Le grand savant James LOVELOCK a dit : "avec le réchauffement climatique la plus grande partie de la surface du globe va se transformer en déserts. Les survivants se regrouperont autour de l’Arctique. Mais il n’y aura pas de place pour tout le monde, alors il y aura des guerres, des populaces déchaînées… Ce n’est pas la terre qui est menacée, mais la civilisation. Je ne pensais pas que le danger était si grand."
Hervé KEMPF, l’auteur de "Comment les riches détruisent la planète" a interrogé de nombreux autres savants qui parlent de l’avenir avec le même pessimisme. Alors, pourquoi ces informations ne sont-elles pas totalement diffusées ? Simplement parce que les média sont propriété de ceux là même qui sont responsables du désastre annoncé.
Les pétroles EXXON, par exemple, ont dépensé des millions de dollars pour filtrer les informations par la mise en place de bureaux d’étude, de publications, d’agences d’informations, chargées de filtrer, d’édulcorer, les menaces qui pèsent sur la planète, laissant entendre que tout ne va pas si mal, que des solutions existent, qu’on a encore le temps de voir venir. Bref, tout est fait pour qu’on ne sache pas vraiment ce qui nous attend.
Quand Nicolas HULOT s’adresse à des SARKOZY, des BAYROU, des CHIRAC, pour qu’ils placent l’écologie à sa vraie place, il fait preuve d’angélisme. Et les promesses faites par ses interlocuteurs sont autant de mensonges.
Le grand prédateur de la planète est aujourd’hui le capitalisme, parce que sa recherche effrénée du profit maximum est nécessaire à sa propre survie.
Et
sauver la planète passe obligatoirement par la disparition du capitalisme.
Et il y a urgence. Dernièrement une information est passée presque inaperçue : les grands pétroliers attendent avec impatience la fonte des glaces des pôles pour pouvoir renouveler leurs réserves de pétrole en puisant enfin dans les immenses nappes qui existent sous les glaces. Avec pour conséquence une accélération de la catastrophe écologique.
La sociale démocratie représentée par Ségolène ROYAL, en prétendant gérer et rendre digeste le capitalisme pourra, peut-être, mais jusqu’à quel point, rendre supportable la violence du capitalisme dans sa dernière évolution, elle sera impuissante à résoudre le problème de notre survie sur la planète TERRE. Tout simplement parce que le capitalisme, soft ou féroce, ne peut, à aucun moment, cesser d’être un super prédateur sans se condamner lui même à disparaître. Nous allons voir pourquoi.
L’histoire de l’humanité c’est l’histoire des hommes, aurait dit monsieur de la Palice. Voire ! L’histoire des hommes c’est d’abord l’histoire de leur environnement, faune, flore et minéraux, sans lesquels ils n’existeraient pas. C’est l’histoire de la vie dans son évolution.
Dès l’apparition des premiers organistes primitifs, bactéries, algues, a débuté l’évolution proprement dite. Les cellules s’assemblent, s’organisent et se différencient en tissus, en organes hiérarchisés, peu à peu intégrés en une véritable société de cellules : l’organisme vivant.
Par le jeu des mutations et de la sélection naturelle ces organismes vivants se perfectionnent, s’adaptent et se compliquent en un prodigieux foisonnement de formes et de fonctions, luttant pour vivre. Certains disparaissent à jamais, d’autres naissent.
Ne survivent que ceux qui sont capables d’évoluer, de s’adapter aux évolutions de l’environnement : nature, espèces concurrentes, temps….
On peut observer que cette évolution se fait toujours du plus simple au plus complexe, des premières cellules vivantes, puis de leur union en organismes de plus en plus compliqués. On passe ainsi des algues primitives aux premières végétations, aux poissons, aux amphibiens, aux premiers reptiles, et enfin aux mammifères, dont l’homme, résultat le plus abouti de cette évolution.
Du début de la chaîne jusqu’à nos jours la lutte pour survivre fut sans merci. On observe que même le plus petit microbe, pour se maintenir en vie, doit en permanence transformer de l’énergie et l’utiliser pour maintenir son infrastructure contre la dégradation irréversible qu’exerce le temps : car c’est une loi inexorable qui veut que toutes les structures vivantes soient guettées par la désorganisation et le désordre, c’est à dire la mort. L’inactivité lui est interdite car elle entraînerait sa perte. En conclusion on constate donc que la vie est mouvement, qu’elle s’organise du plus simple au plus complexe et que dès que cesse ce mouvement vers le plus complexe s’annonce la fin de la vie.
Que tous les organismes vivants se reproduisent, progressent, atteignent leur maturité et déclinent jusqu’à la mort. On constate aussi que la fonction principale de tous les organismes vivants est celle qui leur permet d’assurer la continuité de l’espèce.
Konrad LORENZ écrit :"Il ne faut jamais perdre de vue que l’homme est un être vivant, et, comme tous les êtres vivants il est issu d’autres êtres vivants plus simples selon un processus d’évolution naturelle."
L’homme dans son comportement est intimement lié aux lois régissant l’évolution biologique et, pour étudier les comportements de l’homme, il est logique de les étudier en tenant compte des lois naturelles qui dominent le comportement des être vivants.
Le comportement de tous les êtres vivants est orienté vers des fins utiles à la conservation des espèces, et ce comportement tout au long de l’histoire de la vie se traduit par un progrès constant, un "toujours plus" à la vie, et ce "toujours plus" est nécessaire pour que la vie continue.
Pour comprendre le comportement humain depuis le début de notre histoire,
et donc pour comprendre l’histoire elle-même, il faut avoir compris que l’histoire prend ses racines dans l’évolution biologique du vivant dans un environnement en perpétuelle évolution et qu’il existe des lois qui seraient comme un canevas sur laquelle l’homme broderait son histoire. Sans doute aussi trouver sa part de liberté.
Pour commencer nous allons brièvement retracer trois grands virages historiques qui ont amené des changements profonds et décisifs dans l’évolution de nos rapports sociaux.
Quand nos lointains ancêtres, il y a plus de dix mille ans, s’aperçurent qu’avec les nouvelles armes facilitant la chasse, qu’avec les premières cultures d’orge et de blé, qu’avec les premières domestications de moutons, de chèvres et de porcs, et plus tard de bovins, chaque individu du clan produisait plus qu’il ne consommait, ils cessèrent de tuer leurs ennemis au cours des guerres entre tribus pour la conquête d’un territoire de chasse, d’un site mieux abrité, voire même pour capturer des femmes, femelles reproductives.
Ils firent des prisonniers et les firent travailler. Un prisonnier n’était plus une bouche inutile étrangère au clan. C’était devenu un plus à l’outil, une possibilité de mieux vivre, de connaître une vie moins précaire.
Sans le savoir, ils venaient d’inventer l’esclavage. Une formule promise à un bel avenir.
La question est de savoir quelle était leur liberté de choix. Si, faire des prisonniers et les obliger à travailler pour le clan apportait un mieux vivre, pourquoi s’en seraient-ils privés ? Simplement ils utilisaient au mieux de leurs intérêts une situation qui s’était en quelque sorte créée à leur insu. Et je ne vois pas en quoi les humeurs humaines, les hasards évènementiels puissent jouer un rôle fondamental dans leur choix. Sinon dans l’apparition de l’esclavage plus tôt ou plus tard, d’une tribu à l’autre, d’une région à l’autre. Mais dans l’apparition logique de l’esclavage, sûrement pas.
Peu avant notre ère les hommes ont encore inventé de nouvelles techniques, des outils plus perfectionnés et l’esclave, naturellement peu performant (et on peut le comprendre !) cesse d’être rentable, devient même un frein au développement, aussi bien dans l’artisanat que dans l’agriculture. Le libérer, l’intéresser à la production, promet une meilleurs productivité, une source plus grande de richesses, un nouvel essor .
L’homme venait d’inventer le servage, base de l’économie féodale.
Puis les changements qualitatifs dans le développement des sciences et techniques ouvrent des perspectives nouvelles pour le commerce et l’industrie. La révolution industrielle commence, animée par la nouvelle classe montante. Les vieilles contraintes féodales deviennent insupportables. Le capitalisme triomphe sur les ruines de la Bastille.
L’homme n’a pas voulu le capitalisme. Le capitalisme s’est simplement imposé comme le système le mieux adapté pour exploiter les dernières découvertes techniques et scientifiques et produire plus de richesses et de bien être.
Il n’y a pas eu à un moment quelconque un ou des messieurs qui ont dit "on va être capitalistes". Le mot n’existait sans doute pas encore. La "chose" s’est faite naturellement. Les nouveaux dominant ne faisaient qu’utiliser l’évolution à leur profit pour plus de bien être, de richesses et de puissance.
L’hyper-libéralisme actuel n’est pas né dans l’esprit de banquiers ou d’économistes plus ou moins pervers. Simplement, comme toute chose sur terre, le capitalisme doit suivre l’évolution, aller à son terme, et l’hyper-libéralisme, ultime métamorphose du capitalisme, s’impose comme l’outil le plus performant pour assures la survie des dominants d’aujourd’hui. Les hommes avaient ils la liberté de faire autrement ? Ils obéissaient à la loi naturelle : "toujours plus" à la vie pour survivre. En maintenant le statu quo ils se mettaient en danger.
Dans le trop bref raccourci historique qui précède il me semble que les choix de société se sont faits naturellement pour répondre à des situations objectives créées par l’évolution des progrès techniques, scientifiques et culturels. Chaque fois la réponse apportait "un plus à la vie", "ce plus à la vie qui est indispensable pour que la vie de l’espèce continue, qu’elle se développe. Et chaque fois une nouvelle organisation sociale se mettait peu à peu en place, s’organisait, devenait ordre nouveau.
Les progrès des sciences et des techniques apportent un plus à la vie mais, en même temps transforment profondément les rapports entre les hommes, créent des situations objectives nouvelles qui les obligent à faire des choix pour utiliser au mieux de leurs intérêts ce qui leur est offert.
Où en sommes nous aujourd’hui ?
Nous avons vu que chaque fois qu’une forme de société devenait un empêchement au développement des hommes, une autre forme de société se mettait en place pour permettre à la vie ce "toujours plus" qui lui est nécessaire pour s’épanouir.
Aujourd’hui nous devons constater que le capitalisme est à son tour devenu un obstacle à ce "toujours plus" pour la quasi totalité de l’espèce humaine.
Une société est composée d’individus dont le comportement, nous l’avons vu, est orienté individuellement vers des fins utiles à leur conservation. Or leur conservation les oblige à apporter ce "toujours plus" dont j’ai parlé plus haut.
Individuellement chaque représentant des dominants d’aujourd’hui ne peut assurer sa survie de dominant qu’en cherchant toujours ce "toujours plus". Il en est de même pour la société de dominants. Et aujourd’hui leur recherche de ce "toujours plus" se heurte à la capacité limitée qu’a la planète d’absorber tous les déchets produits par la production incontrôlée des biens de consommation d’une part, et d’autre part à l’appauvrissement extrême de la quasi totalité des hommes.
En 1960 la pollution représentait la moitié de la capacité d’absorption de la planète. En 2006 le rapport sur la biodiversité globale rendu lors de la conférence des nations unies au BRESIL a annoncé qu’en 2003 l’homme tirait 1,2 fois sur la capacité d’absorption de la planète.
Or les dominants d’aujourd’hui n’ont qu’un crédo, qui seul peut leur permettre de tendre vers ce "toujours plus" : la croissance économique, pour toujours plus d’argent, toujours plus de pouvoir. Cette recherche s’accompagne de plus par des désordres croissants. Comme tout organisme vivant, le capitalisme est atteint par ce que Konrad LORENZ appelle la désorganisation et le désordre qui annonce la mort. Mais pour retarder l’échéance, le capitalisme doit tendre, envers et contre tout, vers un libéralisme de plus en plus échevelé. Donc devenir de plus en plus prédateur.
C’est pourquoi, face à ce capitalisme irrésistiblement entraîné dans une course en avant criminelle, comme par exemple l’espoir insensé des pétroliers de voir rapidement fondre les glaces des pôles pour puiser dans des réserves jusqu’ici inaccessibles, il est d’une urgence vitale pour l’espèce humaine d’accélérer sa disparition et d’instaurer une économie mondiale au service de tous les être humains ?
C’est seulement ainsi qu’on peut encore espérer sauver la civilisation.
Robert Delanne
Arles, avril 2007