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Communiqué

“Les mandarines et les olives ne tombent pas du ciel”

L’l’Assemblèe des Travailleurs Africains de Rosarno à Rome

mercredi 3 février 2010, par Forum Civique Européen

La collaboration entre un gouvernement de droite aux relents fascisants (Berlusconi) et une police, qui coopère avec la mafia elle même au service du patronat, donne les mêmes exactions que dans la région de El Ejido en Espagne - on se rappelle des pogroms il y a dix ans jour pour jour ou dans les environs du plus grand abattoir des Etats Unis de la société SMITHFIELD - oui, celle de la fameuse grippe porcine - où les forces de l’ordre expulsent périodiquement quinze ouvriers précaires mexicains, histoire de maintenir la pression sur cette main d’oeuvre sans perturber la productivité du premier producteur mondial de viande de cochon (voir le film FOOD INC). ON NE SERA PAS SURPRIS QU’UN JOUR CES OUVRIERS PERSÉCUTÉS SE RÉVOLTENT CONTRE LEUR DESTIN.

Voici le communiqué des ouvriers de Rosarno en Italie.

En ce jour, 31 janvier 2010, nous nous sommes reunìs pour constituer l’Assemblée des Travailleurs Africains de Rosarno à Rome

Nous sommes les travailleurs qui ont été obligés de quitter Rosarno, après avoir revendiqué nos droits. Nous travaillions dans des conditions inhumaines. On vivait dans des usines abandonnées sans eau ni électricité. Notre travail était mal payés. On quittait les lieux où l’on dormait, chaque matin à 6 heures pour ne rentrer que le soir à 20 heures pour 25 euro, qui ne finissaient pas tous dans nos poches.
Dès fois on ne réussissait même pas, après une journée de dur labeur, à nous faire payer. On rentrait les mains vides, le corps plié par la fatigue.
Nous étions depuis plusieurs années, objets de discriminations d’exploitations et de harcèlements de tous genres.

Nous étions exploités le jour et chassés la nuit par les enfants de nos exploiteurs. Nous étions bastonés, harcelés, braqués comme des bêtes….enlevés, quelqu’un de nous est à jamais disparu.
On nous a tiré dessus, par jeu ou pour l’intérêt de quelqu’un - nous avons continué à travailler.

Avec le temps nous étions devenus des cibles faciles. On en pouvait plus. Ceux qui n’étaient pas blessés par des coups de feu étaient blessés dans leur dignité humaine, dans l’orgueil comme être humain. On en pouvait plus attendre une aide qui ne serait jamais arrivée, parce que nous sommes invisibles, on n’existe pas pour les autorités de ce pays.

Nous sommes descendus dans la rue pour crier notre existence, pour qu’on puisse nous voir. Les gens ne voulaient pas nous voir.

Comment quelqu’un qui n’existe pas peut manifester ?


Les autorités et les forces de l’ordre sont arrivées et ils nous ont déporté de la ville parce que nous n’étions plus en sécurité. Les gens de Rosarno se sont mis à nous chasser, à nous lyncher cette fois-ci organisés en vraies équipes de chasse à l’homme.

Nous avons été enfermés dans des centres de détention pour immigrés.
Beaucoup y sont encore, d’autres sont retournés en Afrique, d’autres éparpillés dans certaines villes du Sud.

Nous, nous sommes à Rome. Aujourd’hui nous sommes sans travail, sans un lieu où dormir, sans nos bagages. Nos salaires sont encore impayés et restés dans les mains de nos exploiteurs.

Nous disons que nous sommes des acteurs de la vie économique de ce pays où les autoritées ne veulent ni nous voir ni nous entendre. Les
mandarines, les olives et les oranges ne tombent pas du ciel. Ce sont des mains qui les cueillent.

Nous avions réussi à trouver un travail qu’on a perdu parce que tout
simplement on a demandé d’être traité comme des êtres humains. Nous ne sommes pas venus en Italie pour faire les touristes. Notre travail et
notre sueur servent à l’Italie comme ils servent à nos familles qui ont placé beaucoup d’espoir en nous.

On demande aux autorités de ce pays de nous voir et d’entendre nos
requêtes :

Nous demandons que le permis de séjour pour motif humanitaire soit concédè aux 11 africains blessés a Rosarno et toutes les victimes
de cette exploitation qui nous a laissé sans travail, abandonnés et oubliés dans la rue.

Nous voulons que le gouvernement de ce pays prenne ses responsabilités et nous garantisse la possibilté de travailler dignement.

L’Assemblée des travailleurs africains de Rosarno à Rome

(Texte légèrement corrigé par la rédaction de Journarles)

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