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élevons et cultivons la solidarité

mercredi 11 janvier 2006, par Confédération Paysanne 13

Depuis le début des années 90, les producteurs de fruits et de légumes savent qu’ils n’ont aucune certitude de vendre leurs produits à un prix qui couvre au moins le prix de revient. Les catastrophes climatiques subies par les concurrents, les stratégies d’approvisionnement des grandes surfaces (et leur gloutonnerie sans limites) conditionnent largement plus le prix de vente. Cette situation inacceptable, mais contre laquelle il y a peu de mobilisation (et quasi aucune au niveau des responsables politiques) génère invendus et des volumes de production perdus.

Ce dont on se rend moins compte du côté des producteurs, c’est qu’à l’autre bout de la chaîne, une partie de plus en plus importante de la population n‘a plus accès aux fruits et légumes frais. L’association Voisins et Citoyens en Méditerranée avec laquelle nous travaillons depuis plus de 10 ans a organisé récemment une rencontre d’épiceries sociales. Il s’agit d’épiceries où une population à faibles ressources peut acheter à prix réduits des denrées alimentaires. Un constat était fait par tous les responsables présents : alors qu’elles devaient ne nourrir les personnes que pour un temps réduit, leurs clients deviennent permanents avec pour une part de plus en plus grande d’entre eux aucun espoir d’amélioration de leurs revenus (handicapés, petits retraités, femmes seules avec plusieurs enfants, RMIstes cumulant les difficultés, SDF...). Grâce aux dispositifs d’assistance mis en place, les pauvres ne meurent plus de faim, mais subissent des déséquilibres alimentaires (plus de vitamines par exemple), se nourrissant régulièrement de conserves et quasi jamais de fruits et légumes frais.

Y a-t-il moyen de rapprocher l’intérêt des deux bouts de la chaîne en augmentant le prix payé au producteur et diminuant celui payé au consommateur ? Entre les pommes payées 15 centimes au producteur et celles à 2 euros dans les rayons des grandes surfaces, un raccourci peut-il aider les deux parties à mieux (sur) vivre ?

De nombreux producteurs s’orientent vers la vente directe (marché paysans, paniers hebdomadaires des Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne ou d’autres circuits, production bio...), qui permet au prix d’une augmentation du travail de mieux assurer son revenu. Mais, il faut être honnête, les prix pratiqués ne rendent ces circuits accessibles qu’aux classes de revenu moyennes et supérieures. La nourriture saine doit-elle être réservée aux cadres et aux « bobos » et les classes populaires abonnées à la bouffe pour obèses mal nourris ? Poser la question, à moins d’être cynique ou directeur de grande surface, c’est y répondre. Alors que faire ?

Une réflexion pour organiser une vente à prix accessible et honnête pour les producteurs dans les quartiers (ce qui pourrait aussi y créer des emplois) commence à voir le jour, notamment dans certains syndicats locaux (Confédération Paysanne, Modef), il faut la poursuivre de manière collective. Solidarité Paysans, Voisins et Citoyens en Méditerranée et des associations de quartier peuvent participer à la démarche.

En attendant, y a-t-il des producteurs qui seraient prêts d’une part à vendre aux épiceries sociales des produits frais, d’autre part à téléphoner quand une récolte ne peut pas se vendre ou en fin de récolte (fruits restant sur les arbres, dernières tomates avant arrachage, dernières salades...) pour organiser un ramassage collectif -moyennant paiement à débattre- qui permette de revendre fruits et légumes à prix bas à ceux qui n’y ont plus accès ? Plusieurs d’entre vous avec lesquels nous en avons discuté ont manifesté leur intérêt. Si vous êtes aussi intéressés, signalez-vous auprès de Solidarité Paysans en précisant les produits éventuellement concernés pour que nous puissions organiser les choses avec les épiceries sociales et les associations des quartiers.

Nous attendons vos réactions.
Vous pouvez contacter la conf au 04 90 55 78 23

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