’est donc à nous de prendre soin de son avenir. Le mouvement soutient donc que nous devrions avoir le droit de gérer le terrain comme un bien commun (voir sa déclaration Les six points pour le Zad parce qu’il n’y aura jamais d’aéroport). C’est aujourd’hui la lutte de la zad (zone à
défendre) de Notre Dame Des Landes.
Le zad a été lancé en 2009 après une lettre (distribuée lors du premier camp climatique français ici) écrite par des locaux invitant les gens à occuper la zone et à squatter les fermes abandonnées.
Aujourd’hui, la zone est devenue l’un des plus grands laboratoires de commoning d’Europe. Avec ses boulangeries, sa station de radio pirate, son atelier de réparation de tracteurs, sa brasserie, ses cabines anarchitecturales, sa salle de banquet, ses jardins d’herbes médicinales, son studio de rap, ses laiteries, ses potagers, son journal hebdomadaire, son moulin à farine, sa bibliothèque et même son phare
surréaliste. C’est devenu une expérience concrète de reprise en main de la vie quotidienne.
En 2012, la tentative de l’Etat français d’expulser la zone pour construire l’aéroport a rencontré une résistance farouche, malgré de nombreuses démolitions. 40 000 personnes se sont présentées pour reconstruire et le gouvernement s’est retiré. La police n’a pas mis les pieds sur le zad depuis, c’est-à-dire jusqu’au lundi matin, lorsque, à 3 heures du matin, les gendarmes ont percé la zone.
Le premier jour, ils ont détruit certains des plus beaux chalets et des plus belles granges, mais hier, nous avons empêché les flics de se rendre aux Vraies Rouge, qui se trouve être l’endroit où vit l’un de nosnégociateurs avec le gouvernement. Détruire la maison de ceux qui ont accepté de s’asseoir à la table avec le gouvernement était une erreur stratégique. La fabuleuse équipe de presse de zad l’a utilisé comme crochet médiatique et aujourd’hui, nous gagnons la bataille de l’histoire. Si suffisamment de gens se rendent dans la zone au cours des prochains jours, nous pourrions gagner la bataille sur le territoire également. Nous avons besoin de rebelles, des cuisiniers aux médecins, des combattants aux témoins. Nous doutons que cette révolte rurale sera terminée avant le week-end, alors que nous
appelons aussi les gens à venir reconstruire en masse.
Déjà, des manifestations de solidarité ont eu lieu dans plus de 100 villes de France, alors que les mairies de plusieurs villes étaient occupées. Les zapatistes ont manifesté au Chiapas Mexique, il y a eu des actions à Bruxelles, en Espagne, au Liban, à Londres, en Pologne, en Palestine et à New York et le parking souterrain de l’ambassade de France à Munich a été saboté. Ils ne pourront jamais expulser
notre solidarité.
Regardez ce film qui montre ce qui est en train d’être détruite ou a été déjà détruite.
https://www.youtube.com/watch?v=lqrtUkBmv8s