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Les journaux en parlent sans pour autant expliquer le fonctionnement

CLEARIFICATION - ce que cachent les flux financiers...

Document mis à disposition par l’observatoire de l’économie du Pays d’Arles

samedi 27 mai 2006, par Forum Civique Européen

Au fond, l’histoire se clarifie dès lors que l’on ose affronter sans frilosité l’un des tabous de notre société : le secret bancaire. Pourquoi dans le contexte de l’affaire Clearstream, dont tous les quotidiens nous entretiennent ces jours-ci, aucun journaliste n’aborde‘-t-il ce sujet ? Parce que, comme l’a dit à juste titre , Michel Vauzelle, Président de la Région Paca, les journaux appartiennent tous aux banques.

Les établissements bancaires, et plus exactement les banquiers, connaissent leurs clients et mettent à leur disposition un certain nombre de prestations : transactions, placements, ouverture de comptes, lignes de crédit etc.... Ils gèrent pour certains d’entre eux des « affaires délicates ». Il est de bon ton de parler alors par exemple de « private equity », c’est à dire de la gestion des fortunes privées qui ne doivent pas laisser de traces. L’essentiel est de réaliser des placements à haut rendement, d’ouvrir des comptes et d’opérer des investissements en Sushi , Franc Suisse ou en tout autre monnaies ou placements plus ou moins exotiques. Les banquiers ont donc connaissance des listes des transferts et des virements. Ainsi que de l’état exact des comptes. Autrement dit, le secret bancaire qui vaut pour tout le monde, n’a pas de secret pour les banquiers. Eux savent, profession oblige.

Si un président de n’importe quel Etat vient à inquiéter d’une manière ou d’une autre le banquier, celui-ci peut se permettre certaines indiscrétions. Il peut aussi jouer les prétendants au pouvoir politique les uns contre les autres, les remplacer par des « clients » sous influence. Certes le banquier ne va pas laisser tomber lui-même au coin d’une rue ses listings de transactions ou de numéros de compte. Il a apprit l’art de jouer au casino. Il sait que les médias peuvent en faire des scoops lucratifs de ces révélations, de préférence si elles se prêtent- au genre feuilleton. Elles alimentent les supputations des journalistes. La délation se monnaie de part et d’autre. Et dans ce marché du plus offrant ou du mieux disant, personne ne soulève le fond du problème. Le banquier se barricade, le cas échéant derrière le secret bancaire. La sacro sainte discrétion dans les affaires contraint à refuser l’accès aux listes de transferts effectués. De toute façon, même s’il était possible de perquisitionner dans une banque, chez Clearstream il est actuellement impensable de procéder à la moindre enquête.

Aujourd’hui, à la Républiques des bananiers a succédé la Républiques des Banquiers.

Leur gouvernance s’exempte de tout contrôle démocratique et se soustrait à la justice. Leur seul recours aux instances démocratiques et aux institutions républicains consiste à mettre à contribution l’appareil policier et judiciaire pour faire respecter leurs contrats, garantir leur bénéfices, recouvrir leurs créances et , au besoin, intenter des procès aux contrevenants. Pas questions donc de laisser la justice vérifier les listes des contrats et des transferts......sur cet énorme privilège, le consensus est général. Malheur à celui qui transgresse la règle de « l’omerta ».

Mais quel est donc la vrai nature de Clearstream ? Clearstream est une chambre de compensation. Une société créée à l’origine par un regroupement de banques qui avaient besoin de cet outil de transfert et de garantie pour le commerce des obligations et des papiers valeurs de toutes formes et toutes provenances. Clearstream est entre autre chargé de gérer et de conserver les listings de ces opérations. Tout délit commis au cours de ces transferts de fortunes, ou tout détournement de fonds effectué dans le passé sont censés laisser des traces chez Clearstream, Euroclear et SWIFT . Il n’est plus nécessaire d’entreprendre un fastidieux travail de fouille dans des tonnes d’archives entreposés dans des caves obscures ni de se livrer à des manipulations et confrontations de microfiches longues et difficiles.

Aujourd’hui tout est enregistré sur disque dur, stocké et conservé en lieu sûr. Il y a là toutes les traces et les preuves de fortunes colossales.

A Clearstream transitaient en 2000 neuf trillions de Dollars à travers 150 millions d’opérations. Le scandale Ambrosiano, les affaires ENRON, WORLDCOM, BCCI etc., ...toutes ces faillites frauduleuses pourraient être analysées par les enquêteurs et magistrats dans cet établissement. Il n’est peut être pas possible de prévenir les délits financiers, mais leur traçabilité est ici repérable.
A l’heure des transferts électroniques, en temps réel, de compte à compte, la mafia ne se déplace plus avec des valises bourrées de liasses de dollars. Les terroristes internationaux, Ousama bin Laden et autres financiers de la guerre de l’ombre , tous passent évidemment à de rares exceptions prés, par Clearstream, Euroclear, SWIFT et quelques autres chambres de compensations triés sur le volet.

C’est là que l’on pourrait faire toute la lumière sur les comptes exotiques, les rétro-commissions des frégates de Taïwan ou les transferts supposés d’un certain nombre de personnalités politiques. A quand le respect de la déontologie des juges ? Il serait grand temps que la clarification (clear) des flux financiers (stream) soit conforme à l’étymologie de ce sanctuaire du capitalisme mondial.
En attendant cette zone d’ombre confère un pouvoir d’ingérence énorme aux détenteurs du secret bancaire, à tous les gestionnaires de ces nœuds électroniques de paiement que sont Clearstream, Euroclear et SWIFT.
On sait que pour avoir vérifié de trop près les listes de transactions du Banco Ambrosiano à la suite de l’assassinat de Calvi, l’ancien directeur de Clearstream, Gérard Soisson est décédé mystérieusement.
Connaître les stratégies des ventes et des acquisitions des sociétés nationales et transnationales de papiers valeurs est un savoir qui se monnaie. Il n’est donc pas anodin de constater qu’aujourd’hui Clearstream appartient non plus à un regroupement de banques comme jadis mais à une seule société, la Deutsche Börse Verein à Frankfort

Denis Robert et Ernest Backes dénonçaient dans leur livre Révélation$ les comptes dissimulés à Clearstream. Les socialistes français Peillon et Montebourg appuyés par des eurodéputés belges demandaient en 2002 une enquête parlementaire pour vérifier des allégations des deux auteurs. Le commissaire européen des finances du moment a bloqué cette revendication. En fait,les raison de cette initiative étaient très personnelles. Il était membre du conseil d’administration (ou de consultation = advisory board ) de MENATEP , une société impliquée dans l’un des plus grands scandales financiers de la fin du siècle passé. Le nom du commissaire : Frits Bolkestein .,.

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