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Prix et coût énergétique du bioéthanol : Dénonçons la désinformation !

dimanche 15 octobre 2006

Le mondial de l’automobile touche bientôt à sa fin et a été l’occasion pour le gouvernement de poursuivre sa propagande en faveur de l’essence à 85% d’éthanol (E85) :

- Thierry Breton souhaite « le soutien sans réserve du lancement de l’E85 dans l’intérêt du pouvoir d’achat des français ».

Pourtant, bien que l’E85 soit moins chère à la pompe, ce qui va de soi puisque qu’elle est moins énergétique que l’essence, elle est une dépense supplémentaire pour le contribuable en raison de la défiscalisation adoptée : le manque à gagner pour l’état sera de 0.56 € par litre d’éthanol, perte de recettes fiscales qui se répercutera forcement par ailleurs… Les industriels, eux, sont les grands gagnants puisque l’état leur reverse 0.33 €/L en complément de leur prix de vente de l’éthanol. Quant aux agriculteurs, ils ne disposent d’aucune garantie de prix concernant les matières premières.

- Dominique Bussereau annonce que les biocarburants « contribuent au renforcement de notre autonomie énergétique ».

Pourtant, le bilan énergétique de l’éthanol en France n’est pas satisfaisant puisqu’il nécessite presque autant d’énergie pour le produire qu’il n’en restitue : il faut l’équivalent de 0.8 à 1.2 litre d’essence pour produire 1 litre d’éthanol à base de betterave ou de céréales[1] alors qu’il en faut moins de 0.25 litre dans le cas d’éthanol issu de la canne à sucre au Brésil.

- Dominique de Villepin soutient les biocarburants « pour lutter contre le réchauffement climatique »

Pourtant, les économies d’émission de gaz à effet de serre issues de l’utilisation des biocarburants promus actuellement ne représenteront au mieux que 1,4% des émissions autorisées pour la France en 2012[2].

La Confédération paysanne insiste sur la nécessité de repenser notre consommation énergétique car l’énergie verte ne remplacera jamais à elle seule le pétrole et que la finalité alimentaire de l’agriculture est prioritaire. Le développement de filières courtes, telle que celle de l’huile végétale pure, dans un souci de diversification et de complémentarité de fermes spécialisées sur l’ensemble du territoire pourraient garantir un revenu pour l’agriculteur, de meilleurs bilans énergétiques et environnementaux.

La Confédération Paysanne éclaircira les limites des biocarburants lors d’un colloque sur les politiques européenne, nationale et régionale face aux enjeux énergétiques de l’agriculture, qu’elle organisera à Reims les 16 et 17 novembre prochain.

Contacts :

Jean-Jacques Bailly, Secrétaire national de la Confédération paysanne : 06 80 13 44 41

Patrick Sadones, EDEN : 02 35 37 35 08

1 Message

  • En tant qu’écologiste je trouve que votre approche systèmique et vos arguments sont très pertinents sur plusieurs points (compétition avec les besoins alimentaires, bilan énergétique pas si positif que cela, surexploitation potentielle des terres) si l’on ne considère que les productions agricoles spécifiques et intensives (Céréales, canne à sucre, switchgrass, betterave).

    Néanmoins, il serait intéressant d’évaluer la production de bioéthanol à partir de la source potentielle que représente le recyclage des déchets ligneux et tenir compte des recherches en ce sens (voir lien fourni).

    Compte-tenu de la nécessité d’entretenir la forêt d’une part (feu, etc), de sa progression naturelle dans tous les pays développés (la forèet occupe 14 Mio d’hectares rien que pour la France) et de la possibilité de rapprocher ainsi la production de la consommation de ces pays (circuit de production plus court), cette approche peut être un complément intéressant de revenus pour nos agriculteurs et pour la gestion raisonnée de nos ressources, tout en permettant de limiter la consommation de carburants fossiles.

    Ma conclusion est qu’il faut certes prendre sérieusement en compte vos arguments qui sont valides à court terme, mais éviter de totalement diaboliser l’usage des biocarburants futurs au point de décourager toute recherche dans ce domaine.

    Voir en ligne : Le bois comme alternative

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