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Efrem, juste 20 ans et quatre années de fuite sans répit

Le jeune homme a fui l’Erythrée, mais s’il est accueilli par son frère à Arles, il risque l’expulsion

jeudi 18 novembre 2010, par Forum Civique Européen

Efrem est un jeune homme de 20 ans qui a fui son pays, l’Erythrée, pour échapper à un régime dictatorial. Arrivé en Europe par l’Italie, épuisé après un périple d’un an, sans ressources, maltraité par la police italienne, avec obligation de quitter le territoire sous 5 jours, il parvient en Angleterre où il pensait pouvoir s’intégrer grâce à sa maîtrise de la langue. En fait il restera plusieurs mois en détention, puis sera expulsé par 2 fois vers l’Italie. Le 2 août 2010 ce pays lui délivre une obligation de quitter le territoire dans les 5 jours ! ! ! Efrem se réfugie alors à Arles, au sein de sa famille franco-érythréenne où il commence à s’intégrer et prend des cours de français. Le 20 septembre 2010, il fait une demande d’asile en France mais l’examen de sa demande est refusé et son expulsion vers l’Italie notifiée pour le 8 novembre. Il faut agir vite, avant le 23 novembre 2010. Voir à la fin de l’article de Silvie Aries (La Provence Arles).

Efrem Debesai qui a trouvé refuge chez son frère à Arles est sous la menace d’une expulsion dans son pays d’origine l’Erythrée.

Quand il était gamin, Efrem voulait être mécanicien. Ou joueur de foot ball pourquoi pas. Sauf que s’il n’a que vingt ans, Efrem n’a depuis quatre ans, plus rien d’un gamin. Avec son visage aux traits fins, ses yeux en amande et son maintien réservé, il est sur les routes du monde depuis 2007, traversant la Manche sous un camion, emprisonné dans un centre de détention plusieurs mois en Angleterre, jeté dehors d’Italie...

Son tort ? Avoir fui l’Erythrée, l’un des pays les plus pauvres du monde. Tout simplement "pour ne pas être enrôlé de force dans l’armée" de son pays. Laquelle ne rend jamais les soldats, signale un rapport de la Ligue Internationale des droits de l’Homme. Et fait payer le prix fort aux récalcitrants : "il y a des femmes, des gamins de 14 ans. Je ne voulais pas mourir comme ça" dit Efrem, depuis l’appartement de son frère Daniel à Arles. Et provisoirement en paix pour quelques jours encore : menacé une fois encore d’expulsion, il saura le 23 novembre si la France lui donne une chance.

Alors Efrem est parti de son pays, comme des milliers d’autres. Avec une poignée de copains, il va au Soudan, en guerre larvée avec l’Erythrée. Il en quittera un camp de réfugiés pour aller vers la Libye. "J’ai traversé le Sahara, avec une soixantaine de personnes, ça a duré trois semaines" dit-il posément. Comme d’autres conteraient un trekking. Ceci explique cela : le cauchemar du môme ne faisait que commencer. Il vit de l’entraide d’autres Erytrhéens, mais part pour l’Europe : destination Syracuse où il "est attrapé par la police, tabassé. On m’a pris mes chaussures et on m’a dit de quitter le territoire en cinq jours".

Grâce au ciel, Efrem a son frère et sa belle-soeur, à Arles. Pas très riches, mais ils envoient de l’argent. Le gamin reste à Arles quelque temps, "mais je parlais mal français. Je suis parti vers l’Angleterre" dit-il dans un anglais presque parfait. Il part, planqué dans un camion, est arrêté en Angleterre et renvoyé en Italie, premier pays européen où il a posé le pied. Il repartira, se retrouvera avec 400 autres migrants, huit mois dans un centre de détention, pour être encore, renvoyé en Italie où, systématiquement, il n’a que 5 jours pour partir.

Et en France ?

Cette fois, il revient en France dans sa famille. Sa demande d’asile est rejetée, et le 8 novembre dernier, avec sa valise, il se rend donc à la Préfecture. Sans savoir où il va aller. Mais cette fois, la Ligue des Droits de l’Homme, Réseau Éducation sans Frontière (RESF), et des militants ont remué ciel et terre : un peu étonné, Efrem peut rentrer à Arles, avec un sursis de quinze jours : mardi prochain, après réexamen de son dossier, il sera fixé. Trilingue, comme beaucoup d’Eythréens, Efrem apprend le français. Et s’accroche à un rêve : "vivre. Je voudrais m’assumer, travailler. Je voudraisavoir un endroit où construire ma vie. Des droits et des devoirs vis-à-vis d’un pays. Si je rentre là-bas, c’est la mort. Je voudrais juste être quelque part".

S’il devient français, Efrem aimerait s’inscrire dans un club de foot. Et faire de la course à pied. Courir sans être forcé pour fuir une dictature. Vivre comme un gosse de vingt ans. Même si ses yeux de gazelle disent déjà, qu’il est beaucoup plus vieux.
Silvie ARIES

NdlR : Bravo excellent article de Silvie Aries.

Vous pouvez apporter votre soutien de différentes façons :

- écrire des lettres au Sous-Préfet d’Arles ou au Préfet (cf modèle, modifiable, en pj à adapter en fonction du destinataire

Sous-Préfet : pierre.castoldi@bouches-du-rhone.pref.gouv.fr ,

Préfet : cabinet@bouches-du-rhone.pref.gouv.fr )

- faire partie du comité de soutien (voir modalités ci-dessous)

- faire signer la pétition par un maximum de personnes (à remettre à Fred, ou à un membre FSU ...) avant le 23 !

La première mobilisation a déjà permis un réexamen de son dossier alors à vos claviers !

Pour faire partie du comité de soutien :

Envoyer à Patrick Rosen : pat.rosen@wanadoo.fr ou

Marie France Giroud : mfgiroud@netcourrier.com

Nom, prénom et éventuellement appartenance d’organisation, profession ou autre ...

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