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Chirac, Villepin, Sarkozy, ne réglent pas les problèmes,

NON AU REGIME D’EXCEPTION, POUR UN ETAT D’URGENCE SOCIALE

Trois déclarations :

jeudi 17 novembre 2005, par Forum Civique Européen

On ne répond pas à une crise sociale par un régime d’exception. La responsabilité fondamentale de cette crise pèse, en effet, sur les gouvernements qui n’ont pas su ou voulu combattre efficacement les inégalités et les discriminations qui se cumulent dans les quartiers de relégation sociale, emprisonnant leurs habitants dans des logiques de ghettoïsation. Elle pèse aussi sur ces gouvernements qui ont mené et sans cesse aggravé des politiques sécuritaires, stigmatisant ces mêmes populations comme de nouvelles « classes dangereuses », tout particulièrement en ce qui concerne la jeunesse des « quartiers ».
JOURNARLES publie un recueil de prises de positions...

ATTAC FRANCE EST SIGNATAIRE DE L’APPEL COLLECTIF

REFUS DE CE REGIME D’EXCEPTION ET POUR EXIGER UNE AUTRE POLITIQUE

1. NON AU REGIME D’EXCEPTION, POUR UN ETAT D’URGENCE SOCIALE

On ne répond pas à une crise sociale par un régime d’exception. La responsabilité fondamentale de cette crise pèse, en effet, sur les gouvernements qui n’ont pas su ou voulu combattre efficacement les inégalités et les discriminations qui se cumulent dans les quartiers de relégation sociale, emprisonnant leurs habitants dans des logiques de ghettoïsation. Elle pèse aussi sur ces gouvernements qui ont mené et sans cesse aggravé des politiques sécuritaires, stigmatisant ces mêmes populations comme de nouvelles « classes dangereuses », tout particulièrement en ce qui concerne la jeunesse des « quartiers ».

Nous n’acceptons pas la reconduction de l’état d’urgence. Recourir à un texte provenant de la guerre d’Algérie à l’égard, souvent, de Français descendant d’immigré, c’est leurs dire qu’ils ne sont toujours pas français. User de la symbolique de l’état d’urgence, c’est réduire des dizaines de milliers de personnes à la catégorie d’ennemis intérieurs. Au-delà, c’est faire peser sur la France tout entière et sur chacun de ses habitants, notamment les étrangers que le gouvernement et le président désignent déjà comme des boucs émissaires, le risque d’atteintes graves aux libertés. Le marquage de zones discriminées par l’état d’urgence n’est pas conciliable avec l’objectif du rétablissement de la paix civile et du dialogue démocratique.

Nous n’acceptons pas le recours à des procédures judiciaires expéditives, voire à une « justice d’abattage », alors qu’en même temps la même justice prend son temps pour élucider les conditions dans lesquelles sont morts Bouna et Zied à Clichy-sous-Bois.

Restaurer la situation dans les « quartiers » et rétablir le calme, c’est d’abord restituer la parole à leurs habitants. Des cahiers de doléance doivent être discutés, ville par ville. C’est, ensuite, ouvrir une négociation collective pour mettre en ¦uvre des actions de rétablissement de l’égalité : cela implique l’adoption d’une véritable loi de programmation et que cessent les mesures de saupoudrage ou, pire encore, les marques de mépris, comme la stigmatisation des familles ou la transformation de l’apprentissage en mesure de relégation scolaire précoce. Une solidarité nationale authentique doit être au rendez-vous de la reconstruction du tissu social dans les banlieues.

C’est, surtout, mettre en œuvre, dans la réalité, une réelle politique nationale de lutte contre les discriminations et pour l’égalité des droits.

Nous affirmons qu’il y a là une véritable urgence nationale : il faut substituer à l’état d’urgence policier un état d’urgence sociale.

Signataires :

Act Up-Paris, Les Alternatifs, Alternative citoyenne, L’appel des cent pour la paix, ATMF, Association des citoyens originaires de Turquie (ACORT), Association de défense des droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM), Association des Tunisiens en France, ATTAC-France, Une Autre voix juive, Cedetim-Ipam, CGT, Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Coordination Antividéosurveillance d’Ile-de-France, Coordination des collectifs AC !, Droit Au Logement, Droits devant !, Droit Solidarité, FASTI, FCPE, Fédération anarchiste, Fédération SUD-Etudiant, Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), FIDH, FSU, GISTI, LCR, Ligue des droits de l’Homme, Marches européennes, Mouvement des Jeunes Socialistes, Mouvement National des Chômeurs et Précaires (MNCP), Mouvement de la Paix, MRAP, No-vox, Les Oranges, Les Panthères roses, PCF, Rassemblement des associations citoyennes de Turquie (RACORT), Réseaux citoyens de Saint-Etienne, Souriez-Vous-Êtes-Filmé-es !, Syndicat des Avocats de France, Syndicat de la Magistrature, Syndicat National des Médecins de Protection Maternelle et Infantile, UNEF, Union démocratique bretonne (UDB), UNL, UNSA, Union syndicale Solidaires, Union des syndicats parisiens de la CNT (CNT-RP), Vamos !, Les Verts.

2.- NON A L’ÉTAT D’EXCEPTION ET A TOUTES LES DISCRIMINATIONS

Déclaration adoptée par les participants et participantes à la réunion de Florence pour "une Charte pour une autre Europe" les 12 et 13 novembre 2005, à propos de la situation en France

En juin dernier, un enfant de onze ans mourait à La Courneuve, dans le département de Seine-Saint-Denis (93), victime de deux balles perdues. Le ministre de l’intérieur français, Nicolas Sarakozy, avait en réponse promis de " nettoyer les banlieues au karcher ", et toute une population s’était alors sentie insultée par ces propos. Fin octobre, deux adolescents, Zyed et Bouna, mouraient électrocutés dans des circonstances non encore élucidées, pour avoir voulu échapper à l’hypothèse d’un contrôle de police, ce qui en dit long sur les rapports entre la police (notamment celle qui opère aujourd’hui dans les banlieues, la " BAC ", " brigade anti-criminalité ") et la jeunesse des cités. Pour celle-ci en effet, les contrôles au faciès, l’humiliation et le sentiment d’injustice (garde à vue répétitives, tabassages, etc.) sont quotidiens, alors que dans le même temps, la perspective d’un emploi stable et d’un avenir digne s’éloigne toujours plus (pour les jeunes des cités, les taux de chômage atteignent jusqu’à 50 % et la discrimination à l’embauche, en raison du nom ou de l’adresse est une donnée structurelle).

Or, ces deux jeunes ont d’entrée été présentés comme coupables potentiels par le même Nicolas Sarkozy, avec le soutien du gouvernement, qui est allé jusqu’à parler de " racaille ". Là encore, ce ne sont pas les quelques trafiquants des cités qui se sont sentis vilipendés, mais toute une population. La goutte d’eau a fait déborder le vase. " Chauffés à blanc " par un quotidien fait de contrôles policiers à répétition, de mépris, d’humiliations, de précarité, de chômage, d’exclusion, de stigmatisation en tant qu’" étrangers " alors qu’ils sont le plus souvent français, de marginalisation des initiatives politiques qu’ils prennent pour revendiquer leurs droits, les jeunes des cités populaires, directement et le plus violemment touchés par les politiques néolibérales à l’¦uvre depuis plus de 30 ans, ont littéralement " explosé ". Ils ont exprimé leur révolte en brûlant, dans leurs propres quartiers, des voitures, des bus, des crèches, des écoles, des bureaux de postes, des équipements sociaux dont paradoxalement, les habitants desdits quartiers ont un besoin crucial.

Face à cette situation, le gouvernement français a poursuivi son cynisme politique en conjuguant à nouveau propos méprisants et insultants et répressions, allant jusqu’à recourir à une loi datant du 3 avril 1955, établie à l’époque pour la guerre d’Algérie, et permettant d’établir " l’état d’urgence ", en même temps que d’autoriser des interdictions de séjour pour " toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l’action des pouvoirs publics ", des assignations à résidence pour " toute personne [Š] dont l’activité s’avère dangereuse pour la sécurité et l’ordre publics ", la fermeture des " lieux de réunion de toute nature " et l’interdiction des " réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre ". Le gouvernement a même prévu des perquisitions de nuit. Il peut, en outre, faire " prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature ", et donner compétence aux juridictions militaires en concurrence avec les juges ordinaires.

Plutôt, donc, que de répondre, à partir d’un dialogue élargi aux jeunes et à l’ensemble des forces nombreuses déjà mobilisées sur le terrain (associations, citoyen-ne-s, élu-e-s, syndicats), aux problèmes de fond posés à l’ensemble de la société française par le sort réservé à ses " quartiers populaires de banlieues ", le gouvernement n’a encore une fois choisi que la voie de la répression et de la limitation des libertés. Mais les banlieues, comme l’ensemble de la société française, n’ont pas besoin d’état d’exception : elles ont besoin, urgemment, de justice, de respect et d’égalité, de services publics de proximité, d’une autre politique.

Notre solidarité va vers celles et ceux qui s’opposent aux discriminations de toute nature, à la mise en cause des libertés individuelles et collectives, aux politiques néolibérales. Nous condamnons fermement les choix du gouvernement français.

Nous nous mobilisons pour faire grandir dans toute l’Europe des choix alternatifs qui seuls pourront établir la justice et la solidarité sociales, ainsi que le respect pour toutes et tous de la dignité et de la citoyenneté.

Le Courriel d’information a été mis au point par l’équipe du Grain de sable. <http://attac.org>

Reproduction autorisée sous couvert de la mention

Courriel d’information ATTAC - http://attac.org/

3. Collectif National du 29 mai

DECLARATION

Chirac, Villepin, Sarkozy, ne réglent pas les problèmes, ils les amplifient !

Pour échapper à un contrôle policier, deux jeunes de Clichy sous Bois sont morts et un troisième a été grièvement blessé après s’être réfugié dans un transformateur électrique. On ne sait toujours pas les circonstances exactes qui ont conduit à ce drame.

Nous voulons que toute la lumière soit faîte sur ces évènements et que les responsabilités soient établies. A côté de l’enquête judiciaire, nous demandons que soit mise en place une commission d’enquête parlementaire, que la parole soit donnée à la population, que ceux qui ont été témoins des évènements soient entendus.

Des violences qui révèlent une crise sociale profonde

Depuis, chaque nuit, des jeunes des banlieues pauvres, d’abord en Seine Saint Denis et maintenant sur tout le territoire, expriment leur révolte par des violences qui s’attaquent aveuglément aux représentations publiques comme aux maigres biens des salariés et des chômeurs. Ces violences aveugles qui ne font qu’aggraver la situation des plus pauvres, sont un révélateur de la crise sociale dans laquelle sont plongés des pans entiers des populations et des territoires depuis plus de deux décennies : chômage, précarité, exclusion, discriminations, racisme, vexations, etc. C’est l’expression d’une rage et d’un désespoir face à une société qui ne leur fait aucune place et ne leur offre aucune perspective. C’est aussi une réaction au cynisme politique qui s’est exprimé au travers des propos provocateurs et populistes du Ministre de l’intérieur, stigmatisant des populations entières et ne prônant que la répression pour toute politique.

Les responsabilités du gouvernement

Le gouvernement actuel et celui qui l’a précédé portent une lourde responsabilité dans l’aggravation de la situation. En refusant d’entendre les souffrances des populations et des jeunes, en étendant la précarité sociale, en organisant le recul des services publics, en réduisant les subventions aux associations, en supprimant la police de proximité, en contraignant des milliers d’habitants à déménager pour cause de démolitions, ils ont délibérément déstabilisé les fragiles liens sociaux qui demeuraient. Leur attitude méprisante à l’égard des populations des banlieues frappe aussi les lycéens en grève traînés en justice, les salariés en lutte réprimés par la force, les chômeurs radiés de l’indemnisation. Leur politique organise partout l’insécurité sociale.

Le gouvernement a franchi une nouvelle étape, d’une extrême gravité, en réactivant une loi d’exception datant de la guerre d’Algérie, délivrant ainsi un message désastreux. Cette décision témoigne d’une volonté politique d’escalade sécuritaire pour masquer l’impuissance politique à apporter des solutions de fond. Les banlieues n’ont pas besoin d’état d’exception ; elles ont besoin, désespérément, de justice, de respect et d’égalité.

Le retour au calme est nécessaire et urgent.

L’affaiblissement des solidarités, le recul des services publics, la pauvreté tendent à dresser les victimes les unes contre les autres. Les violences aveugles divisent celles et ceux qui auraient besoin d’agir ensemble pour changer la vie. Les forces réactionnaires et d’extrême droite rivalisent dans la surenchère répressive. Les désordres provoqués sont invoqués par la droite pour se présenter - à des fins électoralistes - comme le meilleur rempart du « maintien de l’ordre ». La prorogation de l’état d’urgence confirme cette stratégie gouvernementale ; alors que c’est l’urgence sociale qu’il faut décréter.

Reconstruire l’espoir.

Les politiques libérales n’ont pas résolu les problèmes posés, elles les ont aggravés, comme les vingt dernières années le démontrent. Elles ont favorisé l’accumulation inouïe des richesses par un petit nombre au prix du recul de la situation du plus grand nombre et d’un creusement des inégalités. Partir de ce constat est nécessaire pour tracer d’autres orientations.

Les problèmes multiples auxquels le peuple de notre pays est confronté appellent des réponses d’ampleur. Nous avons des propositions d’actions qui doivent être menées dans différentes directions et qui changeraient vraiment la donne : politique de l’emploi, amélioration du pouvoir d’achat, solidarité sociale, éducation et formation, développement des services publics, réhabilitation et revalorisation des quartiers populaires, lutte contre les discriminations et le racisme, droits démocratiques et citoyens.

Cela suppose que nous nous réunissions toujours plus nombreux pour une politique qui rompe véritablement avec les politiques libérales qui aggravent les inégalités sociales et territoriales et qui détruisent les solidarités conquises. C’est l’objectif des collectifs du 29 mai qui réunissent des forces diverses partageant cette volonté.

Paris, le 14/11/05

P.-S.

Sources :
Courriel d’information ATTAC - http://attac.org

Collectif national du 29 mai 2005

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Source CQFD, Marseille

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