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Hervé Kempf

L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie

A lire

mardi 30 octobre 2012, par Forum Civique Européen

Le MES et le pacte budgétaire ont trouvé l’aval des élus français. Bravo. Ceci nous motive d’autant plus de vous recommander le livre de Hervé Kempf. Après "Comment les riches détruisent la planète" et "Pour sauver la planète, sortez du capitalisme", Hervé Kempf achève sa trilogie par un essai analysant la crise de la démocratie au regard de la crise écologique et sociale.

Sommes-nous en dictature ? Non. Sommes-nous en démocratie ?

Non plus. Les puissances d’argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entamées. Dans tous les pays occidentaux, la démocratie est attaquée par une caste.

En réalité, nous sommes entrés dans un régime oligarchique

Cette forme politique conçue par les Grecs anciens et qu’ont oubliée les politologues : la domination d’une petite classe de puissants qui discutent entre pairs et imposent ensuite leurs décisions à l’ensemble des citoyens.

Si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie : cela suppose de reconnaître l’oligarchie pour ce qu’elle est, un régime qui vise à maintenir les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques.

Car la crise écologique et la mondialisation rebattent les cartes de notre culture politique : l’Occident doit apprendre à partager le monde avec les autres habitants de la planète. Il n’y parviendra qu’en sortant du régime oligarchique pour réinventer une démocratie vivante. Si nous échouons à aller vers la Cité mondiale, guidés par le souci de l’équilibre écologique, les oligarques nous entraîneront dans la violence et l’autoritarisme.

Au terme de ce récit précisément documenté mais toujours vivant, le lecteur ne verra plus la politique de la même façon.

Références : L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie de Hervé Kempf - Editeur : Seuil - Date de publication : 6 janvier 2011 - EAN13 : 9782021028881 - Prix public : 14 €

Comment les riches détruisent la planète et Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, les précédents ouvrages d’Hervé Kempf, ont rencontré un important succès. Ils ont été traduits dans de nombreuses langues. L’intérêt soutenu qu’ils continuent de susciter en fait désormais des références de l’écologie politique.

"Nous sommes entrés dans un système oligarchique qui n’a d’autre ressort que l’avidité, d’autre idéal que le conservatisme, d’autre rêve que la technologie"

Entretien avec Hervé Kempf réalisé par Thibaut Monnier publié dans Financité de décembre 2010 Voici un extrait de l’entretien avec Hervé Kempf réalisé par Thibaut Monnier publié dans Financité de décembre 2010.

Financité : En quoi la finance est-elle liée à la crise écologique ?

Hervé Kempf : Le développement extraordinaire de la spéculation financière depuis une trentaine d’années s’est traduit par une destruction massive de l’environnement et un creusement considérable des inégalités. Le résultat est qu’aujourd’hui une minorité gaspille les ressources aux dépens de l’intérêt général et projette un modèle de surconsommation qui imprègne toute notre culture. Le confort dans lequel nous vivons en Occident exerce une pression énorme sur l’environnement, et se présente comme un modèle insoutenable pour le reste du monde.

Financité : La spéculation financière est donc responsable de la détérioration de l’environnement ?

Hervé Kempf : Directement et indirectement, oui. Il faut rappeler aussi que les puissances d’argent ont acquis une énorme influence sur le système politique et déterminent les règles du système économique et beaucoup de lois. La délibération démocratique, telle que tous ont voix égale au débat, est très largement limitée par des médias qui sont contrôlés par ces grandes puissances capitalistes.

Financité : Nous ne sommes plus en démocratie ?

Hervé Kempf : La démocratie est extrêmement affaiblie, au point que l’on peut penser que l’on est entré dans un régime oligarchique, cette forme politique conçue par les Grecs antiques et qu’ont oubliée les politologues : la domination d’une petite classe de puissants qui discutent entre pairs et imposent ensuite leurs décisions à l’ensemble des citoyens.

Financité : Cette évolution est-elle réversible ?

Hervé Kempf : J’espère que oui, mais cela suppose une transformation profonde du système de pouvoir, mais aussi de la réflexion politique. Pour commencer, il faut prendre conscience de la situation, ce qui est le premier pas vers le changement. De même qu’une large part de la population a pris conscience, depuis une dizaine d’années, de la gravité de la crise écologique, et, depuis quelques années, de la montée rapide des inégalités. De même il nous faut comprendre que le régime politique est en train de changer et prendre conscience du fait que la démocratie n’est pas acquise ad aeternam. Cette découverte implique aussi de reconnaître la culture matérielle dans laquelle le capitalisme nous a enfermés : l’oligarchie s’est développée en associant le prestige et la valeur humaine à l’argent et à l’accumulation d’objets. Conditionnés notamment par la publicité, les individus se retrouvent en proie à une rivalité ostentatoire qui pousse à la surconsommation et à la compétition : celui qui a le plus d’argent est le mieux considéré, quelle que soit la façon dont il a acquis cette fortune. De ce point de vue, le contrôle des médias et de la publicité est un pilier du système oligarchique, non seulement pour contrôler le débat politique, mais aussi pour définir le système de valeurs de l’époque.

Financité : Comment renverser la situation à l’heure où l’iPhone, par exemple, se vend par millions ?

Hervé Kempf : Il ne sert à rien de se mettre la tête dans le sable : rester passifs – ou prisonniers de la culture de la consommation matérielle – aggravera la situation, parce que la crise écologique existe et empire en ce moment même. Les trois dernières générations, nos parents, nous, nos enfants, nous vivons ce moment historique où l’humanité rencontre les limites de la planète. Depuis les origines, l’aventure humaine s’est développée dans une nature dont les ressources semblaient incommensurables. Aujourd’hui, la biosphère est limitée et il faut absolument changer notre comportement pour enrayer sa dégradation. Si l’on manque cette transition vers le nouveau monde, vers une société écologique et équitable, on risque d’aller vers le chaos, c’est-à-dire vers des épidémies, un changement climatique incontrôlable, des querelles terribles pour l’accès aux ressources. Et si nous ne parvenons pas à revenir à des formes démocratiques de choix collectif, l’oligarchie poursuivra sa tendance vers un régime de plus en plus autoritaire. À nous de savoir vers où nous voulons aller : le nouveau monde ou l’asservissement.

Vous pouvez retrouvez l’intégralité de cet entretien en page 9 de Financité disponible au format PDF en cliquant ici.

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