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Au pays des droits de l’Homme, l’Homme se retrouve de plus en plus privé de ses droits ?

Chasse au corbeau ou chasse aux militants ?

Message de Jean Sabench de la Confédération Paysanne Languedoc Roussillon

vendredi 11 septembre 2009, par Forum Civique Européen

En fin de semaine dernière, à Saint-Pons-de-Thomières, dans les hauts Cantons de l’Hérault, près de 150 policiers ont été mobilisés dans l’affaire dite du « corbeau » (envoi de lettres de menace à plusieurs personnalités dont Nicolas Sarkozy). Une vingtaine de personnes, ont été interrogées, perquisitionnées à 6 heures du matin et, pour certaines, mises en garde à vue pour trois jours, sans possibilité de contact extérieur. Parmi elles, Jean Sabench, militant de la Confédération Paysanne, a refusé de céder à une pression policière qui ne respecte pas les règles de procédure judiciaire.

La Confédération paysanne Languedoc-Roussillon dénonce et désapprouve cet activisme policier qui, ciblant en priorité les militants d’associations ou de syndicats locaux, prend prétexte de l’épouvantail « terroriste » pour semer la peur, permettre de régler des comptes et freiner toute velleité des citoyens et citoyennes de tout bord à s’exprimer et agir - comme de droit dans toute démocratie.
Message de Jean Sabenche, militant du syndicat Confédération Paysanne, faucheur volontaire ,ancien maire adjoint de Riols.

Jeudi 3 septembre à six heures du matin, six fonctionnaires de la police judiciaire et de la brigade anti-terroriste étaient à mon domicile

, alors que mon épouse et moi étions absents.Sans l’intervention d’une voisine, alertée par le vacarme, ils auraient probablement enfoncé la porte. Après avoir pris rendez vous, ils sont revenus le lendemain matin pour procéder à une perquisition, prise d’ADN , échantillon graphologique et interrogatoire. Je me suis opposé à la perquisition au relevé d’écriture et à la prise d’ADN. N’ayant pas de mandat de perquisition, ils ont été obligés d’en demander un au procureur anti-terroriste du tribunal de grande instance de Paris. Le procureur a refusé de délivrer ce mandat !
Cela s’est produit dans le cadre de la chasse au "corbeau" qui, selon la presse, mobilise la fine fleur de la police nationale. Jeudi 3 septembre il y avait près de 150 policiers mobilisés :brigade anti-terroriste, direction
centrale du renseignement intérieur, police judiciaire parisienne, pilotés par un procureur anti-terroriste du tribunal de grande instance de Paris.
Une vingtaine de personnes ont été interrogées, perquisitionnées à 6 heures du matin, 11 mises en garde à vue pour trois jours, sans possibilité de contact extérieur.
La presse a abondamment fait état des pressions exercées "en haut lieu" sur la police. L’arrestation d’un corbeau psychopathe qui signe "cellule 34" présente peu d’intérêt pour le pouvoir, par contre l’arrestation d’un groupe terroriste offre des possibilités d’exploitation politique.
La police va donc tenter de le fabriquer de toute pièces.
A un buraliste, militant communiste, on a donné le rôle du suspect principal, au prétexte qu’il envoie de nombreuses lettres, parfois un peu rudes, aux élus et qu’il s’agit d’un ancien légionnaire. Contrairement au corbeau il signe ses lettres. Il n’est pas le seul à posséder des armes et des balles dans un secteur où CPNT a réalisé jusqu’à 45 % des voix. Mais tous les possesseurs
d’armes ne sont pas des corbeaux potentiels !
Autour de lui, pour donner consistance au "groupe terroriste" la police va embarquer des militants communistes et des clients du bureau de tabac. Un plâtrier qui attendait l’ouverture du magasin pour acheter son paquet de cigarettes a lui aussi été embastillé. Et pour faire bonne mesure la police s’intéresse aux militants syndicaux et associatifs.
Les notables locaux de l’UMP ont eux aussi été inquiétés. Est-ce pour faire croire qu’il ne s’agit pas d’une manoeuvre politique, ou parce qu’ils fréquentent le bureau de tabac, ou bien parce qu’ils sont opposants à l’élu local ? Comment a été constituée la listes des personnes qui ont eu affaire à la police ? La question reste posée. La police a contacté les maires du secteur pour leur demander si dans leur commune il y aurait des gens susceptibles d’être des suspects. Midi Libre remarque fort justement que le seul point commun entre toutes les personnes auditionnées était de s’être opposées à un moment ou un autre au député (PS), maire de Saint Pons, vice président du conseil général, vice président de la communauté de communes...
Quand j’ai demandé à un des policiers quels étaient les indices qui l’avaient conduit à venir m’interroger, il a reconnu qu’après le suspect n°1 et quelques proches, les citoyens militants étaient prioritairement ciblés. Était ce pour faire nombre ou pour les intimider ?
Malgré la pression mise sur les personnes en garde à vue, la police a du les libérer faute d’avoir la moindre preuve. On pouvait craindre que se reproduise l’injustice dont a été victime Julien Coupat, incarcéré pendant plus de six mois, suspecté, sans le moindre indice ni la moindre preuve, d’avoir formé une « cellule invisible » à laquelle est imputé le sabotage d’une caténaire de TGV.

Tout ceci est emblématique d’une police qui déraille sous la pression d’un pouvoir qui perd les pédales, et qui préfère fabriquer des faux coupables plutôt que de prendre le temps de trouver le vrai...s’il existe. C’est de la police spectacle, police bling-bling !


Pour analyser les écritures,les policiers ont dicté "Le corbeau et le renard" à ceux qui ont été interrogés (preuve qu’ils ont de l’humour !). Si le corbeau est celui qui écrit les lettres de menace, le rusé renard ne saurait en aucun cas représenter la police. Le corbeau n’a pas lâché son fromage, et les poulets ont fait chou blanc. Maintenant il reste à dénoncer les procédés, demander des explications et exiger réparation pour le préjudice moral subi.

Jean Sabench, apiculteur est porte parole de la commissions Pesticide de la Conf Paysanne.
 [1]

Notes

[1Dossier - Pesticides : pas de réduction sans volonté politique.

De plus en plus d’études mettent en évidence les effets néfastes des pesticides sur la santé humaine : tumeurs cérébrales, capacités cognitives, maladies neurologiques, etc.…Notre environnement est de plus en plus pollué. L’eau, les sols, l’air : partout des traces de pesticides sont observables. Il est temps de réagir. (...)

Les ministres de l’Agriculture et de l’Environnement ont commandé en 2005 une expertise à l’Inra et au Cemagref sur « Pesticides, agriculture et environnement ». Le constat est accablant : pour améliorer efficacement la situation, il faut repenser les modes de production, en se préoccupant de la santé globale du système et non pas uniquement de la santé de la plante. Il est précisé aussi que l’agriculture raisonnée, espoir de l’agrochimie et des pouvoirs publics, ne peut guère apporter d’amélioration.

Administrations, industriels, associations professionnelles majoritaires ont très mal accueilli cette expertise scientifique.

Nous devons nous l’approprier et l’utiliser pour exiger une réorientation de la recherche publique vers des systèmes de production moins consommateurs de pesticides.

Jean Sabench, apiculteur dans l’Hérault

8 janvier 2008.

Au mépris des décisions prises lors du Grenelle de l’environnement en matière de réduction de l’usage des pesticides, la France s’apprête à autoriser le traitement des semences de maïs par un insecticide systémique très dangereux, le « Cruiser ».

Cette autorisation serait accompagnée de restrictions préconisées par l’AFSSA qui sont significatives du haut niveau de risque pour les abeilles et d’autres insectes pollinisateurs, pour l’environnement et la santé humaine :

- interdiction d’utilisation sur du maïs destiné à la consommation humaine et aux lignées mâles de maïs semence,
- un seul traitement tous les trois ans sur la même parcelle,
- interdiction de toute culture présentant un intérêt apicole, pendant un an, sur toute parcelle traitée…

Le Ministre de l’Agriculture ne dit pas comment leur application sera garantie, alors que nous avons constaté en 2007, l’impossibilité de vérifier le respect des préconisations comparables concernant les cultures OGM. De plus, une des principales restrictions proposées par l’AFSSA - pas de parcelle traitée à moins de trois Kms de ruches- semble oubliée.

Si des maïsiculteurs ont des problèmes de gestion des parasites, cela est dû à leurs méthodes de travail : culture de maïs, année après année, sur les mêmes parcelles au mépris des règles agronomiques les plus élémentaires. Ce comportement est dicté par la facilité et par l’appât du gain, la culture du maïs étant une des productions les plus subventionnées par l’Europe.

Contrairement à ce que nous font croire le lobby des maïsiculteurs de l’AGPM-FNSEA et les fabricants de pesticides, d’autres modes de protection efficaces contre les insectes, sans recours systématique aux insecticides chimiques, existent.

La Confédération paysanne exige l’interdiction des traitements de semences insecticides systémiques, ceux-ci étant néfastes pour l’apiculture, l’environnement et la santé publique.

La Confédération paysanne s’opposera fermement à toute décision autorisant la mise sur le marché d’un produit aussi dangereux que le « Cruiser ».

- Contact :

Jean Sabench, Commission « Pesticides » : 06 76 62 93 89
Bertrand Théry, Responsable de la Commission « apicole »
Jacques Pasquier, Secrétaire national : 06 72 44 14 83

- Source : Confédération Paysanne www.conferationpaysanne.fr

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