19 MARS 2006

FONDATEURS ET DEMOCRATIE

par Susan George

mardi 14 mars 2006, par ATTAC Pays d’Arles (Date de rédaction antérieure : 14 mars 2006).

"Attac France : Fondateurs et démocratie"

FONDATEURS ET DEMOCRACIE

19-20 mars 2006

J’étais parmi les inscrits à la réunion du 14 mars des membres fondateurs qui n’ont pas pu s’exprimer.

Voici ce que j’aurais voulu dire, avec quelques amendements pour réagir aux propos de Jacques Nikonoff de ce soir 19 mars 2006.

La campagne de dénigrement contre les membres Fondateurs d’Attac se poursuit et s’amplifie : notre Président nous en donne ce soir un nouvel exemple.

Ces fondateurs seraient contre la démocratie, ils ne seraient plus utiles ; ils chercheraient à diminuer voire casser Attac pour d’obscurs motifs liés à leur perte supposée d’influence.

J’en passe difficilement, car il y en a de meilleurs.

Les accusateurs sont toujours les mêmes ; ils occupent les listes et voudraient occuper les têtes.
Ils s’attaquent aux fondateurs individuellement et collectivement, et se permettent bien des coups bas.

Bernard Cassen a expliqué succinctement lors d’un CA son opposition présente aux Fondateurs : « Autrefois ça m’arrangeait [d’avoir ce Collège dans Attac], maintenant ça m’emmerde ». Ses explications de texte subséquentes n’ont rien enlevé au piquant ni à la véracité de cette déclaration.

Nul doute que cette campagne est orchestrée. Nous ne pouvons plus avancer, hélas, comme si elle n’existait pas ; comme si elle allait cesser du jour au lendemain si seulement les Fondateurs acceptaient les exigences de la Direction d’Attac et de ses affidés, omniprésents sur les listes.

Ainsi, nous dit-on, et ce 19 mars 2006 encore Jacques Nikonoff l’écrit, tout pourrait aller pour le mieux dans la meilleure des organisations.

Il suffirait pour cela que le collège des Fondateurs accepte de présenter une liste de 25, 30 ou 40 parmi lesquels les adhérents choisiraient alors les 18 membres statutaires du CA qu’ils préfèrent, en en biffant les autres.
Ce principe de choix entre plusieurs candidats fondateurs serait synonyme de démocracie.

A mon sens, il n’en est rien.

Bien au contraire, cette méthode nous en éloignerait en mettant les syndicats, les associations, les publications, les individus-tous tant que nous sommes—les uns contre les autres alors que nous avons tous rejoint Attac pour travailler ensemble, avec des personnes d’horizons et de préoccupations différents mais partageant toutes le même idéal d’un autre monde possible.

Les syndicats, lors de différents CA et Bureaux, nous ont bien expliqué qu’ils ne pourraient accepter de se porter candidat contre d’autres syndicats et qu’ils préfèrerait quitter Attac si on essayait de les y forcer. Ils auraient à mon sens entierement raison.

J’en ferais personnellement autant, car moi aussi, je risquerais d’être en « concurrence libre et non faussée » contre des personnes que j’estime ; je pourrais même déplacer du CA d’Atttac quelqu’un qui aurait autant que moi des raisons d’y siéger.

De telles élections pour désigner les Fondateurs préférés des adhérents d’Attac ne seraient en rien comparables à une élection droite contre gauche-ce ne serait pas contre des équivalents Sarkozy ou Le Pen qu’on se préenterait mais contre des camarades.

Cela, c’est proprement insupportable.

Je ne me prêterais en aucun cas à cette maneouvre, car c’en est une.

Je préfèrerais m’en aller immédiatement plutôt que de m’y prêter. . Au-delà de cette conjoncture immédiate, comment ne pas voir que la campagne de calomnies et de dénigrement contre les fondateurs ne cesseraient pas pour autant-même, voire surtout, dans le cas d’une liste élargie à 25 ou 30 ou plus ?

Ce serait au contraire l’occasion rêvée pour faire campagne contre tel ou tel membre fondateur que la Direction actuelle estimerait gênant.
Elle ferait alors tout pour essayer de faire élire les plus dociles, les plus acquis à ses vues et pour faire battre les autres, les indépendants.
Pire encore, nous serions toutes et tous amenés à faire campagne pour les uns et contre les autres présents sur une liste élargie.

La division au sein du Collège des Fondateurs est hélas réelle.

Depuis bientôt trois ans, la Direction actuelle a tout fait pour cela.

De ce fait, tout élargissement de la liste à 24 ou 30 ou plus de candidatures rendrait cette situation irrémédiable.

Nous serions plus divisés encore. Le fossé se creuserait, les clivages s’accentueraient, la crise s’aggraverait et beaucoup s’en iraient, désespérés et dégôutes. Ce seraità mon sens la mort d’Attac.

Le dernier message de Jacques Nikonoff nous pousse hélas dans ce sens.

Pour toutes ces raisons je demande que cesse cette campagne indigne et que ceux parmi les adhérents qui veulent faire connaître leur opposition au Collège des Fondateurs-c’est leur droit le plus strict—rejettent purement et simplement la liste des 18 établie d’un commun accord parmi les Fondateurs.

Cette liste pourrait être celle proposée par Gus Massiah comme première « base de dicussion » ; ou toute autre.

La proposition de Gus est même à mon sens très généreuse pour la Direction actuelle, très minoritaire parmi les Fondateurs.

Que les opposants au Collège des Fondateurs s’expriment par un rejet de la liste ; que chacun prenne ses responsabilités.

Je rappelle que tous les fondateurs, de quelque bord que ce soit, approuvent l’augmentation du nombre de membres actifs au CA de 12 personnes à 24, soit 6 actifs de plus que les 18 Fondateurs statutaires.

Il ne saurait pour personne être question de refuser d’entendre l’avis des 12 membres actifs dits ’non-statutaires’.
Nous trouverons s’il le faut, même en l’absence de changement de statuts, les moyens de respecter le choix des adhérents exprimé à travers leurs voix portées sur ces 24 personnes élues au CA.

Il faut cesser l’entreprise de démolition du Collège des Fondateurs et, partant, d’Attac.

Notre poids politique en France, en Europe, dans le monde ; notre survie même, est à ce prix.

Susan George

20 mars 2006

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