C’est un coup de force. 500 écrivains ont publié une pétition protestant contre « la surveillance de masse » sur Internet et réclamant une « Charte internationale des droits numériques » sous l’égide de l’ONU.
Ces derniers mois, le monde entier a pris conscience de l’ampleur de la surveillance de masse. En quelques clics, l’Etat peut accéder à votre téléphone portable, votre adresse mail, vos comptes ouverts sur les réseaux sociaux et vos recherches sur Internet.
Il peut suivre votre activité et vos orientations politiques, et en collaboration avec des entreprises du web, il ramasse et stocke vos données, et peut ainsi se renseigner sur votre comportement et votre manière de consommer.
Le pilier de base de la démocratie est l’inviolable intégrité de l’individu. L’intégrité humaine s’étend au-delà du champ physique. Dans ses opinions, son intimité et ses communications personnelles, chaque être humain a le droit à la vie privée.
Ce droit fondamental a été anéanti à travers l’utilisation abusive des technologies par les Etats et les entreprises dans l’optique d’une surveillance de masse.
Une personne sous surveillance n’est plus libre ; une société sous surveillance n’est plus une démocratie.
Pour rester valables, nos droits démocratiques doivent s’appliquer autant au virtuel qu’au réel.
• La surveillance viole la sphère privée et compromet la liberté de pensée et d’opinion.
• La surveillance de masse considère que chaque citoyen est un suspect potentiel. Il met à mal l’un de nos progrès historiques : la présomption d’innocence.
• La surveillance est un vol. Ces données n’appartiennent pas à la sphère publique : elles nous appartiennent. Quand elles sont utilisées pour anticiper nos comportements, un autre principe nous est dérobé : le libre-arbitre, qui est au fondement de la liberté démocratique.
NOUS DEMANDONS LE DROIT pour tous les individus, en tant que citoyens démocratiques, de savoir jusqu’à quel point leurs données personnelles peuvent être collectées, stockées et utilisées de façon légale, et par qui ; de savoir où ces données sont stockées et comment elles sont utilisées ; de demander la suppression de leurs données si elles ont été collectées et stockées de façon illégale.
NOUS APPELONS TOUS LES ETATS ET TOUTES LES ENTREPRISES à respecter ces droits.
NOUS APPELONS TOUS LES CITOYENS à se mobiliser pour défendre ces droits.
NOUS APPELONS LES NATIONS UNIES à reconnaître l’importance primordiale de la protection des droits civiques à l’ère du numérique, et à créer une Déclaration des Droits numériques.
NOUS APPELONS TOUS LES GOUVERNEMENTS à signer et à adhérer une telle convention.
(traduction de Richard Holding pour La Vie)
La pétition a été écrite à l’initiative de sept écrivains (Juli Zeh, Ilija Trojanow, Eva Menasse, Janne Teller, Priya Basil, Isabel Fargo Cole, Josef Haslinger). Parmi les signataires, on trouve :
J.M. Coetzee, Michael Ondaatje, Günter Grass, Paul Auster, Margaret Atwood, Don DeLillo, Jonathan Littell, Daniel Cohn-Bendit, Björk, David Grossman, Amos Oz, Henning Mankell, Per Olov Enquist, Orhan Pamuk, Martin Amis, Peter Sloterdijk, Dave Eggers, Jeffrey Eugenides, Richard Ford, Richard Powers, James Salter, David van Reybrouck, Yann Martel, Juan Gabriel Vásquez, Alaa al-Aswany, Jean-Jacques Beineix, Marie Darrieussecq, Philippe Djian, Lionel Duroy, Boualem Sansal, Mathias Énard, Jérôme Ferrari, Laurent Gaudé, Catherine Millet, Frédéric Mitterrand, Martin Winckler, Flore Vasseur, Ulrich Beck, Günter Grass, Elfriede Jelinek, Peter Esterhazy, Erri de Luca, Javier Marías, Julian Barnes, Louis de Bernières, Ian McEwan, Will Self, David Vann, T.C. Boyle, Jennifer Egan.
WRITERS AGAINST MASS SURVEILLANCE
Pour consulter la liste complète des signataires, et signer, rendez-vous sur Change.org