Ma Santé oui - MONSANTO NON

Arles hors OGM

Après la manif du 8 avril, journée mondiale contre les OGM

dimanche 16 avril 2006, par Forum Civique Européen

Décidément, les opposants à la dissémination de semences transgéniques ne s’éssoufflent pas. Avec raison. En 2001, l’Union Européenne a retenu une enquête qui démontrait l’impossibilité de la coexistence entre les cultures OGM et l’agriculture biologique. Le confinement des pollens est par la nature de la nature chose impossible. Grace a Greenpeace, l’opinion publique a pu prendre connaissance de cette enquête. Depuis lors il y en a eu d’autres.
Malgré cela, les responsables de la politique agricole européenne, au service des cinq multinationales du transgénique : Syngenta, Aventis, Monsanto, DowJones et DuPont donnaient un titre menteur à leur conférence à Vienne quelques jours avants les manifestations du 8 avril : LIBERTE DE CHOIX. Journarles vous présente un extrait du film de la manifestation du 8 avril en Arles, le dépliant instructif distribué à cette occasion par la Confédération paysanne 13 - à reproduire et diffuser sans modération et un entretien avec Christophe Noisette, animateur
d’Inf’OGM men par Bio de Provence (BdP).

OGM : une prise de risque inutile

A l’heure où les procès des faucheurs d’OGM se multiplient, la question des OGM suscite le débat. Pour y voir plus clair, nous avons posé quelques questions à Christophe Noisette, animateur d’Inf’OGM, association qui a pour objectif de fournir une information précise, vérifiée, concise et en français sur les OGM. Bio de Provence : Depuis des siècles, les paysans sélectionnent les variétés dont ils apprécient les qualités. En quoi l’introduction des OGM en agriculture marque-t-elle une rupture ?

Christophe Noisette : Dans la sélection classique, les génômes des deux entités sont fusionnés sans intervention de l’Homme sur ce génôme. Pour fabriquer des OGM, l’Homme insére un transgène dans l’organisme à modifier, c’est à dire une construction génétique artificielle qui comprend :
- un promoteur : d’origine virale, il permet d’initier l’expression du gène
- le gène d’intérêt : il confère à l’organisme transgénique la propriété d’intérêt
- un gène de résistance à un antibiotique : il permet de sélectionner les organismes qui ont la propriété souhaitée
- le terminateur : d’origine bactérienne, il permet de terminer l’expression du gène.
Un OGM ne peut donc pas être créé naturellement, car on force l’expression de gènes étrangers dans ses cellules.
De plus, on ne peut pas transgresser les barrières naturelles dans la sélection classique : on peut croiser des mammifères ensemble, mais on ne peut pas croiser une tomate et un scorpion. Avec la transgénèse, on peut insérer un gène de scorpion dans la tomate. On s’affranchit donc des barrières d’espèces.
Aujourd’hui, 99% des OGM produits correspondent à deux grands types de modifications :
- la tolérance à un herbicide (par exemple, le Colza résistant à l’herbicide Roundup Ready de MONSANTO)
- la production d’insecticide Bt (initiales de la bactérie du sol Bacillus thuringiensis, qui produit plusieurs toxines insecticides)
Les 1% restant sont surtout des plantes résistantes à des virus.

BdP : Que pensez-vous des OGM à vocation thérapeutique cultivés en plein champ ?

CN : Pourquoi cultiver des OGM thérapeutiques en plein champ, alors qu’on peut le faire en milieu confiné ? Les cultures de tissus, cellules, bactéries permettent de produire des molécules
thérapeutiques en milieu confiné : c’est déjà le cas de l’insuline et de nombreux vaccins. Les risques de dissémination sont infiniment plus faibles que pour une culture en plein champ. L’existence d’une double filière champ thérapeutique - champ destiné à l’alimentation pose problème. On ne peut pas tolérer une contamination, même inférieure à 1%, et faire manger à la population ou aux animaux d’élevage des médicaments à leur insu... Or des cas de contamination ont déjà été observés.
Si l’on s’obstine à vouloir produire des OGM thérapeutiques en plein champ, c’est parce que la plante n’est pas considérée comme un médicament. Les contrôles et la réglementation sont donc beaucoup moins strictes. La culture en plein champ permet de produire plus vite et moins cher, au détriment de la santé publique...

La remise de la faux d’or

BdP : Les OGM peuvent-ils résoudre le problème de la faim dans le monde ?

CN : Cela sous-entendrait que la faim dans le monde est liée à un manque de production, ce qui n’est pas le cas. En Argentine, 2ème pays exportateur de denrées agricoles au monde, les problèmes de sous-nutrition sont importants. Le développement des cultures d’exportation s’est fait au détriment des cultures vivrières, et l’introduction des OGM a aggravé ce phénomène. En Afrique, il arrive souvent que de la nourriture produite pourrisse sur place, faute de moyen pour l’acheminer à bon port (manques d’infrastructures, guerres...). Quelles solutions les OGM peuvent-ils bien apporter à ce problème ? Et même s’il s’agissait d’un manque de production, les OGM ne permettent pas d’augmenter les rendements. Ils ont pour principal intérêt de faciliter les pratiques culturales des producteurs qui ont
des grandes superficies. Enfin, les OGM produits (soja, colza, maïs et coton) ne sont pas voués à l’alimentation humaine : 80% des OGM cultivés servent à alimenter le bétail des pays du Nord.

BdP : Est-ce que le riz transgénique doré est solution à la misère ?

CN : La carence en vitamine A est la première cause de cécité dans les pays en voie de développement. Le riz doré est un riz génétiquement modifié dont la teneur en beta carotène, précurseur de la vitamine A, a été augmentée. A grand renfort de publicité, ce riz est présenté comme un OGM « humanitaire », qui réduirait les problèmes de cécité liés à cette carence. Mais cinq ans après l’annonce de cette invention, le riz doré n’est toujours pas produit en champ. Et concrètement, il faudrait manger 9 kg de riz doré cuit par jour pour couvrir ses besoins en vitamine A...

BdP : Quels sont les impacts environnementaux des OGM ?

CN : Tout d’abord, les OGM accélèrent la résistance des ravageurs et des mauvaises herbes aux pesticides. Les plantes insecticides, comme le maïs Bt, diffusent en moyenne mille fois plus d’insecticides dans l’environnement que ne le fait l’agriculteur qui pulvérise directement l’insecticide Bt
sur son champ de maïs non modifié. Les insectes ravageurs sont soumis à ces molécules à une pression beaucoup plus forte, et ils mutent plus rapidement. Dans les champs de plantes tolérantes aux herbicides, la résistance des mauvaises herbes à l’herbicide utilisé en masse est aussi accélérée. Par ailleurs, plusieurs cas de contaminations de champs indigènes par des OGM témoignent de la difficulté d’une coexistence entre les deux filières. La contamination peut se faire par le pollen, les
résidus de culture, les mauvaises herbes apparentées, les semences... En France, une étude réalisée par le Ministère de l’Agriculture en 2003 montre qu’un échantillon de semences importé sur cinq contient des OGM. Cette nouvelle forme de pollution semble incontrôlable et irréversible...

Propos recueillis par Nathalie Simonet

Article paru dans le n°2 du journal Ethique bio - janvier 2006

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