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A l’attention de la direction du Crédit Agricole

LETTRE OUVERTE AU CREDIT AGRICOLE

Adele Cote

mercredi 19 mai 2010, par Forum Civique Européen

A l’attention de la direction du Crédit Agricole
et Monsieur Gonzalez, responsable de l’agence de Caromb

Monsieur,

Je ne fais plus crédit à ma banque, la confiance est usée !

Je vous demande de bien vouloir prendre en compte la clôture de tous mes comptes épargne à savoir le LDD et le LEP et le compte assurance vie Confluence. La raison de cette fermeture est avant tout éthique et concerne la mise en cohérence de la gestion de mon argent avec ma vision de l’économie aujourd’hui. Je ne peux en effet concevoir une seule seconde de laisser mes comptes épargne à une banque qui participe selon moi à la ruine de l’économie d’un pays et à la déchéance du peuple grec.

Les médias nous présentent ce prêt comme une action quasi humanitaire et grandement solidaire avec un membre de la communauté de l’Euro. Il est cependant manifeste que ce prêt enferre le peuple grec dans le cachot de la dette et ajoute des chaînes aux prisonniers tout en prétendant alléger leurs boulets.

Qui rassure-t-on avec de telles pratiques si ce n’est les spéculateurs et leur passe-passe toxique ? On sait que ces échanges virtuels et méta-monétaires constituent selon Bernard Lietaer un peu plus de 97 % de l’économie mondiale. J’ai pris la décision de ne plus alimenter cette économie-là. Je réalise aujourd’hui que ma banque, le Crédit Agricole, qui représentait la proximité et le soutien des économies de campagne, participe à l’asservissement d’une nation tout en prenant ses propres clients en otages.

A moi votre fidèle cliente, a t’on demandé son avis ?

Vous affirmez sur votre site internet : « Conscient de ses responsabilités de leader, le Crédit Agricole fait de son métier un levier au service de la solidarité et de l’environnement. » Ne sentez vous pas le cynisme d’un tel propos quand vous vous apprêtez à faire peser sur un peuple l’insupportable gabelle d’intérêts aussi prohibitifs que scandaleux ?

Le navire de votre système bancaire se noie sous le poids des munitions qui lui servent à couler les autres, et personnellement je ne tiens pas à rester sur un Titanic qui fête au champagne des accords de prêts délétères pendant que l’océan se rue dans les déchirures béantes de ses cales.
Oui ! Sans le savoir peut-être c’est vous-même que vous torpillez, c’est à dire nous, vos clients, et l’illusion de notre sécurité ronronnant dans vos caisses et sensée nous protéger en cas de coup dur.

Et ça n’est-ce pas un coup dur ?

Croyez vous que je puisse assister à la chronique de la mort annoncée de mon voisin sans frémir à la vue d’une méthode qui demain s’appliquera à moi ? C’est plus que de l’empathie c’est du bon sens et celui-là je pensais l’avoir près de chez moi (pour reprendre votre slogan), mais il n’en est rien.
Cela dit, je garde au Crédit Agricole mon compte courant et ce par et pour le profond respect que j’ai pour le service de proximité et les personnes que la banque y emploie.

Partage

Je fais « ma part du Colibri » et espère sincèrement que mon acte de cohérence citoyenne fera légèrement tressauter la conscience des dirigeants et employés de votre banque. Cette conscience qui seule peut entrer en contact avec le réel et les autres, baigne pour l’instant dans l’apathie confortable d’une structure bancaire de plus en plus vieille et sourde qui, malgré ses lifting au développement durable, refuse encore le sonotone … Nous avons peut-être besoin d’établissement pour prendre soin de la circulation fluide de la monnaie, certes ! Mais quand un tel soin provoque phlébites, embolies et autres pathologies qui gangrènent le corps social, on est en droit de douter de l’efficacité thérapeutique du dit système.

Je change donc pour le Crédit Coopératif dont les posologies me paraissent plus douces, moins toxiques et surtout plus tournées vers ce que j’appelle un avenir qui n’est pas une prédiction fataliste d’un passé en pleine décomposition.

Le nouveau monde se construit sur des valeurs que l’ancien monde, celui du crédit Agricole, redoute : celle d’une authentique solidarité basée sur la reconnaissance de nos limites. Le vieux monde prône encore une démesure qui ne crée que de l’excroissance et de l’obésité, le PIB se nourrit de marée noire, le FMI de dette, la banque mondiale se gorge du sang et de l’abrutissement des peuples qui vendent à la loi du marché les derniers oripeaux de leur dignité humaine.
Le nouveau monde fait la paix avec la nature et offre de somptueux gisements d’une autre richesse, celle-ci ne fait ni saigner la terre, ni pleurer les peuples car elle se multiplie en se partageant.

Voilà, ce n’est presque rien, juste une personne, une cliente, qui change de banque. C’est imperceptible. « Un de perdu, 10 de retrouvés », me direz-vous, je ne prétends pas révolutionner le Crédit Agricole mais de ce geste j’entends porter le témoignage aussi loin que l’écho le portera…

Bien à vous
Adèle Côte.

courriel adele.cote@laposte.net

P.-S.

Adossé à l’un des derniers contreforts du Ventoux, Caromb est un village fortifié regroupé à l’intérieur de ses remparts qui a conservé quelques monuments intéressants.

Caromb, à 12 km au nord de Carpentras, a la chance d’avoir une des plus grandes églises romanes du Vaucluse, l’église Saint Maurice, édifiée au XIV et classée en 1849 monument historique. Elle renferme de nombreux chefs d’œuvres, dont le triptyque de Grabuset, le tombeau d’Etienne de Vaesc (mort en 1501) et un orgue italien baroque datant de 1701, restauré et en état de marche.

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