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26 avril 2006, 20 ans après Tchernobyl : Alerte à Babylone

Quand le lobby nucléaire désinforme, il faut dénoncer une situation et des faits d’une gravité exceptionnelle !

Projection du film "Alerte à Babylone" et débat à Arles (26/4 à 19h30), Avignon (27/4 à 20h00) avec le réalisateur Jean Druon. Manifestation contre l’EPR réussi à Cherbourg le weekend de Pâques.

dimanche 16 avril 2006, par Forum Civique Européen

Pour comprendre un peu mieux ces 20 ans de désinformation et de mensonges, autour de ce qui est probablement la plus grande catatstrophe technologique de l’histoire de l’humanité, il faut peut-être aller lire l’accord édifiant conclu en 1959 entre l’OMS et l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique).
Cet accord stipule que les programmes de recherche de l’Organisation Mondiale pour la Santé doivent au préalable faire l’objet d’une concertation, afin que ces études ne débouchent pas sur des résultats qui risqueraient de nuire à l’AIEA dont l’objectif principal est "d’accepter et d’accroître la contribution de l’énergie atomique pour la paix, la santé et la prospérité dans le monde entier".

La catastrophe de Tchernobyl et la santé


par Michel Fernex,Professeur émérite, Faculté de Médecine de Bâle,

Introduction

Les retombées radioactives de Tchernobyl ont atteint une grande partie de l’hémisphère Nord de notre planète. Cependant, au coeur de cet espace on trouve le nord de l’Ukraine, le sud-ouest de la Russie et l’ensemble de la Biélorussie. A elle seule la Biélorussie, pays non nucléaire, a subi 2 fois plus de pollution radioactive que ses deux voisins réunis. Il est donc justifié d’approfondir les problèmes dont souffrent les populations de Biélorussie, suite à Tchernobyl.

Le lobby nucléaire et l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA) usent de leur puissance pour minimiser ou nier les données en provenance de ce pays, le but étant de n’avoir pas à indemniser correctement ni l’état ni les victimes : 2 millions de personnes, dont 500.000 enfants qui vivent dans les zones fortement contaminées, les personnes évacuées et les liquidateurs. Par son "bilan" de 1991, l’AIEA est parvenue à mettre fin aux démarches des députés de Biélorussie, qui voulaient faire reconnaître par les pays économiquement puissants, la catastrophe nationale que représentait l’explosion du réacteur de Tchernobyl et demander une aide économique appropriée.

On cherchera à comprendre comment lobbies et AIEA parviennent à leurs fins, et le prix que cela représente pour la Biélorussie. Les problèmes économiques, médicaux, démographiques et sociaux dont souffre ce pays en sont le fruit. Si 25% du budget national sont dépensés pour atténuer les conséquences de Tchernobyl, il faudrait investir bien davantage, et différemment, pour atteindre ce but. Ces dépenses devraient être à la charge des pays qui disposent de centrales atomiques. En effet, contrairement aux autres industries, l’industrie nucléaire n’a pas le devoir comme toute industrie de contracter une assurance en vue d’une catastrophe éventuelle ; cela rendrait la production d’électricité nucléaire non rentable (même en ignorant le coût de la gestion des déchets). Ce sont donc les états qui devraient remplacer l’assurance responsabilité civile.

Il est difficile de comprendre pourquoi les autorités de Biélorussie adoptent une attitude conforme aux exigences des promoteurs du nucléaire, mais il est plus simple de saisir pourquoi l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) n’est d’aucun secours, tant qu’elle demeure ligotée par l’Accord qu’elle a été amenée à conclure en 1959 avec l’AIEA.

L’OMS liée à l’AIEA face à Tchernobyl

Dès l’explosion du réacteur, il y eut des omissions, des retards, mais aussi des contre-vérités exprimées par les autorités (1,2,3 & 4). Ces réactions des autorités ont contribué aux"incertitudes" concernant la contamination radioactive qui a suivi l’explosion du réacteur. Même en l’an 2000, la désinformation n’a pas encore cédé le pas. A ce sujet il est utile de lire un rapport technique publié dans le cadre de l’OMS en 1958 (5). Ce rapport compte un chapitre consacré à "la politique à suivre en cas d’accident " qui s’achève par ce souhait :
"Cependant, du point de vue de la santé mentale, la solution la plus satisfaisante pour l’avenir des utilisations pacifiques de l’énergie atomique serait de voir monter une nouvelle génération qui aurait appris à s’accomoder de l’ignorance et de l’incertitude..."
Cette apologie de l’ignorance reflète un mépris des populations, contraire à l’esprit et à la lettre de la Constitution de l’OMS. Ce paragraphe a été lu par M. Claude Haegi, représentant le gouvernement à la Conférence organisée par l’OMS sur Tchernobyl, en novembre 1995, à Genève. M. Haegi a également cité un Directeur Général de l’AIEA qui, 4 mois après la catastrophe, le 28 août 1986, a déclaré, selon le journal le Monde, que, vu l’importance de l’énergie atomique, le monde pourrait supporter un accident comparable à celui de Tchernobyl par an". Et M. Haegi de conclure : "Un Tchernobyl suffit. Il faut tendre vers une sécurité totale."
Cette intervention, comme tant d’autres présentées à la Conférence de l’OMS, à Genève, devait être publiée dans les actes : un document très attendu, qui avait été promis par le secrétariat de la Conférence pour mars 1996. Pourtant ces actes n’ont pas encore paru en ce début du 21e siècle (6). Certains pensent que ces textes risquaient de profondément perturber la Conférence de l’AIEA à Vienne, prévue pour avril 1996. Les manuscrits ont-ils été enterrés, ou censurés, grâce à l’Accord avec l’AIEA, signé par l’OMS en 1959 ?

Cet Accord stipule que les programmes de recherches de l’OMS doivent au préalable faire l’objet d’une concertation, afin que ces études ne débouchent pas sur des résultats qui risqueraient de nuire à l’AIEA, dont objectif principal est :
"d’accélerer et d’accroître la contribution de l’énergie atomique pour la paix, la santé et la prospérité dans le monde entier".

Cette phrase tirée des statuts de l’AIEA, figure sur les premières pages des publications de cette Agence, y compris dans les actes de la conférence de l’AIEA d’avril 1996 sur Tchernobyl (7). L’Accord doit éviter que la recherche ne débouche sur des résultats qui gêneraient la promotion des centrales atomiques. Ainsi, l’article I, point 3 de l’Accord précise que :

"Chaque fois qu’une des parties se propose d’entreprendre un programme ou une activité dans un domaine qui présente ou peut présenter un intérêt majeur pour l’autre partie, la première consulte la seconde en vue de régler la question d’un commun accord."

A l’article III de cet Accord on lit :
- 1) L’Agence Internationale pour l’Energie Atomique et l’Organisation Mondiale de la Santé reconnaissent qu’elles peuvent être appelées à prendre certaines mesures restrictives pour sauvegarder le caractère confidentiel de renseignements qui leur auront été fournis...
- 2) Sous réserve des arrangements qui pourraient être nécessaires pour sauvegarder le caractère confidentiel de certains documents, le Secrétariat de l’AIEA et le Secrétariat de l’OMS se tiennent mutuellement au courant de tous les projets et tous les programmes de travail pouvant intéresser les deux parties.
Les termes de cet article III, qui imposent la confidentialité, c’est à dire le silence, sont contraires à la Constitution de l’OMS. En effet, le but de l’OMS, exprimé au Chapitre I de sa Constitution :
"est d’amener tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible."

Le chapitre II indique comment l’OMS va parvenir à élever le niveau de santé, en exerçant en particulier les fonctions suivantes :
- agir en tant qu’autorité directrice et coordinatrice, dans le domaine de la santé...
- fournir l’assistance technique appropriée et, dans les cas d’urgence, l’aide nécessaire, à la requête des gouvernements ou sur leur acceptation.
- fournir toutes informations, donner tous conseils et toute assistance dans le domaine de la santé ;
- aider à former, parmi les peuples, une opinion publique éclairée en ce qui concerne la santé.
Il est évident que les termes de l’Accord, qui s’opposent à la communication ouverte, sont en contradiction avec les termes de la Constitution de l’OMS. Pourtant, l’Accord a été signé lors de la 12e Assemblée Mondiale de la Santé, le 28 mai 1959. On trouve les documents juridiques cités ci-dessus dans les Documents Fondamentaux de l’OMS (8).
Une des dernière publication de l’OMS mettant en garde contre le choix du développement de l’industrie atomique, est celle d’un goupe de brillants experts dans le domaine de la génétique, comportant le titulaire du Prix Nobel, J.M. Muller, réunis à Genève en 1956 (9) :
"Le patrimoine génétique est le bien le plus précieux de l’être humain. Il détermine la vie de notre descendance, le développement sain et harmonieux des générations futures. En tant qu’experts, nous affirmons que la santé des générations futures est menacée par le développement croissant de l’industrie atomique et des sources de rayonnements... Nous estimons également que les mutations nouvelles qui apparaissent chez les êtres humains, seront néfastes pour eux et pour leur descendance".
De tels propos ne convenaient guère au lobby du nucléaire, et l’AIEA a bientôt réussi à mettre fin par un Accord signé en 1959, à l’expression libre de l’OMS dans ce domaine. Cela dure jusqu’au début du 21e siècle.

La suite de ce dossier dans le document en annexe.


...Un coup d’oeil sur l’actualité nationale par les Dernères Nouvelle d’Alsace (DNA) au sujet de la

Manifestation antinucléaire à Cherbourg lors du weekend de Paques 2006

Entre 12 500 et 30 000 personnes ont manifesté hier à Cherbourg dans la Manche pour protester contre le nucléaire civil et réclamer « une autre politique énergétique » française.

En passant devant la direction départementale d’EDF, les manifestants ont jeté plusieurs milliers de boîtes peintes en jaune et noir, symbolisant des déchets radioactifs. (Photo AFP)

Les organisateurs ont réussi leur pari de rassembler plus de 10 000 personnes le week-end de Pâques sur la pointe du Cotentin. « C’est une très forte mobilisation dans ce coin difficile d’accès, qui témoigne d’un tournant dans l’histoire de la politique énergétique en France », s’est félicité Stéphane Lhomme, le porte-parole du réseau « Sortir du nucléaire », l’un des principaux organisateurs.

D’après la police, 12 500 personnes ont défilé. Les organisateurs parlent de 30 000 manifestants. « Cette forte mobilisation témoigne de la volonté radicale de la population d’aller vers des économies d’énergie et vers un développement des énergies renouvelables », a ajouté Stéphane Lhomme.

Instant de silence en hommage aux victimes de Tchernobyl

Venus de nombreux pays, les manifestants ont défilé dans le calme. En tête du cortège, une banderole jaune clamait : « 20 ans après Tchernobyl, stop au réacteur nucléaire EPR ». L’EPR ou réacteur européen à eau sous pression doit être implanté à Flamanville, près de Cherbourg et du Centre de retraitement de La Hague.
Sous une pluie battante, ils ont respecté quelques instants de silence en hommage aux victimes de la catastrophe de Tchernobyl, dont on commémorera le 20e anniversaire le 26 avril. Un des « liquidateurs » de la centrale ukrainienne a notamment pris la parole. Des militants, vêtus de combinaisons blanches et portant des masques, entouraient un missile en carton de plusieurs mètres. D’autres portaient dans leurs bras des poupées défigurées symbolisant des enfants malformés.

Corinne Lepage, présidente de Cap 21, des représentants de l’association écologiste Greenpeace France et Finlande, d’ATTAC ou encore de la LCR, du PS et des Verts, dont leur secrétaire national Yann Wehrling, ont tour à tour plaidé contre le réacteur EPR et, de façon plus large, contre la relance des programmes nucléaires en France et dans le monde.

Le premier réacteur EPR en France, le deuxième au monde après celui acquis par la Finlande, doit être installé à l’horizon 2012. Mais, pour ses opposants, rien n’est encore joué. « L’Assemblée nationale et le Sénat ont déjà validé le projet, mais une enquête publique doit encore avoir lieu, suivie d’un éventuel décret », a expliqué Didier Anger, coordinateur du collectif régional « L’EPR non merci ».

Une étude propose de créer 15 fois plus d’emplois et produire 2 fois plus d’énergie qu’avec l’EPR

Le réseau Sortir du Nucléaire, qui fédère 718 associations,a de son côté présenté une étude selon laquelle, avec les trois milliards d’euros nécessaires à la construction de l’EPR, il serait possible, grâce à des économies d’énergie et au développement d’autres sources d’énergie, de créer sur 15 ans quinze fois plus d’emplois et de produire deux fois plus d’énergie qu’avec l’EPR.

Le rassemblement anti-nucléaire international de Cherbourg s’est terminé dimanche de Pâques avec de nouveaux forums, concerts et représentations de théâtre.


Pour aider JOURNARLES à annoncer la projection du film ALERTE A BABYLONE à Marseille (Estaque 20h00 le 25 , Arles (Espace van Gogh 19h30 le 26) et Avignon (Utopia 20h00 le 27 avril) voir AgendArles et tractarlestchernobyl.

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