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L’avenir de la monnaie

Face à la crise créons des monnaies complémentaires

Séminaire et Conférence avec Bernard Lietaer à Salon de Provence le 23 et 24 février 2012

dimanche 19 février 2012, par Forum Civique Européen

Un évènement hors du commun est la venue de Bernard Lietaer à Salon de Provence ce jeudi et vendredi 23 et 24 février 2012 lors d’un séminaire dans le cadre de Festi’fric organisé par l’APEAS (Agence provençale pour une économie alternative et solidaire http://www.apeas.fr/Association). Bernard Lietaer est depuis plus de trente ans, l’un des spécialistes majeurs sur les questions monétaires. Il a notamment participé à la réalisation de l’ECU, le système de convergence qui a préparé le chemin à l’Euro. Auteur du best-seller international "The Future of Money", il vient de publier deux livres en français : Au Coeur de la Monnaie (Editions Yves Michel) et en collaboration avec Margrit Kennedy "Monnaies Régionales" édité par les Editions Charles Léopold Mayer. Le livre "Monnaies régionales" est également disponible en téléchargement via le lien sur ce site.

En octobre 2010, à l’initiative de JournArles, une trentaine d’habitants de la Région PACA signaient une lettre adressée à Michel Vauzelle, Président de Région. Journarles publie ici des larges extraits de ce courrier qui résume en quelques lignes l’utilité et l’originalité de la possible mise en place d’un instrument des paiement régional.

La crise financière touche de plein fouet nos concitoyen/nes à travers ses effets dévastateurs sur l’économie réelle. La destruction du tissu industriel et de l’agriculture de la région produit déjà une explosion du chômage et des précarités de toutes sortes. Parallèlement, des formes de crédits les plus diverses, résultant du développement de produits de paiements sophistiqués, exposent leurs utilisateurs à un endettement toujours plus grand. Cette monétarisation insidieuse asservit chaque jour un peu plus nos concitoyens par le remboursement de toujours plus de crédits.

D’un côté des pansements sont proposés par des initiatives publiques comme les chèques ciné-culture, les chèques livres, les chèques énergies renouvelables des Régions ou les chèques santé et les chèques emploi-service du Gouvernement. Mais de plus en plus souvent, ce sont de grands groupes privés qui créent leur propres instruments de paiement, cartes de crédit et de paiement Géant Casino ou Carrefour, tickets restaurant du groupe ACCOR, Chèque Restaurant de SODEXO, Mastercard, Visa électron, Maestro. Toutes ces cartes ont le grand désavantage d’imposer une sorte d’impôt de transaction privé (le crédit et les frais de transaction) qui ne revient jamais aux citoyens pour financer les services publics et le bien commun, mais remplit les poches des 1%.

Croissance

Or l’impact de la crise systémique est accentué par les réductions des budgets de l’État qui assèchent les financements des collectivités territoriales et oblitèrent les possibilités de mise en place de véritables politiques sociales et écologiques par les régions et les municipalités (disparition de la taxe professionnelle par exemple).

Pourtant des débats stimulants sont aujourd’hui portés sur la place publique, débats inimaginables il y a de ça quelques mois. Nous en voulons pour preuve la remise en cause par Joseph E. Stiglitz (ancien économiste en chef de la Banque Mondiale) du système de monnaie de référence basé sur le dollar.

Il est temps de rechercher des alternatives pour maintenir et redévelopper un tissu d’activités régionales, renforcer le pouvoir d’achat, notamment celui des plus démunis, pour consommer localement. Les solutions locales comme les AMAP, les cantines bio, la consommation de productions locales de fruits et de légumes, les marchés paysans, les épiceries solidaires (Solid’Arles) constituent des initiatives louables mais qui ne changeront les choses qu’à la marge. Des changements structurels plus importants sont nécessaires. Il est en effet étonnant de constater que ces alternatives ne questionnent pas les mécanismes au cœur du processus d’échange de biens et de services, les règles de la monnaie.

Il est temps que les réflexions sur les dysfonctionnements de la monnaie au niveau global reçoivent un écho au niveau régional et local. Nous sommes quelques uns à avoir recherché des alternatives
pour redonner à la démocratie les moyens de dépasser le clivage entre économie réelle et financiarisation, clivage qui sépare le politique de l’économique.

Il est aujourd’hui urgent de redonner à l’administrateur de la Cité un outil pour sauvegarder l’intérêt public et pour orienter les activités
économiques. Les réflexions de Dieter Suhr (ancien juge constitutionnel, voir Le crédit et son intérêt), Patrick Viveret (conseiller référendaire à la Cour des comptes) et Bernard Lietaer (ancien haut fonctionnaire de la banque centrale de Belgique qui participa à la conception de l’euro) nous incitent à développer un véritable instrument de relocalisation à travers la mise en circulation d’un instrument de paiement régional.

Nous proposons de le baptiser PACARO. Il favoriserait les circuits courts, l’utilisation des matières premières régionales et soutiendrait la production, sa transformation et sa commercialisation dans le périmètre de la Région. Le PACARO serait une façon de mettre en oeuvre un véritable développement durable, en contraignant l’usage des ressources et la production de biens de consommation tout en offrant un revenu complémentaire aux producteurs, aux artisans, aux commerçants et à l’ensemble des citoyens de notre région.

Bref, le PACARO permettrait de maintenir un tissu d’activités de proximité. La mise en circulation de ce moyen de paiement d’un autre genre n’est pas une idée farfelue. Rappelons quelques réalisations qui ont fait et font toujours leur preuve aux quatre coins du monde : le WIR, mis en place dans les années 30 en Suisse, utilisé par plus de 60 000 PME, qui connait un chiffre d’affaire annuel de 3 à 4 milliards d’équivalent Franc Suisse ; le Toronto dollar au Canada, le Chiemgauer en Allemagne, le Time Dollar ou l’Ithaca hour aux États-Unis.

La mise en place du PACARO serait une occasion pour la région PACA d’être à l’avant-garde en France d’une série d’initiatives qui vont sans nul doute se multiplier dans les années à venir.

Un tel projet nécessite une profonde prise de conscience du plus grand nombre. Pour la réalisation de cet ambitieux projet, un portage politique fort est indispensable. Il faut être nombreux pour inaugurer ce chantier. Nous sommes convaincus qu’il y a beaucoup de personnes en PACA qui ont l’envergure, la persévérance et l’expérience politique indispensable pour conduire ce projet vers sa réalisation. Nous pensons que tout un, chacun et chacune percevra l’importance fondamentale d’une véritable éducation populaire sur les mécanismes du crédit, qui sont à l’origine de la crise actuelle.

Sans une telle éducation, illustrée par une pratique commune, toute perspective de sortie de la crise écologique, sortie de la folie d’une croissance exponentielle est illusoire.

La présence de Bernard Lietaer lors du séminaire Festi’Fric à Salon de Provence est un momnet précieux pour une entrée en matière.

Inscription Festi’fric

Programm des deux jours

Bernard LIETAER

"Monnaies régionales" le livre peut être téléchargé sous ce lien

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