PETROLE
La Chine est passée, en quelques années, du statut de nation exportatrice nette de pétrole à celui d’importateur net d’hydrocarbures.
L’évolution de la demande en pétrole de la Chine est particulièrement importante.
Après une progression de près de 60 % sur la période 1982-1992
(de 1,66 Mb/j à 2,61 Mb/j),[millions de barils]
elle a plus que doublé entre 1993-2003 (5,46 Mb/j en 2003).
Pour la seule année 2003, la croissance de la demande est estimée
à 10 %,(0,5 Mb/j) ce qui correspond à 35 % de l’augmentation mondiale.
Au regard de sa taille, la Chine est médiocrement pourvue de ressources en hydrocarbures et la production nationale stagne depuis des années aux alentours de 3,3 à 3,4 Mb/j.
En 2003, la Chine a exporté moins de 8,13 millions de tonnes de brut (+12,8 % par rapport à 2002).
Le plafonnement de la production nationale donne lieu,
avec l’augmentation rapide de la demande, à la montée des importations pétrolières nettes de la Chine qui sont passées sur la période 1992-2002 de zéro à 1,5 Mb/j.
Pour l’année 2003, elles se sont élevées à 2,3 Mb/j.
Les analyses de l’AIE prédisent une consommation en 2025 de 10,9 Mb/j couverte par 7,5 Mb/j d’importations.
Pour 2004 les estimations indiquent que la consommation pétrolière augmenterait de plus de 5,9 % (1,5 % au niveau mondial) et cette croissance devrait dans les années à venir se stabiliser autour de 3 à 5 % par an.
Sécurisation des approvisionnements
Pour la sécurisation de ses sources de pétrole, la Chine passe des accords avec nombre de pays.
Je citerai la production au Pérou avec Pluspetrol,
14 accords sur les champs de Zumano au Vénézuéla, pays qui bénéficie d’un prêt chinois de 4 milliards US$.
La CNOOC détient 16,7% de MEG Energy (en Alberta/Canada, sables bitumineux).
PetroChina s’est associé à Enbridge pour construire un oléoduc vers la côte canadienne Ouest.
La Chine semble réussir à imposer à la Russie un oléoduc transsibérien vers ses frontières (contre le projet japonais concurrent) et a aidé discrètement à la reprise par Rosneft des actifs de Ioukos.
3 000 km d’oléoducs sont construits au Kazakhstan où Petrochina produit déjà à travers Aktobemunaigas.
Des accords d’exploration et dans le raffinage sont passés en Indonésie.
Des projets de gazoducs et d’oléoducs existent du Myanmar/Birmanie vers le sud chinois.
L’on parle de la reprise des actifs de Chevron/Unocal par la Chine (en compétition avec Total et l’Inde).
En Afrique (Congo, Nigéria, Gabon, Soudan et Angola) : la Chine accorde des prêts financiers ou des aides comme la construction d’autoroutes, de ports et de voies ferrées, ou la réhabilitation de bidonvilles,... mais aussi un soutien contre les pressions au Conseil de Sécurité de l’ONU.
La Chine détient 41% du groupe pétrolier soudanais Petrodar.
L’Iran reçoit une aide chinoise sans faille (jusqu’à présent) à ses projets nucléaires.
La Chine détient 50% du champ pétrolier majeur de Yadavaran (l’Inde en détient 30%).
La Chine construit un port en eaux profondes au Pakistan, au plus près du détroit d’Ormuz, en vue de pouvoir accueillir une flotte navale chinoise, voire de transférer du pétrole du Moyen Orient vers la Chine par oléoducs, voie terrestre plus courte que la voie maritime.
Un accord similaire vient d’être signé à Djibouti pour l’usage de sa base, site stratégique face au détroit d’Ormuz.
D’autres projets existent en Syrie, en Algérie, en Egypte, en Equateur et au Tchad.
Des résultats
Les résultats sont porteurs d’espoir pour la Chine qui a une bonne répartition de ses importations : aucun de ses pays fournisseurs ne dépasse 1/5 du total. 80% des importations chinoises sont réalisées avec 8 pays de 4 zones régionales bien distinctes : Moyen Orient, Russie, Afrique (Angola, Congo) et Asie (Vietnam).
Importations 2004 /(en millions de tonnes) / PETROLE/
/Rang / Pays / / Livraisons / Croissance % 2003/
/1er/ /Arabie Saoudite / 17,2 / +13,3% /
/2e / /Oman / 16,3 / +75,7% /
/3e / /Angola / 15 / +48% /
/4e / /Iran / 14 / +13% /
/5e / /Russie / 10,7 / +102% /
/6e / /Yemen / nc / - /
/7e / /Vietnam / 5,3 / +52,6% /
/8e / /Congo / 4,7 / +40,8% /
L’on constate les fortes progressions des importations par pays, partout sauf en provenance d’Arabie et d’Iran.
Par ailleurs, plus de 80% de ces importations sont par voie maritime, via le dangereux détroit de Malacca.
Le reste vient du Vietnam et de Russie (via le rail).
Des contraintes inéluctables
Néanmoins, la croissance des importations pétrolières chinoises ne peut que s’accélérer.
En effet, sa production annuelle nationale (175 millions de tonnes en 2004) stagne ou plafonne à une croissance de +5% l’an, tandis que sa consommation culmine à +12% l’an, avec une moyenne de l’ordre de +7,5%.
Le différentiel s’accroît donc inéluctablement, et doit passer en importations par la voie maritime ou le rail, avec des menaces lourdes, inhérentes à ces modes de transport.
Les perspectives de consommation
Nos calculs conduisent à une estimation du besoin chinois de 390 millions de tonnes de pétrole en 2010 (soit +7% l’an).
La plupart des experts dont ceux de l’Agence internationale de l’Energie, font cette estimation.
Cette donnée correspond à l’actuel décrochage constaté (environ de 15%) entre la croissance du PNB chinois et son besoin en pétrole.