Appel d’Arles
Nous habitons à Arles. Jeunes et vieux, d’horizons, de professions et d’origines divers. Nous nous rallions à tous les citoyens de la planète qui manifestent leur opposition à la guerre.
Le siècle passé a été le siècle le plus meurtrier de l’histoire de la terre. (Eric Hobsbawn). L’extermination industrielle de millions d’hommes et de femmes nous a appris que la guerre ne doit pas être un moyen pour résoudre les conflits ni pour défendre des intérêts. « En temps de guerre seule la mort est certaine, la paix, la justice et la fin de la guerre ne le sont jamais » dit l’historien américain Howard Zinn. La guerre du Kosovo en 1999 et la guerre contre l’Afghanistan en 2002 ont entaché le début de ce nouveau millénaire sans résoudre le moindre problème, mis a part l’installation d’une base militaire des Etats Unis au Kosovo, le long d’un corridor pétrolier, et la construction d’un pipeline à travers l’Afghanistan. Et pour nous faire accepter une troisième guerre pour le pétrole contre l’Irak. Pas de guerre pétrolière. Plus de guerre du tout. La guerre doit appartenir au passé. Condamner et interdire la guerre, abolir la guerre, la rendre impossible est possible.
La guerre contre l’Irak a été préparée par des guerriers en cravate qui ont été élus grâce à la publicité financée par des multinationales qui seront les profiteurs de guerre. La démocratie ne doit plus accepter que des hommes politiques soient élus grâce au sponsoring des oligopoles. Le monde entier a un droit de regard sur les élections dans la plus grande puissance militaire de la planète, si nous voulons éviter que ces armes soient déployées. Il faut que nous prenions très au sérieux les dirigeants des Etats Unis quand ils parlent d’une guerre qui durera toute une génération et d’un nouvel ordre social. Nous sommes confrontés à une politique ouvertement impérialiste envers le reste du monde et à une politique intérieure qui crée et manipule la peur afin de réduire les droits des personnes. Les événements des derniers mois esquissent une trajectoire fatale qu’il faut identifier pour ce qu’elle est vraiment et contre laquelle il faut résister. Trop souvent, au cours de l’histoire, les gens ont attendu jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour lutter. (extrait de l’appel Pas en notre nom- Not in our name mouvement contre la guerre de grande ampleur lancé aux Etats-Unis repris désormais dans le monde entier.)
A qui profite le mépris de l’ONU et du droit international, le refus du protocole de Kyoto, la dissémination des semences génétiquement manipulées, le refus de signer la convention sur les droits de l’enfant, le sabotage du Tribunal Pénal International, le déni de l’accès aux soins de santé pour tous, la ségrégation raciale, le refus de signer le traité sur l’interdiction des mines antipersonnel, le maintien de la peine de mort, l’obsession des armes nucléaires, chimiques et biologiques ?
Ce sont les mêmes qui ont également su profiter de la première guerre du Golfe. Ce sont ces multi-profiteurs-là qui doivent attirer toute notre attention et exiger les réflexions que nous souhaitons partager avec le plus grand nombre de personnes. Car à partir de maintenant il ne suffira plus de dire seulement « Non à la guerre », il s’agira de combattre tous les jours et dans toutes les instances pour que la paix soit une réalité. Sans paix, sans une paix authentique, juste et respectueuse, il n’y aura pas de droits humains, et sans droits humains la démocratie ne sera jamais qu’un sarcasme, une offense à la raison, un « foutage de gueule » .( José Saramago, Madrid, 15 mars 2003)
Nos démocraties meurent sous le diktat des multinationales. Notre mode de vie, la course au profit, la guerre économique permanente, les conventions en vigueur régulant les échanges et la monnaie exigent une remise en question fondamentale. Nous devons porter notre attention vers l’élargissement de nos savoirs et de nos moyens d’actions pour arrêter les va-t-en guerre et développer une société plus juste.
Cette guerre nous oblige aux actions pacifistes et non violentes les plus diverses. Bâcher en noir les symboles des multinationales est l’expression de notre colère, de notre tristesse et de nos sentiments faces aux innombrables victimes des ces puissances économiques concentrées. En couvrant de noir des objets appartenant à ces transnationales, qui se placent volontairement au dessus de toute décision démocratique, nous attirons le regard vers les faces cachées de leur action. Alors que la transparence semble ne plus se faire à travers les médias soumis également aux contraintes du profit, ce voile de plastique noir ne fait que révéler l’absence de transparence qui caractérise le monde de l’argent. Nous voilons pour dévoiler la vérité !
Ceci est un appel aux différentes générations :
Ils sont nombreux actuellement, jeunes et vieux, tous ceux et celles qui sont laissés de côté, privés de tout pouvoir sur leur vie, difficilement livrés à eux-mêmes. Pourtant, forts de leur expérience ou de leur jeunesse, ils restent parfois cloués des journées entières devant leur téléviseur. Impuissants et inactifs face à une représentation virtuelle de la vie qui a fini par se substituer à la vie réelle, ils oublient les générations futures ou passées au contact desquelles seul leur vécu, leurs actes, ou leurs réflexions pourraient prendre du sens.
La guerre nous impose aujourd’hui de toute urgence la recherche de modes d’échanges, de nouveaux modes d’expression et de règles pour nos civilisations pacifiques à venir. C’est pour cela que nous faisons appel à tous, sans oublier les anciens.
Il faut la sagesse de ces anciens, le courage des jeunes,
le cœur et l’intelligence de tous.
Pour nous joindre voici notre adresse : stopwararles@wanadoo.fr