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Greenpeace censurée

Informer conduit au tribunal

lundi 7 août 2006, par ab (JournArles)

Assignée en référé au tribunal de grande instance de Paris par Pascal Metge et Claude Ménara, Greenpeace vient se voir condamnée à retirer de son site les informations concernant leurs champs d’OGM.
Ces deux agriculteurs reprochent à l’association d’avoir publié sur son site Internet une carte de France indiquant l’emplacement des champs sur lesquels ils cultivent du maïs génétiquement modifié dans un but commercial.

La carte et les informations sont consultables sur le site de Greenpeace International.

La directive européenne 2001/18 relative aux OGM impose aux Etats membres la publication de registres publics destinés à informer les citoyens sur les emplacements de cultures d’OGM. La France n’a toujours pas transposé cette directive – ce retard de trois ans lui vaut d’ailleurs des rappels à l’ordre de la part de l’Union européenne. Ce faisant, elle prive ses citoyens de l’information indispensable pour se protéger d’éventuelles contaminations. « En publiant sur son site les emplacements des champs de maïs transgénique cultivés dans le secret et découverts grâce au travail de terrain de ses bénévoles, Greenpeace défend ce droit des citoyens à être informés et à se protéger des OGM, droit qui devrait être assuré par les autorités françaises, justifie Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM de Greenpeace France. Nous sommes condamnés pour avoir publié des informations que la loi impose au gouvernement de fournir au public ! »

Cet épisode survient alors qu’une série d’événements qui tout depuis le mois de juin témoignent d’une criminalisation de l’engagement anti-OGM. Il y a eu la condamnation de l’ancien porte-parole de la Confédération paysanne Jean-Emile Sanchez à deux mois de prison ferme. Mais aussi, dans le Nord, onze militants anti-OGM, baptisés les « Onze d’Avelin » et condamnés à de la prison avec sursis en octobre 2005, ont été convoqués pour subir un prélèvement d’ADN, en application de la loi sur la sécurité intérieure d’octobre 2003 et à la demande du procureur de la République. A Orléans, plusieurs journalistes de France 3 Centre ont été successivement inquiétés par la justice, la police et la gendarmerie. Un reporter et son rédacteur en chef se sont vus reproché un traitement partial du procès en appel de 49 faucheurs les 15 et 16 mai. Quelques jours plus tard, une de leurs collègues a été sommée de dévoiler ses sources après avoir couvert une action de fauchage. Même scénario le 20 juillet à Toulouse. Les gendarmes ont réclamé à France 3 Sud la copie d’un reportage consacré à aux faucheurs qui ont semé du maïs bio sur une parcelle OGM, afin de pouvoir les identifier – en vain. Le SNJ de France 3 Toulouse a dénoncé une « manoeuvre […] claire, odieuse, digne d’un Etat policier ».
« Peine de prison ferme, prélèvement d’ADN, tentative d’intimidation de journalistes… Mais jusqu’où ira-t-on pour nous imposer ces OGM dont personne ne veut ?, interroge Arnaud Apoteker. Comment la justice peut-elle ainsi bafouer la liberté d’informer et l’intérêt général, pour se mettre au service des intérêts particuliers de ceux qui promeuvent les OGM ? »
« En tant qu’association citoyenne, nous considérons qu’il est de notre devoir de pallier la culture du secret de la France autour des OGM. Nous incitons nos détectives des champs à continuer leur travail d’investigation et notre carte, régulièrement actualisée, sera bientôt disponible sur le site de Greenpeace International », conclut Arnaud Apoteker.

D’après Greenpeace (France)

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