journArles publie

La face cachée de la monnaie

Une brochure étonnante au prix modeste d’1 €

lundi 22 septembre 2008, par Forum Civique Européen

La monnaie est au coeur de nos vies un bien étrange objet. Elle ne se mange pas et pourtant des gens meurent de faim de ne pas en avoir quand autour d‘eux la nourriture est à foison.
Par un recueil de petits textes, contes simples et didactiques, la rédaction de JournArles veut donner quelques éléments pour mieux comprendre comment la monnaie est créée, circule et s‘entasse chez les uns et manque si cruellement à d‘autres.

Est-ce que ce recueil deviendra le livre chevet de tout ceux qui souhaitent se réapproprier la mesure de ce qu‘ils échangent ? C’est en tous les cas le souhait exprimé par les rédacteurs dans l’introduction de cette mini-brochure de 36 pages. Est ce qu’un texte peut devenir un outil d‘émancipation face à l’omnipotence des banquiers de ce monde ? Se transformer en appel à changer les termes de la relation entre l‘homme et les soi-disant réalités économiques et provoquer des changements ?

Ce petit recueil est annoncé comme le premier tome d’une série de réflexions que la rédaction de journArles veut proposer dans les mois à venir. C’est également une invitation pour deux conférences débats qui auront lieu le mardi 23 septembre et le mardi 18 novembrer à la Maison de la Vie associative en Arles en présence de l’économiste Jérome Blanc, spécialiste des questions de la monnaie et Céline Whitacker du réseau SOL.

Démystifier l’argent ?

Depuis le XVIIème siècle, après l’invention des banques centrales
par les banquiers privés, ceux-ci ont affiné les règles qui
dominent notre vie quotidienne.
Bernard Lietaer - co-fondateur de l’écu et ancien banquier - affirme à ce sujet : « La monnaie peut être des coquillages, des pierres, des pièces de métal ou du papier cacheté. Comme le sexe et la mort, la monnaie est devenue un tabou. Pourtant elle doit être démystifiée pour que nous puissions agir et récupérer notre droit à la changer, pour qu’elle développe le type de société que nous souhaitons. L’argent est un « accord d’utiliser quelque chose en tant que moyen d’échange », et n’est donc pas neutre en termes de valeurs ».

Extraits

Comment rembourser vos dettes avec… rien ?

Nous sommes à Condé-sur-Gartempe. Une jeune femme, d’apparence convenable, bien qu’un peu trop fardée y débarque un vendredi matin.
Elle réserve une chambre pour la nuit à l‘Hôtel de la Gare et, comme elle n’a pas de bagage, elle laisse en acompte un billet de 100 €, tout neuf. Puis elle s’en va visiter la vieille ville.

Le pâtissier qui a vu la scène dit au patron de l‘hôtel : « Cela fait six semaines que vous me devez 100 € pour la pièce montée que j’ai livrée à l’occasion de la communion de votre fille. » Le patron lui donne le billet
de bonne grâce. Comme cette scène a été vue par d’autres, elle se reproduit cinq autres fois, car le pâtissier devait aussi 100 € au minotier... qui en devait autant au garagiste... lui même débiteur de cette somme au boucher... qui avait à régler 100 € au représentant de la
maison Erlida... lequel devait à son tour acquitter sa chambre à l’Hôtel de la Gare pour 100€.

Il redonne donc le billet au patron de l’hôtel. Ce vendredi soir, en entrant
de promenade, la jeune femme annonce, qu’ayant fait une rencontre, elle annule sa réservation. L’hôtelier lui rend donc son billet. Elle le regarde de près. Elle le tient vers la lumière. « C’est effectivement mon billet ». Elle sort son briquet et le brûle. « C‘était un faux billet », dit-elle en souriant, se tourne et s‘en va.

Pourquoi un faux billet a-t-il été capable de catalyser autant d’échanges ?

Parce qu’un billet est de la monnaie fiduciaire (du latin fiducia : confiance). C’est exclusivement une « valeur de confiance » entre les membres d’une communauté. Dans un autre pays, il n’aurait pas été accepté. Un faux billet perd sa « valeur » seulement au moment où il se révèle faux et n’est plus accepté par celui qui le reçoit. C’est celui qui le détient en dernier qui assume la perte. Dans cette histoire il n’y a pas eu de perte sauf pour la Dame de Condé qui savait de toute façon que son billet était faux.

Cependant, il semble bien que la circulation de ce faux billet ait comblé une carence de pouvoir d’achat à Condésur-Gartempe. En effet, en réservant sa chambre, la jeune femme a augmenté de 100 € la masse monétaire du village, ce qui a permis à six personne d’éteindre réciproquement leur dette pour un montant total de 600 €. La « qualité » de la monnaie utilisée, bonne ou mauvaise,fut indifférente...

La suite peut se lire sur internet dans la version écran en annexe ou bien se feuilleter tranquillement en commandant auprès de la rédaction de JournArles la face cachée de la monnaie. Elle se trouve dans les librairies en Arles, des bars et épiceries ou au marché paysans les samedis matin.

A l’occasion de la sortie de ce recueil, journArles vous invite à une soirée de débat le mardi 23 septembre 2008 à partir de 19h30 à la Maison de la vie associative en Arles en présence de Jérôme Blanc, Dr en sciences économiques, spécialité monnaie finance banque.
Nous vous y attendons nombreux !

La face cachée de la monnaie
Brochure à télécharger et regarder ensuite sur l’écran ou à regarder immédiatement sur écran en restant connecté sur le site

L’émission de radio qui accompagne cette brochure a pour titre :

Agriculture et pognon - le crédit et son intérêt

Elle peut être écoutée ou téléchargée par ce lien.

7 Messages

  • La face cachée de la monnaie 28 septembre 2008 12:16, par lemême

    brochure excellente

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    • (De) l’économie plurielle 16 novembre 2008 07:04, par Michel-Jean LAVEAUD

      Bonjour.

      En ce Mois de l’Economie Sociale et Solidaire étendu pour la première fois à 20 Régions de France, cette contribution " face cachée" de la monnaie est fort utile. Merci.
      Cependant elle ne peut complétement masquer la difficulté ( l’impossibilité ?) qu’aurait la société civile à rendre plus lisible et déterminante la part de l’économie non-marchande dans les dynamiques territoriales, locales et mondiales.
      La société civile s’entendant dans sa définition fort bien illustrée dans l’ouvrage " La société civile le troisième pouvoir" de Nicanor Perlas aux Edition Yves Michel.
      L’économie plurielle étant mise en culture dans les territoires :
      " La mise en culture des territoires " Presses Universitaires de Nancy. juillet 2008.
      " Economie plurielle " suite d’un Colloque en 2004 " François Perroux et la gouvernance des Nations " Univ. Montesquieu Bordeaux IV - IFREGE suivie d’une intervention de votre serviteur dans le Master 2 " sociologie appliquée au développement local " ( formation continue faculté d’anthropologie de sociologie - Université Lyon 2) .
      Une suite interuniversitaire un peu décalée au Forum Agri-culture et au Colloque " Dans quel monde vivons-nous ?" au Cinéma Utopia et Théâtre des Doms avec l’intermède " Chickenflu " Place des Carmes. Clin d’oeil à l’université Populaire d’Avignon qui a mis au menu de cette nouvelle année "L’Utopie"...
      Outre la monnaie, les échanges, dont la construction et la construction des savoirs, constituent des richesses qui façonnent un autre monde possible. Nous l’avons déjà rencontré. L’avenir de cette négation est notre présent, l’avoir ne fait que peut (d’)être, c’est certain.

      D’un voisin - chercheur- praticien en sciences sociales et sciences de l’éducation au sein de Territoire Rhône - salut drômois aux arlésiens, même les suisses se mettent à l’eau de l’économie sociale et solidaire qui n’est pas seulement une chimère de plus. Question de lunettes ou de point de vue.
      Si tous les économistes non-orthodoxes voulaient se donner la main ou le pied ou prêter une oreille ( en douceur attentive, pas nécessairement comme Vincent..).
      voir le site www.ressources-solidaires.org et le Blog Les Ateliers d’Algebrista sur ce site basé à Nantes.

      N’oublions pas les enfants et les jeunes qui seraient privés du don et du contre-don au motif qu’il se confondrait avec l’humanisme charitable et compassionnel, une réduction regrettable et dommageable pour les solidarités.
      La Convention Internationale des Droits de l’Enfant aura 19 ans le 20 novembre prochain, et 20 ans dans une année. ( www.dei-france.org).

      A bientôt pour de prochaines aventures dans les prairies ordinaires.
      Solidairement.

      Voir en ligne : Sociologie Appliquée au Développement Local

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  • La face cachée de la monnaie 29 septembre 2008 21:49

    Je conseille également à tous ce documentaire en ligne

    Il répond à ces questions : d’où vient l’argent ? Qui créé l’argent ? C’est quoi au fond une banque ? C’est quoi une crise ? Qu’est-ce qui est possible à la place ?

    http://www.dailymotion.com/maracouja972/video/9598359
    http://www.dailymotion.com/maracouja972/video/9598446
    http://www.dailymotion.com/maracouja972/video/9598547
    — 

    Sabine Rabourdin

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  • La face cachée de la monnaie 10 décembre 2008 22:58, par Roland

    C’est excellent !
    Il se trouve que nous (CNT09) organisons vendredi 12 décembre à Foix à 20 H (à la maison des associations) une soirée conférence débat intitulé "L’Argent - histoire d’une supercherie".

    Cette brochure vient à point pour alimenter les discussions. Je la trouve trés bien faite et les histoires choisies sont, je trouve, plus pédagogique que bien des explications mathématiques.

    Je conseille aussi le film l’Argent-Dette de Paul Grignon que nous projeterons pour introduire la soirée.
    ci’dessous le lien pour visionner ce film
    http://www.vimeo.com/1711304?pg=embed&sec=1711304
    Ca dure 50 minutes et c’est fait aussi dans une démarche trés pédagogique (au bon sens du terme)

    ceci étant dit, encore Merci pour ce travail remarquable que nous ne manqueront pas de commander et diffuser.

    Voir en ligne : L’argent - dette de Paul Grignon

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  • La face cachée de la monnaie 10 décembre 2008 23:41, par François Thonier

    L’histoire du billet de 100 euros montre que la vraie monnaie , celle qui permet les échanges et le partage des richesses réelles, c’est la confiance. L’argent(le faux argent créé par les groupes financier "de nihilo" (à partir de rien) nous est imposé comme monnaie par les autorités politiques et financières. Au niveau global créé par escroque rie sous forme de dette avec un intérêt injuste, il a pour rôle de déposséder les citoyens de la maîtrise de leur activité économique, de prélever sans cesse une partie de la richesse au profit des capitalistes et de pervertir de plus en plus l’économie qui devient sans cesse plus destructrice. L’histoire de la monnaie moderne est l’histoire d’une monnaie de plus en plus dénaturée : c’est l’histoire de la confiance trompée. Pour en savoir plus il suffit de lire " Pourquoi nous manquons de crédits" de Jacques Duboin qui fut banquier, puis député radical de Haute-Savoie et secrétaire d’état aux finances avant de faire l’analyse la plus pertinente de la crise des années trente.

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  • La face cachée de la monnaie 13 juin 2009 13:56, par Niamor

    J’adore ce petit bouquin. J’ai appris beaucoup avec. Et, histoire de faire de la pub un peu, j’ai illustré l’histoire de la dame et du faux billet sur mon site internet. Ça vaut ce que ça vaut...

    Mais sur la couverture, il y a marqué "N°1". Quand donc sortiront les autres numéros ?

    Bonne continuation...

    Voir en ligne : =[ N I A M O R A M A ]=

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