Depuis Serre-Ponçon (Hautes Alpes), le canal usinier EDF détourne 90% de l’eau de la Durance sur 220 des 300km de son cours, pour en déverser et gaspiller 2,1 milliard de m³ par an, dans l’Étang de Berre.
L’étang en est dénaturé : infraction à la Convention de Barcelone et au Protocole d’Athènes qui vaut à la France d’être condamnée par la Cour Européenne de Justice. La Durance est asséchée, dégradée, plus dangereuse que jamais ; les nappes phréatiques associées sont en déficit de plusieurs dizaines de millions de m³ : infraction à l’article V de la Loi 55-6, aggravation des conséquences de la sécheresse. La Camargue, privée de matériaux solides constitutifs, recule devant la mer.
Les pouvoirs publics n’envisagent pas de mettre un terme à ces gâchis . Certaines de leurs pratiques et recommandations les aggravent. Sommé de mettre un terme à la pollution de l’étang par les rejets EDF, le gouvernement propose de les « lisser » en les maintenant au niveau actuel 2,1 milliard de m³ par an ? Rien ne serait changé.
Depuis cinq ans, et même après la condamnation de la France, le « Groupement d’Intérêt Public pour la Réhabilitation de l’Étang de Berre », s’obstine à proposer une solution refusée par l’Europe : une dérivation du canal vers le Rhône ; prohibitive et dévastatrice, elle pérenniserait et aggraverait les méfaits de la gestion actuelle de l’eau, subordonnée à celle de l’énergie.
Pour faire face à la sécheresse actuelle, le ministre Lepeltier (La Provence du 19/03/05), suggère aux agriculteurs « des choix qui favorisent les cultures moins consommatrices d’eau » . Remplacer les près, arrosés par inondation, par l’arboriculture ou le maraîchage, arrosés au goutte à goutte, c’est vider les nappes phréatiques où s’approvisionnent des centaines de milliers de personnes... Un crime. Ce genre « d’économie d’eau » est malheureusement déjà en œuvre.
L’Étang Nouveau, avec le Collectif Adam de Craponne, proposent une autre gestion de l’eau et de l’énergie qui permettrait de rétablir les équilibres perturbés par l’aménagement de la Durance, de concilier les intérêts en jeu et de faire face aux sécheresses futures, inéluctables, dans de meilleures conditions qu’aujourd’hui .