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Où est passée « la France des droits de l’Homme » ?

Communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), Paris, le 10 décembre 2007

mercredi 12 décembre 2007, par ab (JournArles)

Il y a exactement 59 ans, c’est à Paris, au Palais de Chaillot, que
l’Assemblée générale des Nations unies adoptait la Déclaration universelle
des droits de l’Homme (DUDH), première déclaration de droits à la fois
indivisibles (tous les droits au même niveau) et universels (sous tous les
climats et face à tous les régimes).

59 ans plus tard, la France officielle, qui ne cesse de se proclamer « pays
des droits de l’Homme », méprise cet héritage.

Le gouvernement érige la xénophobie d’Etat en politique et transforme les étrangers, hommes, femmes et enfants, en quantité à expulser.

Il encourage les inégalités, la précarité et fait de chaque exclu le seul
responsable de la situation qui lui est en fait imposée.

Il porte atteinte aux processus démocratiques en donnant la primauté aux forces de l’ordre sur les juges qu’il méprise ouvertement.

Le secrétariat d’Etat aux droits de l’Homme, curieusement consacré aux pays étrangers et par définition aveugle à ce qui se passe en France, n’a servi que d’alibi à une politique qui, en fait de rupture, amplifie les errements antérieurs.

Les félicitations adressées à Vladimir Poutine pour des élections qui
constituent une caricature des atteintes au suffrage universel, les voyages en Libye, au Gabon et en Chine, où la secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme a été évincée, le voyage en Tunisie où elle a rencontré non les victimes des violations des droits mais le ministre chargé de les dissimuler, la réception à Paris de Monsieur Kadhafi sont transformés en autant de cautions des régimes en place. Ceci traduit un mépris rare de tous ceux qui dans le monde, et en particulier dans ces pays, luttent pour le respect des droits de l’Homme au risque de leur liberté et parfois de leur vie.

Le ministre des Affaires étrangères approuve cette politique tout en
cherchant à se dédouaner derrière la rébellion toute symbolique de sa
secrétaire d’Etat. La participation de cette dernière au dîner annuel
organisé par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) à l’occasion de l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme n’y change rien tant il est vrai que, de tests ADN en contrats commerciaux aux lieu et place du respect des droits de l’Homme, la rupture annoncée par le président de la République n’est qu’une tartufferie.

Parce qu’elle a fondé en 1922 avec les ligues allemande, italienne et
espagnole la FIDH, la LDH sait que la défense des individus et des peuples ne peut être restreinte à la politique des Etats et encore moins relever d’un ministère. L’action et l’indépendance, à l’égard de tout pouvoir, des « hommes et femmes d’exception » que sont les défenseurs des droits de l’Homme, sont essentiels dans ce combat. La LDH appelle la France à mettre en accord ses actes et ses paroles et à respecter son histoire et ses principes tant dans ses frontières nationales que dans le cadre de sa politique internationale.

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