Les chapitres proposés de la brochure No 3 :
1) Introduction : Il était une fois ... des moutons
2) La philosophie du progrès comme idéologie - inavouée - pour justifier le mécanisme du crédit (en référence à John Berger)
3) La croissance illimitée sur une planète finie est impossible. La fin des matières premières est une question de deux, trois peut être quatre générations - un nœud du problème - la monnaie
4) Recyclons tout, y compris la monnaie
5) La terre est limitée - les autres manières de son attribution
6) To big to fail... la prise en otage de la démocratie par le gigantisme du pouvoir financier
7) La municipalisation des banques ici et ailleurs : bref partout
8) Les machines à sous de la mondialisation (High frequence Trading) les leviers, les dérivés, les swaps, les hedge, les funds et les private equities et les multiples assurances des assurances des assurances .....on parlera des valets serviles de la jurisprudence et des courbettes des comptables dans le numéro 4
9) Il était une fois ..... les ânes
L’édito du début, on va l’écrire à la fin. Ici nous commencerons avec l’histoire des singes, des ânes .... non des moutons. Cette histoire circule depuis quelques mois..... toutes les contributions sont et seront les bienvenues... à envoyer à bureau@journarles.org
- LA CRISE EST DERRIERE NOUS
Un homme portant cravate se présenta un jour dans un village.
Monté sur une caisse, il cria à qui voulait l’entendre qu’il achèterait cash 150 euros l’unité tous les moutons qu’on lui proposerait. Les paysans le trouvaient bien peu étrange mais son prix était très intéressant et ceux qui topaient avec lui repartaient le portefeuille rebondi, la mine réjouie. Il revint le lendemain et offrit cette fois 300 € par tête, et là encore une grande partie des habitants lui vendirent leurs bêtes. Les jours suivants, il offrit 400 € et ceux qui ne l’avaient pas encore fait vendirent les derniers moutons existants. Constatant qu’il n’en restait plus un seul, il fit savoir qu’il reviendrait les acheter 650 € dans huit jours et il quitta le village.
Le lendemain, il confia à son associé le troupeau qu’il venait d’acheter et l’envoya dans ce même village avec ordre de revendre les bêtes 450 € l’unité. Face à la possibilité de faire un bénéfice de 200 € dès la semaine suivante, tous les villageois rachetèrent leurs moutons jusqu’à trois fois le prix qu’ils les avaient vendus auparavant et pour ce faire, tous empruntèrent auprès du banquier du lieu.
Comme il fallait s’y attendre, les deux hommes d’affaire s’en allèrent prendre des vacances méritées dans un paradis fiscal et tous les villageois se retrouvèrent avec des moutons à la valeur habituelle mais endettés, obligé de rembourser le crédit.
Les malheureux tentèrent vainement de les revendre pour rembourser leur emprunt. Le cours des moutons restait bas...comme dabe....
Le banquier fit saisir les moutons et les louait ensuite à leur précédent propriétaire. Et il s’en alla pleurer auprès du maire en expliquant que s’il ne rentrait pas dans ses fonds, il serait ruiné lui aussi et devrait exiger le remboursement immédiat de tous les prêts accordés à la commune.
Pour éviter ce désastre, le Maire, au lieu de donner de l’argent aux habitants du village pour qu’ils paient leurs dettes, le donna au banquier, ami intime et premier adjoint, soit dit en passant.
Or celui-ci, après avoir rétabli sa trésorerie, ne fit pas pour autant un trait sur les dettes des villageois ni sur celles de la commune et tous se trouvèrent proches du surendettement.
Pris à la gorge par les taux d’intérêts, la commune demanda l’aide des communes voisines, mais ces dernières lui répondirent qu’elles ne pouvaient en aucun cas l’aider car elles avaient connu les mêmes infortunes.
Sur les conseils avisés et désintéressés du banquier et du Maire, tous décidèrent de réduire leurs dépenses : moins d’argent pour les écoles, pour les programmes sociaux, la voirie, la police municipale... On repoussa l’âge de départ à la retraite, on supprima des postes d’employés communaux, on baissa les salaires et parallèlement on augmenta les impôts. C’était, disait-on, inévitable mais on promit de moraliser ce scandaleux commerce des moutons.
Cette bien triste histoire prend tout son sel, quand on sait que le banquier et les deux escrocs sont frères et vivent ensemble sur une île des Bermudes, achetée à la sueur de leur front. On les appelle les frères Marchés.
Très généreusement, ils ont promis de sponsoriser la campagne électorale du maire sortant.
Cette histoire n’est toutefois pas finie car on ignore ce que firent les villageois. Et vous, qu’auriez-vous fait à leur place ? Que ferez-vous ?
Il va falloir savoir écrire ensemble cette histoire ! Toutes les contributions sont et seront les bienvenues : bureau@journarles.org