Pour ce poème, le poète qatari a été condamné, le 29 novembre, à la prison à vie. Si la sentence est une sinistre farce , le procès à huis clos a été tout aussi grotesque. Arrêté peu après avoir lu ses écrits sur Internet, placé cinq mois à l’isolement, Al-Dhi n’a pas eu le droit de prendre la parole devant une cour présidée par.... son juge d’instruction.
A charge, trois « experts en poésie », appointés par le ministère de la Culture qatarie, ont affirmé que le poème poursuivi était « insultant » pour Tamim ben Hamad al-Thani, le prince héritier. Et qu’il était donc « une atteinte à la Constitution ». Alors que l’avocat s’attendait à un maximum de 5 années d’emprisonnement,« l’incitation contre le régime et la diffamation » a été frappée de la même peine que la tentative de coup d’Etat.
« Le Qatar a fait du développement de la culture et de l’éducation l’une de ses priorités » ,serine aujourd’hui encore le site du ministère français des Affaires étrangeres.
Tout un poème.. .
Source Canard enchaîné No 4806 5 décembre 2012
Qatar : un poète condamné à la perpétuité pour incitation contre le régime
Par D.R le 29 novembre 2012
« Un tribunal du Qatar a condamné jeudi à la prison à vie un poète poursuivi pour incitation contre le régime et diffamation du prince héritier de cette monarchie du Golfe, qui soutient les soulèvements anti-gouvernementaux dans les pays du Printemps arabe, a indiqué son avocat. »
Un tribunal qatari a condamné à la perpétuité Mohammed al-Ajami, alias Ibn al-Dhib, jugé sous trois accusations : incitation contre le régime, diffamation du prince héritier, Tamim Ben Hamad Al-Thani, et atteinte à la Constitution, a déclaré à l’AFP Me Néjib al-Naïmi.
Il a ajouté qu’il allait faire appel la semaine prochaine contre ce verdict, rendu au terme de six audiences, pour la plupart secrètes.
L’avocat a indiqué avoir émis en vain des réserves sur la composition du tribunal, dont le président, un Soudanais, était lui-même juge d’instruction dans l’affaire de son client.
En vertu des accusations retenues contre lui, le poète était passible d’une peine de 5 ans de prison au maximum, a encore dit Me Naïmi, un ancien ministre de la Justice du Qatar, soulignant que la perpétuité ne s’applique qu’en cas de tentative de coup d’Etat.
Amnesty International s’est aussitôt élevée contre le verdict qui a toutes les caractéristiques d’une atteinte scandaleuse à la liberté d’expression et appelé à la libération du poète, présenté comme un prisonnier d’opinion.
« Il est déplorable que le Qatar, qui veut se présenter à l’échelle mondiale comme un pays qui défend la liberté d’expression, se livre à ce qui semble être une violation flagrante de ce droit », a déclaré le directeur régional d’Amnesty, Philip Luther, dans un communiqué.
Le poète avait été arrêté le 16 novembre 2011 sous l’accusation d’incitation au renversement du régime et d’insulte à l’émir, cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, avait indiqué fin octobre Amnesty en réclamant sa libération.
L’ONG avait indiqué que la justice du Qatar lui reprochait d’avoir écrit en 2010 un poème critiquant l’émir, mais que selon des militants du Golfe, la véritable raison de son arrestation est son Poème du jardin, écrit en 2011 alors qu’avait commencé le Printemps arabe.
Ce poème rend hommage à la révolution tunisienne et exprime l’espoir que le changement touche d’autres pays arabes, affirmant nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive.