Il est des gens qui, dans l’insouciance la plus totale, vont promener leur tondeuse à gazon à six heures du matin, font l’amour à leur perceuse à percussion entre midi et deux ou faire de l’exercice à leur tronçonneuse en pleine nuit pour allumer leur cheminée. A tous ceux qui s’obstinent à travailler lorsque les autres paressent, il faut absolument attribuer une récompense pour leur ténacité et leur persévérance à nous emmerder dans la joie.
Si vous avez, donc, un voisin de cette espèce, vous munir :
D’un seau en plastique (ou en métal) dans lequel vous aurez rassemblé quelques cacas de chiens. Je peux vous communiquer une très bonne adresse, les quais du Rhône à Arles. Le groupe « Fâtche d’eux » doit en avoir également quelques une, car à l’audition d’un de leurs morceaux, « ma ville pue », ils ont apparemment découvert un gisement quasi inépuisable à la Roquette.
Les puristes pourront, bien sur, utiliser leur propre production de matière première.
D’un petit bout de papier sur lequel vous aurez écrit, pas à la main évidemment, une explication dans le genre :
« Cher Monsieur, depuis le temps que vous nous faîtes chier avec les bruits incongrus de votre tondeuse, perceuse etc. nous tenons absolument à vous faire partager le fruit de votre travail ».
Vider ensuite le contenu de votre récipient sur sa voiture, encore mieux à l’intérieur, ou le projeter sur la façade de sa maison. Dans ce dernier cas, il vaut mieux, avant, donner un bon coup de mixer à la préparation.
Tout cela ne vous aura coûté au bout du compte, qu’un modeste seau que vous pourrez réutiliser ultérieurement après l’avoir lavé, un morceau de papier et cinq minutes de peur pour des heures de bonne et franche rigolade entre copains et aussi d’histoires héroïques que vous pourrez raconter à vos petit enfants.
En effet, hors période de guerre, il paraît difficile de réunir les conditions favorables à la résistance active.
Oups ! J’allais oublier, ne surtout pas signer la lettre.
A la semaine prochaine pour de nouvelles agapes avec nos amis les chasseurs. Il n’y a, en effet, aucune bonne raison pour que leurs compagnes s’ennuient dans un plumard vide lorsque leurs Tartarins s’en vont chasser la bécasse...
Guy Marigot