Cache-cash party !

KRACH, CRASH, LE CHAOS PREVISIBLE ?

Les prêts magiques qui grossissent tous seuls !

lundi 28 janvier 2008, par Forum Civique Européen

Nombreuses sont les voix qui depuis des années avertissent que la machine capitalistique de croissance exponentielle n’a pas d’avenir. Que la communauté financière ne pourra pas indéfiniment jouer au casino. Que le laissez faire, l’incompétence, l’autorégulation, l’incessante création de nouveaux jouets spéculatifs, la permanente sous évaluation du risque attireront des conséquences désastreuses pour l’environnement et pour l’ensemble de l’humanité.
Mais en écartant du débat public la mise en cause de la matrice suicidaire qui impose son règne à l’ensemble des sociétés, compréhensible d’ailleurs par tout un et chacun, on crée l’impuissance dans les têtes.

L’adhésion au système tire sa force irrésistible de ce qu’elle est de l’ordre du non dit, de l’impensé, de l’implicite.
Dans le monde contemporain, chez nous comme un peu partout, nous sommes passées sous la dépendance du capital économique dont les plus gros détenteurs (monopoles industriels, banques, multinationales, grands investisseurs) sont désormais en situation de faire la loi au reste du monde, directement ou par gouvernements interposés, parce qu’ils
possèdent ce qui est devenu, aux yeux de toutes les populations, une valeur fondamentale de l’existence humaine, une valeur qui mesure toutes les autres : l’argent (Alain Accardo).

N’oublions pas qu’au coeur de l’argent réside le mécanisme du crédit – c’est-à-dire une promesse de richesse pour l’avenir qui est renforcé d’une manière exponentielle par une règle qui s’appelle intérêt. Normalement ce serait le droit du peuple souverain d’imposer les règles à ce contrat d’échange qu’est la monnaie. Mais depuis le dix-septième siècle, après l’invention des banques centrales comme imprimeries d’unités de compte facilitant l’échange, inventés par les banquiers privés de l’époque, ces milieux ont affiné les règles qui dominent notre vie quotidienne pour atteindre les sommets actuels de régulation complexe et opaque à l’exemple du traité constitutionnel européen. Dans lequel bien évidemment l’ingérence démocratique dans la matrice est simplement interdit. Allez lire l’article 123 du traité de Lisbonne qu’on essaie de nous imposer.
Les règles qui sont de l’ordre du non-dit, de l’impensé et de l’implicite, tacitement acceptées par tous lors de la création monétaire, création de valeurs issus de rien – ex nihilio – sont et seront l’objet de nos préoccupations.

Lundi 21 janvier 2008 : Krach, crash, simple crise périodique inhérent au capitalisme ?

Mais qu’est ce qui se passe, au juste ? Au lieu de subir dans les mois et années à venir les effets réels de la crise financière qui seront long et pénible à digérer (Frédéric LORDON) ni accepter l’éternel retour de la crise financière et les déclarations vides et des propos sans suite, de la cécité volontaire et des analyses qui regardent ailleurs, éternel retour d’une séquence type dont on voit déjà se dérouler, impeccablement ordonnées toutes les étapes : 1) Exhortations solennelles « à la régulation » , 2) protestation du capital financier qui déclare absolument nuisible toute intervention législative, 3) proposition alternative par ses soins « d’une auto régulation », moyennant la création d’un groupe de travail rendant rapport et faisant du vent... Vous avez compris, nous vous proposons un texte qui va au-delà.
JournArles vous suggère la lecture de réflexions datant de 1999 intitulées « La crise mondiale d’aujourd’hui » publié entre autre dans le Figaro ( !?) d’un Monsieur, qui est difficilement classable, Maurice ALLAIS, né en 1911. Il dit de lui-même : Dans tous les domaines que j’ai travaillés au cours de ce dernier demi-siècle, qu’il s’agisse d’économique ou de physique, je n’ai cessé de me heurter aux « vérités établies », et aux dogmatismes des « establishments » de toutes sortes qui en assurent la domination.
Voici les extraits du texte de Maurice ALLAIS complété par une explication précieuse des « Prêts magiques qui grossissent tous seuls ! » autrement connu sous le terme SUBPRIMES par le mathématicien Hervé le Meur.

Les vérités établies [les dogmes] contre la raison

On ne peut décider valablement pour le futur que si l’on consent à dégager du passé les enseignements qu’il comporte. Les désordres monétaires et financiers que l’on a sans cesse constatés dans le passé ont été considérablement aggravés, sinon provoqués, par l’absence d’institutions monétaires et financières appropriées, permettant un fonctionnement à la fois efficace et équitable d’une économie de marchés.
En fait, des institutions qui génèrent en elles-mêmes les germes de leur propre destruction doivent être réformées.

  • Il est bien certain que les intérêts très puissants des groupes de pression monétaires et financiers et les doctrines régnantes ne sont guère favorables à ces réformes, tant est forte la tyrannie du statu quo.

Ces cinquante dernières années ont été dominées par toute une succession de doctrines dogmatiques, toujours soutenues avec la même assurance, mais tout à fait contradictoires les unes avec les autres, tout aussi irréalistes, et abandonnées les unes après les autres sous la pression des faits. À l’étude de l’Histoire, à l’analyse approfondie des erreurs passées, on n’a eu que trop tendance à substituer de simples affirmations, trop souvent appuyées sur de purs sophismes, sur des modèles mathématiques irréalistes, et sur des analyses superficielles des circonstances du moment.
En dernière analyse, tous les moyens mis en oeuvre, toutes les mesures prises n’ont toujours eu qu’un même objet : remettre à plus tard les ajustements nécessaires, grâce à l’octroi de nouveaux prêts et à la création ex nihilo de nouveaux moyens de paiement, se traduisant par de nouvelles augmentations du volume global des promesses de payer. Il ne s’agit là en réalité que d’expédients, éminemment déstabilisateurs par eux-mêmes, et qui ne font qu’augmenter l’instabilité potentielle générale du système, en la rendant toujours plus dangereuse.
En fait, la presque totalité des difficultés actuelles résulte d’une part d’une méconnaissance totale des conditions monétaires et financières d’un fonctionnement efficace et équitable d’une économie de marchés, et d’autre part d’une structure inappropriée des institutions bancaires et des marchés financiers.

  • Les quatre réformes que je propose, du système monétaire et financier, de l’indexation, des marchés boursiers, et du système monétaire international, sont indépendantes les unes des autres, et elles peuvent être appliquées séparément dans certains pays ou dans tous les pays. Chacune d’elles serait très bénéfique pour l’ensemble de l’économie. Mais, si elles étaient appliquées conjointement, leurs effets bénéfiques s’en trouveraient considérablement renforcés les uns par les autres.

Ces réformes ne sont pas de quelconques réformes s’ajoutant à des milliers d’autres, chacune s’efforçant simplement de réparer les dégâts résultant des précédentes, en en suscitant de nouveaux. Il s’agit de réformes fondamentales qui intéressent la vie de tous les jours de millions de citoyens. Ces réformes indispensables n’ont été réalisées, ni même envisagées, ni par les libéraux justement préoccupés de favoriser l’efficacité de l’économie, ni par les socialistes, justement attachés à l’équité de la distribution des revenus.

EXTRAIT DE LA BROCHURE en format PDF à télécharger sur ce site
Ce texte est disponible également dans le livre "Nouveaux combats pour l’Europe : 1995-2002", aux pages 227 à 258. Consultez directement les éditions Clément-Juglar, 62, avenue de Suffren, 75015 Paris. Tél. : 01 45 67 48 06.)

La crise mondiale d’aujourd’hui par MAURICE ALLAIS
Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires - document à télécharger, imprimer recto verso sur feuille A4 et plier pour lire tranquillement au coin du feu.

COMPRENDRE LES SUBPRIMES

Les prêts magiques qui grossissent tous seuls !
Vous pensiez avoir assisté au pire avec les faillites actuelles dans le secteur des prêts à risque aux USA ?... Le "meilleur" est en réalité à venir avec les prêts "neg-ams" et "interest only". Cette fois ce seront toutes les catégories d’emprunteurs qui seront concernés. Et l’impact sera encore bien plus fort.

Quelques explications :

Dans notre système bancaire "traditionnel", on rembourse un prêt de façon classique : à chaque mensualité, on paye une part d’intérêts et une part de capital, le capital restant du diminuant progressivement jusqu’au remboursement du prêt. Aux USA et dans certains autres pays, des prêts beaucoup plus "exotiques" ont été inventés, et sont de véritables bombes à retardement pour le système : les prêts « interest only » et les « neg-am ». Les prêts « interest-only » sont des prêts ou on ne paie que les intérêts (donc sans rembourser le capital) pendant une période de quelques années. Comme les miracles ont une fin, vient un moment (au bout de 5 ans en général) ou il faut aussi rembourser le capital. Quand ce moment arrive, l’annuité augmente brutalement et le pauvre emprunteur devra donc soit vendre sa maison, soit prendre un nouveau prêt (possible tant que l’immobilier monte), soit payer sa nouvelle annuité... Chose qu’il sera en général incapable de faire.
Mais il y a encore beaucoup mieux : Une partie des emprunteurs n’étant plus capables de rembourser les seuls intérêts de leur prêt, on a inventé à leur intention les "Neg-ams" (prêts à amortissement négatif). Dans ce type de prêt, l’emprunteur a la possibilité de ne même plus rembourser la totalité des intérêts, il a juste une « mensualité minimum » à payer, d’un montant très faible. Exemples :
- 321 $/mois pour obtenir 100’000$ chez Aimloan
- 529 $/mois pour obtenir 200’000 $ chez 24/7…
non vous ne rêvez pas !)

Comme il n’y a toujours pas de miracle, la part des intérêts non remboursés vient alors grossir le capital du et le prêt grossit « tout seul » au lieu d’être remboursé.
Tant que le montant du prêt à rembourser n’a pas augmenté au delà d’une limite fixée (en général 110 ou 115% du prêt initial) tout va bien et l’emprunteur coule des jours heureux et insouciants dans sa splendide maison.

Mais dès que cette limite est dépassée (en moyenne au bout de 3 ans), la bombe à retardement se déclenche : le doux prêt "Neg-Am" est automatiquement transformé en prêt classique à taux variable. Il faut rembourser les intérêts et le capital... Le pauvre emprunteur voit alors en l’espace d’un mois seulement sa mensualité multipliée d’un coup par 2 ou 3, n’a pas remboursé un centime sur son capital et doit même 10% de plus qu’au début du prêt. A noter que le moment de cette "transformation" est totalement impossible à prévoir pour un particulier non expert, dépendant des marchés de taux d’intérêt et de calculs particulièrement complexes pour ceux qui en ont le courage, explications en anglais de "tanta" ici, (prévoir beaucoup d’aspirine avant lecture !). En tout cas l’emprunteur lambda n’a aucune chance de comprendre ce mécanisme

Voici à titre d’exemple un tableau issu des simulations de la société « Aimloan.com »

Mois Mensualité minimum Capital restant du
1 321,64 100’000
13 345,76 102’725
25 371,69 106’501
35 371,69 110’343
36 889,70 110’259

Les mensualités augmentent d’abord au rythme de 7,5% par an…déjà pas mal mais ce n’est rien à coté de ce qui arrive au mois 36 : la mensualité passe de 371 à 889 $ d’un seul coup (et continue d’augmenter ensuite)…

Le plus grave de l’histoire est à venir :

Les prêts "neg-am" sont en effet autorisés par la banque sur la base des capacités de l’emprunteur à rembourser seulement la mensualité minimum de départ (321$ dans notre exemple). L’immense majorité de ces emprunteurs seront donc incapables de rembourser lors de la "transformation du prêt" : Connaissez vous beaucoup de ménages capables de résister à une multiplication par 2,4 de leur mensualité en un mois ? Pas moi !
En situation de hausse de l’immobilier, tout se passe quand même bien : l’emprunteur garde son prêt uniquement pendant la période « remboursement minimum », revend sa maison au bout de 3 ans juste avant la « hausse brutale » (ou reprend un nouveau prêt si il pense que ça va encore monter), la plus value lui permet de rembourser son prêt et il pourra même en conserver une partie. Il aura en prime profité de sa belle maison 3 ans en payant des mensualités très faibles, ou l’aura même loué plus cher que ses mensualités, retirant ainsi un bénéfice sans débourser un sou. Un vrai conte de fées qui a séduit de très nombreux emprunteurs depuis 2004. En situation de baisse (c’est le cas depuis juillet 2006 aux USA), le miracle tourne par contre au cauchemar.

En prenant un rythme de baisse à 8% par an (on en est déjà à –8% entre juillet 2006 et février 2007 aux USA, donc ce rythme a toutes les chances d’être dépassé), la maison de 100’000$ ne vaudra plus que 77’868$ à la revente au bout de 3 ans. Le prêt à rembourser lui par contre aura augmenté à 110000$ pendant le même temps. Résultat : l’emprunteur se retrouve en faillite, sans logement, et avec une ardoise de 32’132$ (en supposant qu’il ait réussi à revendre sa maison). Et la banque se retrouve avec un client incapable de rembourser. Cet exemple utilisait un petit prêt de 100 000 $. Dans la réalité, le montant des prêts immobiliers aux ménages est bien plus élevé et dépasse souvent 200’000 ou 300’000$.

Hervé Le Meur ; Source.


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Et bien sûr, celui qui avait anticipé un peu de tout ça, Denis Robert qui continue de tout vous expliquer sur son blog

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