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L’immigration choisie est une immigration jetable

Le chemin vers un apartheid globalitaire est pavé de beaucoup de petits sarkos

Des voix venant de l’Afrique

mercredi 19 juillet 2006, par Forum Civique Européen

Quatre regards sur l’immigration jetable :
A) Manifest eur-africain contre les lois Sarkosy
B) Aminata Traore, anciennne ministre de la culture du Mali
C) Les ONG regroupé en France contre l’immigration jetable
D) Une chanson illustrant le périple de l’immigration bloquée à nos frontière par la Forteresse Europe

Aminata Traoré :« Ainsi nos oeuvres d’art ont droit de cité là où nous sommes, dans l’ensemble, interdits de séjour »

Talents et compétences président donc au tri des candidats africains à l’immigration en France selon la loi Sarkozy dite de « l’immigration choisie » qui a été votée en mai 2006 par l’Assemblée nationale française. Le ministre français de l’Intérieur s’est offert le luxe de venir nous le signifier, en Afrique, en invitant nos gouvernants à jouer le rôle de geôliers de la « racaille » dont la France ne veut plus sur son sol. Au même moment, du fait du verrouillage de l’axe Maroc/Espagne, après les événements sanglants de Ceuta et Melilla, des candidats africains à l’émigration clandestine, en majorité jeunes, qui tentent de passer par les îles Canaries meurent par centaines, dans l’indifférence générale, au large des côtes mauritaniennes et sénégalaises. L’Europe forteresse, dont la France est l’une des chevilles ouvrières, déploie, en ce moment, une véritable armada contre ces quêteurs de passerelles en vue de les éloigner le plus loin possible de ses frontières. Les oeuvres d’art, qui sont aujourd’hui à l’honneur au Musée du Quai Branly, appartiennent d’abord et avant tout aux peuples déshérités du Mali, du Bénin, de la Guinée, du Niger, du Burkina-Faso, du Cameroun, du Congo. Elles constituent une part substantielle du patrimoine culturel et artistique de ces « sans visa » dont certains sont morts par balles à Ceuta et Melilla et des « sans papiers » qui sont quotidiennement traqués au coeur de l’Europe et, quand ils sont arrêtés, rendus, menottes aux poings à leurs pays d’origine. Dans ma « Lettre au Président des Français à propos de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique en général », je retiens le Musée du Quai Branly comme l’une des expressions parfaites de ces contradictions, incohérences et paradoxes de la France dans ses rapports à l’Afrique. A l’heure où celui-ci ouvre ses portes au public, je continue de me demander jusqu’où iront les puissants de ce monde dans l’arrogance et le viol de notre imaginaire.

Nous sommes invités, aujourd’hui, à célébrer avec l’ancienne puissance coloniale une oeuvre architecturale, incontestablement belle, ainsi que notre propre déchéance et la complaisance de ceux qui, acteurs politiques et institutionnels africains, estiment que nos biens culturels sont mieux dans les beaux édifices du Nord que sous nos propres cieux.

Je conteste le fait que l’idée de créer un musée de cette importance puisse naître, non pas d’un examen rigoureux, critique et partagé des rapports entre l’Europe et l’Afrique, l’Asie, l’Amérique et l’Océanie dont les pièces sont originaires, mais de l’amitié d’un Chef d’Etat avec un collectionneur d’oeuvre d’art qu’il a rencontré un jour sur une plage de l’île Maurice. Les trois cent mille pièces que le Musée du Quai Branly abrite constituent un véritable trésor de guerre en raison du mode d’acquisition de certaines d’entre elles et le trafic d’influence auquel celui-ci donne parfois lieu entre la France et les pays dont elles sont originaires. Je ne sais pas comment les transactions se sont opérées du temps de François 1er, de Louis XIV et au XIXième siècle pour les pièces les plus anciennes.
Je sais, par contre, qu’en son temps, Catherine Trautman, à l’époque ministre de la culture de la France dont j’étais l’homologue malienne, m’avait demandé d’autoriser l’achat pour le Musée du Quai Branly d’une statuette de Tial appartenant à un collectionneur belge.

Suite Document PDF en annexe

Aminata Traoré
Le Musée du Quai Branly

Manifeste non gouvernemental euro-africain sur les migrations, les droits fondamentaux et la liberté de circulation

1er juillet 2006

Nous, acteurs des sociétés civiles d’Afrique subsaharienne, d’Afrique du Nord et d’Europe, réunis en Conférence non gouvernementale euro-africaine les 30 juin et 1er juillet 2006 à Rabat, indignés par la guerre aux migrants qui s’amplifie d’année en année le long des côtes méditerranéennes et atlantiques, refusons la division de l’humanité entre ceux qui peuvent circuler librement sur la planète et ceux à qui cela est interdit, refusons également de vivre dans un monde aux frontières de plus en plus militarisées qui segmentent nos continents et veulent transformer chaque groupe de pays en forteresse.

Considérant que le respect de ce droit fondamental qu’est la liberté de circulation telle qu’énoncée dans l’article 13-1 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 est une condition préalable à l’exercice des autres droits fondamentaux, et que cet article 13-1 posant comme un droit fondamental celui de pouvoir quitter son pays signifie nécessairement celui de pouvoir s’installer dans un autre pays ;

Considérant que les restrictions actuelles à la liberté de circulation restreignent uniquement celle des plus pauvres et reflètent non seulement la montée en puissance des nationalismes xénophobes mais aussi la peur élitiste des populations défavorisées ;

Considérant que, contrairement aux idées reçues, et comme l’a reconnu la CNUCED dans son rapport de 2004, c’est encore l’Afrique qui finance l’Europe alors que les écarts de revenus par habitants entre l’Europe et l’Afrique ne cessent de s’accroître ;

Considérant que les politiques sécuritaires font croire que les migrations sont un problème et une menace alors qu’elles constituent depuis toujours un phénomène naturel et que, loin d’être une calamité pour les pays développés, elles constituent un apport économique et culturel inestimable ;

Considérant que les mesures sécuritaires ne mettront pas fin aux flux migratoires, induits par de multiples facteurs, et que les expériences historiques de libre circulation des personnes ont montré que celle-ci ne limite ni la souveraineté ni la sécurité des Etats qui sont davantage menacées aujourd’hui par la libre circulation des capitaux ;

Considérant que le respect de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 demeure un objectif qui doit être poursuivi par l’adoption de mesures visant à instaurer la liberté de circulation et la réhabilitation du droit d’asile d’une part et le respect effectif du droit au développement d’autre part ;

Nous exigeons :

1) le renoncement à l’idéologie sécuritaire et répressive qui oriente aujourd’hui les politiques migratoires, notamment à « l’externalisation » de l’asile et des contrôles aux frontières, à la criminalisation des migrations, ainsi qu’à toute loi raciste, xénophobe ou discriminatoire ;

2) la refondation des politiques migratoires sur la base du respect des droits humains, d’une réelle égalité des droits des personnes vivant sur un même territoire et, dans l’immédiat, de la régularisation de tous les migrants sans papiers ;

3) la dépénalisation du délit de séjour irrégulier et de l’aide aux personnes contraintes à ce type de séjour ;

4) l’annulation des accords de réadmission de personnes expulsées et l’abandon de toute négociation en ce sens par les Etats ;

5) la suppression des visas de court séjour, de toutes les entraves posées à la sortie d’un territoire, et la justification détaillée et contrôlée des refus de visas d’établissement avec une stricte symétrie des conditions africaines et européennes de délivrance de ce type de visas ;

6) la fermeture de tous les lieux d’enfermement et autres dispositifs de blocage des personnes aux frontières ;

7) l’abolition de toutes les mesures faisant obstacle aux possibilités de regroupement familial ;

8) l’application complète et sincère de tous les instruments de protection internationale afin de ne pas réduire le droit d’asile à une simple fiction ;

9) l’octroi systématique à tous les réfugiés statutaires d’une complète liberté de circulation et d’installation et d’une protection à travers le monde ;

10) la refondation financière et juridique du HCR de manière à ce qu’il protège effectivement les demandeurs d’asile et réfugiés et non pas les intérêts des gouvernements qui le financent ;

11) la ratification de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs famille, son intégration dans les lois nationales, la ratification des conventions de l’Organisation Internationale du Travail, et notamment les conventions 143 et 97 ainsi que leur mise en œuvre ;

12) que toute négociation euro-africaine repose sur le principe d’égalité des interlocuteurs et que les dirigeants africains, qui ont si peu défendu les intérêts de leurs populations, assument pleinement leurs responsabilités, tout particulièrement en remettant en cause les accords de partenariat euro-africains.

13) la mise en place de mécanismes de souveraineté alimentaire et la suppression des accords qui hypothèquent l’avenir de l’agriculture africaine ;

14) la suppression des conditionnalités imposées aux pays africains dans les négociations internationales, et tout particulièrement celle de la sous-traitance de la lutte contre les migrations ;

15) l’annulation inconditionnelle de la dette des pays du sud ainsi que le rapatriement de leurs avoirs placés dans des banques étrangères.

Rabat, le 1er juillet 2006

Algérie CISP - SARP - Rencontre et développement - LADDH - RAJ
Allemagne Fluechtlingsrat Hamburg - Réseau Nolager
Belgique Association Internationale des Juristes Démocrates - CADRE - CIRE - Organisation des Exiles Politiques Ivoiriens - SOS Migrants
Bénin Ass. Interafricaine de promotion et défense des droits des réfugiés et demandeurs d’asile / Canada Action Canada for Population & Development
Cameroun AFVMC - Ass. des Réfugiés sans frontières
Congo RDCEntreprendre-Cedita - GRAPR/NAD - La voix des sans voix pour les Droits de l’Homme
Congo BrazzavilleCEMIR International
Côte d’Ivoire FNDP - ROAD
Espagne APDHAndalucia. - APDHA Sevilla - Comisión Española de Ayuda al Refugiado - Confederación General del Trabajo - Un mundo sin fronteras
Europe Migreurop.- Plateforme non-gouvernementale Euromed
France AIDE Fédération - Ass. du Manifeste des libertés - ASDHOM - ATMF - ATTAC - Autre monde- CIMADE - Coll. contre l’immigration jetable - Enfants du Monde Droits de l’Homme - IDD - IDF AMF - GISTI - IPAM - Médecins du Monde - PS-Section Lille - Réseau Terra
Guinée ONG-ADEG
Italie ARCI - ASGI - Partito di Rifondazione comunista - SINCOBAS
Libye Ligue Libyenne des Droits Humains
Luxembourg ASTI
Mali CADMali - Ass. des Maliens Expulsés - AIDE
Maroc ABCDS - AFVIC - Alterforum. - AMDH- Amnesty Maroc - AMERM - ANOLF - ARCOM - Ass.Africa Maghreb - Ass. Chouala Zaio Nador - Ass. Madinati Kenitra - ATTAC - Caritas - CEI - CESAM - CETASSO- Chabaka - CISS - Coll. des Réfugiés - Conseil des migrants subsahariens - Fondation F.Ebert - FMAS - Oxfam Intermon - Plateforme-migrants - Hommes et environnement - OMDH - Pateras de la vida - RESAQ - SRMIDI
Mauritanie AMDH / Niger Timidria - Réseau National Dette et développement - Alternative Espaces Citoyens
Pays-Bas Platform Buitenlanders Rijmond - The Hague Process on Refugees and Migration - KMAN - Plateforme Intercontinentale des MRE - EMCEMO / Pluri-national Nord/Sud XXI
SénégalANAFA - Union de la Solidarité et de l’Entraide
Tunisie CNLT - ATFD - LTDH -Ass. Tun.de Lutte contre le sida...

C) Les ONG regroupé en France contre l’immigration jetable

Analyse du projet de loi modifiant le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA)

L’Assemblée nationale vient d’adopter le 17 mai 2006 le projet de loi relatif à l’immigration et à
l’intégration. Le ministre de l’Intérieur, comme il en a coutume, a voulu faire croire à l’opinion publique qu’il avait pris en compte certaines critiques formulées, notamment par le réseau chrétien.
Loin d’avoir été assoupli, le projet de loi a même vu son contenu durcir, en particulier concernant les jeunes et l’immigration familiale. En le faisant, l’Assemblée nationale a repris certains éléments présents dans les avant-projets de loi que l’UCIJ avait eu l’occasion de dénoncer. Avant que le projet ne passe à son tour devant le Sénat, il paraît important de proposer une nouvelle analyse complète de la « petite loi ». Nous avons ici souhaité mettre en avant les amendements adoptés.

« Uni(e)s contre l’immigration jetable » rassemble plus de 700 organisations (collectifs de sans papiers, associations, organisations syndicales et politique). Ce collectif qui s’est constitué en janvier 2006 ne cesse de déployer de l’énergie pour dénoncer ce projet, qui propose une politique reposant sur un nouveau paradigme, celui de la sélection.

Ce faisant, le texte porte de très graves
atteintes aux droits des personnes ; il réduit l’étranger à la force de travail qu’il représente. Le gouvernement, après avoir initié une première loi en 2003, poursuit son entreprise de déstabilisation de populations déjà fragilisées par des années de politique aveugle, indigne et méprisant les libertés fondamentales.

SUITE à lire ici

D) Une chanson illustrant le périple de l’immigration bloquée à nos frontière par la Forteresse Europe

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