"Pékin maître de l’économie-monde",
selon "Le Monde" (15-16 janvier 2006).
De fait, la croissance de la Chine est exponentielle : 10 % en 2003, 10,1 % en 2004, à faire pâlir d’envie les gouvernements et les experts du monde entier.
Les exportations chinoises sont portées par une monnaie (le yuan, accroché au dollar par une parité fixe), qui serait sous-évaluée de 25 %, malgré une réévaluation de 2,1 % en juillet dernier.
Les réserves de change de Pékin sont considérables : elles seraient estimées à quelque 800 milliards de dollars, atteignant ainsi le 2e rang mondial après le Japon. Le pays a donc les moyens de son expansion.
Les investissements étrangers sont considérables : ils représentent quelque 60 milliards par an.
Les hommes d’affaires, notamment occidentaux, apprécient l’efficacité chinoise : le constructeur automobile américain Ford explique ainsi que la construction de son usine de Chongquing (sud-est) a duré 21 mois, là où il faut normalement 36 mois (cité par "Le Monde 2").
Selon "Le Figaro" (21-12-2005), le tertiaire représenterait désormais 41 % du PIB chinois.
Un chiffre que le quotidien analyse comme "un bon indice de maturation économique".
Mais il reste du chemin à parcourir : les services représentent déjà 50 % du PIB en Inde, la puissance asiatique concurrente, 60 % en Europe et plus de 70 % aux Etats-Unis", explique "Le Figaro".
Dans le même temps, atteignant 80 milliards de dollars pour 10 premier mois de l’année 2005 (contre 32 milliards en 2004), les exportations ont représenté 34 % de la richesse nationale en 2005 (contre 30 % en 2004).
La Chine produit (et exporte) sur tous les fronts : textile, mais aussi sidérurgie, électronique, automobile...
Dans le secteur de l’habillement, les achats de produits chinois par les pays de l’UE auraient augmenté de 50 % e valeur, à 17 milliards d’euros, depuis la suppression des derniers quotas, selon l’Institut français de la mode (cité par "Les Echos", 20-21 janvier 2005).
Dans le domaine de l’automobile, Pékin a vendu à l’étranger quelque 135.000 véhicules (et en a importé 128.000, surtout des voitures de luxe), selon "Le Monde" (7-12-2005).
Chaque année, cinq millions de véhicules sortent des usines construites par des constructeurs étrangers.
"Les investissements tous azimuts des marques étrangères en Chine sont en train de créer une capacité de production de 20 millions de véhicules en 2010, pour un marché intérieur qui pourrait ne pas dépasser les 9 millions d’unités",
explique le quotidien.
Si ces estimations sont exactes, il faudra donc qu’un jour cette capacité de production serve à quelque chose. Les firmes étrangères ont de quoi s’inquiéter...
En matière de production d’acier, le pays est exportateur depuis 2004. Sa capacité de production pour les aciers inox a quadruplé en cinq ans.
En matière d’électronique, la Chine "s’équipe massivement en usines de semi-conducteurs, financées par les groupes taïwanais", constate "Le Monde".
Côté électronique grand public, elle est de plus en plus présente à l’étranger. Ses produits électroménagers, produits à bas prix, inondent le monde. Un motif invoqué par Seb en France pour fermer des sites et délocaliser en Asie une partie de sa production.
Pékin ne se contente pas d’exporter.
Il investit ou tente d’investir.
Nouveaux immeubles d’habitations en construction, dominant la rivière Yangtse à Nanjing (est) (AFP)Le géant du pétrole Cnooc a ainsi dû renoncer à racheter la compagnie américaine Unilocal. Le groupe chimique China National Blue devrait acquérir le spécialiste français de l’alimentation animale Adisseo pour 400 millions d’euros, selon l’agence de presse officielle Chine Nouvelle.
Et avant Adisseo, Alcatel avait cédé en mai 2005 la totalité de ses activités mobiles au groupe chinois TCL après une courte expérience de co-entreprise.
Auparavant en novembre 2003, TCL avait déjà récupéré sous la forme de co-entreprise les téléviseurs Thomson. D’autres entreprises françaises ont été la cible de groupes chinois. Ainsi dans le domaine de la distribution, le groupe AS Watson, propriété du milliardaire de Hong Kong Li Ka-shing, a racheté l’an dernier le groupe Marionnaud, distributeur de parfums et de cosmétiques, pour un prix global de 900 millions d’euros.