Parmi ses trouvailles : un document consignant les aveux écrits du FMI début 2010 quant à une future aggravation de l’endettement. On soulignera aussi les confidences de l’ancien conseiller de Juan Manuel Barroso, Philippe Legrain (2011-2014), qui a expliqué aux commissaires comment le patron du FMI d’alors, Dominique Strauss-Kahn, a autorisé des prêts à un État surendetté, en contradiction avec les statuts de l’organisation qui exigeaient une restructuration préalable de la dette grecque. Un abandon de créances auquel s’est aussi opposé un second Français, Jean-Claude Trichet, alors patron de l’autre grand créancier, la Banque centrale européenne, selon le témoignage de l’ex-représentant grec au FMI, Panayotis Roumeliotis…
L’enjeu était de taille, car en cas de défaut total ou partiel d’Athènes des banques françaises et allemandes risquaient un monumental bouillon, alors qu’elles digéraient avec peine et beaucoup d’argent public la crise planétaire de 2008-2009. Alléchés par des taux d’intérêts très intéressants, ces établissements s’étaient imprudemment engagés en Grèce à hauteur de 38 milliards d’euros ! En prêtant massivement à la Grèce à condition qu’Athènes n’utilise cet argent que pour rembourser la dette publique, l’ex-troïka (UE, BCE, FMI) faisait coup triple : elle se substituait à ses banques, garantissait le remboursement et imposait un virage néolibéral.
Sans doute, cet agenda caché explique-t-il en partie l’inflexibilité des actuels dirigeants européens et du FMI, leur refus d’accéder à une restructuration de la dette. Reconnaitre leurs erreurs reviendrait à admettre leurs motifs peu glorieux et à assumer publiquement que les contribuables européens vont encore casquer pour des banques privées. Pompiers pyromanes, il leur faut donc occulter ces turpitudes et faire porter le chapeau de la crise à ce nouveau gouvernement irresponsable au point de refuser les injonctions des maîtres de l’Europe et de la finance. Pour les aider, ils pourront compter sur des médias internationaux tellement alignés qu’il ne se trouvait hier pas une agence de presse, pas un média web dominant pour relater la séance historique du parlement grec.
Article de Benito PEREZ Le Courrier de Genève
Le blog de Yanis VAROUFAKIS
LE CADTM
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Le Collectif pour un audit citoyen de la dette publique et le « Collectif avec les Grecs » ont décidé d’interpeler les élu-e-s au moyen d’un courrier qu’ils ont convenu de diffuser le plus largement possible sur le territoire national par l’intermédiaire de leurs réseaux militants. Ce courrier permet à chaque citoyenne et à chaque citoyen de s’adresser à ses élu-e-s locaux, départementaux, régionaux et nationaux pour leur demander de faire pression sur François Hollande et son gouvernement, jusqu’à ce jour complices de l’ignoble plan d’asphyxie imposé à la Grèce et à son peuple par la Troïka (le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne) avec l’approbation des gouvernements européens.
Madame la Sénatrice, Monsieur le Sénateur,
Madame la Députée, Monsieur le Député,
Madame la Maire, Monsieur le Maire,
Madame la Présidente, Monsieur le Président,
Madame la Conseillère, Monsieur le Conseiller,Le 25 janvier dernier, le peuple grec a désigné sa nouvelle représentation politique en lui confiant un mandat clair : mettre un terme aux politiques d’austérité qui ces dernières années ont plongé le pays dans la récession et précipité une grande partie de la population dans la précarité et souvent la misère. Au sens propre, l’austérité tue.
Les chiffres témoignent froidement de cette sombre réalité ainsi que de l’inefficacité et du caractère nuisible des mesures imposées à la Grèce : la dette publique qui représentait 113 % du PIB en 2008 a bondi à 180 % aujourd’hui, le taux de chômage est passé de 9 % en 2009 à 26 % en 2014 (60 % pour les jeunes, 72 % chez les jeunes femmes), le produit intérieur brut a chuté de 25 % et les salaires de 45 %, 2,5 millions de personnes sur une population de 11 millions sont sans couverture sociale. Et que dire des souffrances individuelles endurées par des visages, des corps, des noms, celles et ceux à qui les politiques d’austérité dénient le nom d’êtres humains, ces enfants, ces personnes âgées, ces femmes et ces hommes qui ne mangent plus à leur faim, ne peuvent plus se soigner, sont mal logés, ont les plus grandes difficultés pour vivre au quotidien.
C’est précisément pour que chacun puisse retrouver une vie digne, pour que les droits humains fondamentaux soient enfin respectés, pour que le pays renoue avec des principes et une politique dignes d’une démocratie que le nouveau gouvernement grec a décidé de mettre en œuvre un plan d’urgence humanitaire pour venir en aide aux plus faibles. Ce plan d’urgence nécessite que la Grèce retrouve l’accès aux financements. Mais les institutions européennes et le FMI lui refusent au motif précisément que le pays ne serait pas allé assez loin dans les réformes qui provoquent la précarisation et la paupérisation de sa population. Cette obstination et ce mépris ont suscité l’indignation bien au-delà de la Grèce, comme en témoignent les appels signés par des milliers de personnes partout dans le monde (http://cadtm.org/Appel-pour-soutenir-la-Grece-qui ethttp://www.audit-citoyen.org/?p=6412).
Cette situation est d’autant plus scandaleuse que tout dernièrement la BCE a décidé de mettre une enveloppe de 1 140 milliards d’euros, sans condition et à un taux très faible, à disposition des banques, celles-là même qui sont à l’origine de la crise que nous connaissons aujourd’hui. La grande majorité du peuple grec n’est pour rien dans la situation du pays. La Commission pour la Vérité sur la Dette grecque, lancée par Zoé Konstantopoulou la Présidente du Parlement hellénique, en apporte la confirmation par la publication prochaine de son rapport préliminaire, rédigé par un collège d’une trentaine d’experts grecs et internationaux, et qui démontre qu’une grande partie de la dette publique grecque est illégale, illégitime, odieuse ou insoutenable.
Aujourd’hui, l’urgence est à la solidarité avec le peuple grec dont le vote doit être respecté. Voilà pourquoi notre collectif citoyen vous sollicite pour qu’au plus vite vous vous adressiez directement à François Hollande et à son gouvernement afin qu’ils apportent leur soutien aux légitimes demandes du gouvernement grec.
Nous vous remercions de nous faire connaître les initiatives que vous prendrez afin que nous puissions en informer les habitantes et les habitants de (à compléter).
Dans cette attente, veuillez agréer, Madame/Monsieur… nos salutations distinguées.
*Collectif pour un audit citoyen de la dette publique & Collectif Avec les Grecs*