Il a vécu et parfois survécut avec dans le massif de Madre avec ses vaches, ses veaux, ses chevaux (appaloosa), la terre, les randonnés…… pour vivre la nature avec Françoise, sylvain, Bertrand et Mélanie.
La culture bio, l’homéopathie, était une approche naturelle de sa vie. Avec Françoise ils ont produit de la viande bio bien avant les labels. Certains d’entre-nous avons eu la chance de commander les colis de veaux-broutard.
Jean-Luc était fort et fragile à la fois. Forts de vivre dans des conditions rudes, fort d’essayer de vivre en accord avec ses convictions, il aimait la vie et essayait de la vivre.
Ces derniers mois, il a refusé de céder aux pressions de l’administration qui lui demandait au mépris de toutes ses valeurs de vacciner ses bêtes contre la fièvre catarrhale. La gendarmerie laquais du capital l’a convoqué pour lui donner l’ordre de vacciner ses bêtes et le menacer s’il n’obtempérait pas de lui infliger une amande par tête de bétail et l’interdiction d’envoyer ses bêtes en estive sur le massif de Madre qui se trouve en face de sa fenêtre.
Trop dur ! Cela faisait des mois qu’il luttait contre cette obligation à vacciner. Cette injonction infernale contre ses convictions à eu raison de lui, Il n’a pas supporté. Jean Luc s’est tiré une balle dans la tête ce vendredi 26 Mars au matin.
Le business s’empare de tout, des valeurs humaines, de la sauvegarde de la planète, développement durable, de l’école …. Quel cynisme !!!
Jean Luc faisait parti de ces hommes qui refusent le compromis.
Jean Luc : La vie, l’administration t’a broyé !
Jean Luc, je respecte ton dernier acte dévastateur mais je ne suis pas d’accord.
Tu nous laisse bien seul.
Même si ton acte nous déstabilise, il faut continuer à ramer même lorsque le bateau recule face à une vague trop forte. Dimanche dernier, Françoise m’a dit que tu déprimais face aux coups que tu recevais, je lui ai répondu que je ne savais pas quoi dire, que faire. J’étais démuni. Cette semaine je me suis réveillé en pensant à toi, je me suis dit, il faut que j’appelle, je voulais te dire de continuer à ramer mais en baissant le rythme, afin de t’épargner une peu. Je voulais te dire de laisser le bateau reculer et d’attendre que ta tempête se calme. Je ne l’ai pas fait, les occupations de la vie, mon embarqué et aujourd’hui je me dits que j’ai eu tord de me laisser envahir, prendre le temps et délaisser les amis, les amours.
Jean Luc tu restes dans ma mémoire,
« Tu aurais pu vivre encore un peu pour notre bonheur pour notre lumière avec ton sourire, ton esprit ouvert ton air généreux.
Tu aurais pu vivre encore un peu mon fidèle ami, mon copain, mon frère au lieu de partir tout seul en croisière et de nous laisser comme des chiens galeux. »
TU AURAIS PU VIVRE ENCORE UN PEU !
Depuis une semaine l’un d’entre nous manque ! Je crois que je ne suis pas le seul à me demander que faire, et à rester stupide, hébété.
Cet évènement très triste doit nous faire réfléchir à l’ensemble de notre action. La première chose qui me vient à l’esprit est que nous devons faire très attention entre nous, resserrer les contacts, les liens entre nous tous, parler ensemble des difficultés qui se présentent. Savoir aussi se concerter sur nos situations, il faut rester tout à fait proches dans la bataille, quelle que soient les situations individuelles que parfois l’un ou l’autre avons à gérer, certains que nous trouverons moyen de faire autrement et mieux plus tard, le cas échéant. En cas, si on ne peut pas faire autrement, il y a moyen d’aider les animaux contre les réactions secondaires aux vaccins, en homéopathie ou isothérapie.
Au delà, je pense qu’on devrait, pour commencer, vigoureusement et rapidement interpeller nos élus et les GDS (Groupements départemental sanitaire), afin qu’ils exigent la fin des poursuites et des tracasseries en tous genres, au plus tôt ; lesquelles s’ajoutent déjà à une pression générale sur les paysans de tous côtés. Ceci, dans l’esprit que les éleveurs qui refusent l’obligation sont des gens, parmi d’autres, qui ne le font pas par plaisir de tenir tête à l’administration, mais plutôt, qui prennent très au sérieux leur métier et leurs responsabilités, parfois dramatiquement. Cette profession, on le sait, est déjà celle qui connait, hélas, le plus grand taux de décès intolérables et silencieux, de cet ordre. A suivre aussi, bien sûr, les initiatives éventuelles que proposeront les copains de l’Aude.
Antoine PACA
Communiqué de presse de la Confédération Paysanne - 31 mars 2010
Le ministère de l’agriculture continue sa répression contre les éleveurs qui refusent la vaccination obligatoire de leurs animaux.
L’une des conséquences dramatiques est le suicide de Jean-Luc Tournaire, éleveur dans l’Aude, poursuivi comme un criminel et menacé de ne pas conduire son cheptel en estive, parce qu’il n’avait pas pratiqué la vaccination FCO.
Aujourd’hui, la démonstration est faite que la vaccination n’est pas une solution contre la FCO.
L’énorme gaspillage de deniers publics pour contraindre les paysans à des pratiques inappropriées au problème est un scandale tant sanitaire que financier.
La Confédération paysanne et la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) exigent que le Ministère de l’agriculture et de la Pêche cesse immédiatement les poursuites qui ne font qu’ajouter la douleur et de l’injustice à la difficulté que traversent les paysans aujourd’hui.