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Rassurez vous, ce n’est pas grave...

Déversement d ’uranium à Tricastin : RAS !

et surtout restez en vacances et n’allez pas manifester à Paris le 12 juillet contre le nucléaire

mercredi 9 juillet 2008, par Forum Civique Européen

Une fuite de 30 mètres cubes d’une solution contenant de l’uranium s’est produite, mardi, 8 juillet 2008 dans une usine du site nucléaire du Tricastin à Bollène (Vaucluse), une partie se déversant dans les rivières environnantes. Informé par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) d’un risque évalué « faible » pour la population, le préfet a interdit la consommation de l’eau issue de captage privé dans les trois communes de Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône.

Journarles vous propose les articles du Figaro et de Libération ainsi que les vues sur le site de Tricastin entourées par le Rhône. Etonnant d’ailleur qu’on ne parle pas du Rhône mais seulement de la Gaffière et du Lauzon. Voir petit plan dossier de Areva en annexe suivi du communiqué du CRIIRAD.

LE FIGARO 9 juillet 2008

Classée au niveau 1, la fuite d’une solution contenant de l’uranium a entraîné une contamination des rivières environnantes.

Environ 30 m3 de solution uranifère se sont déversés sur le sol, une partie à l’intérieur de l’usine, spécialisée dans la maintenance et le démantèlement de matériel nucléaire, et une autre dans les eaux de la Gaffière puis de l’Auzon.

Le rejet s’est produit à 6 h 30 mardi dans l’entreprise Socatri pendant une opération de nettoyage d’une cuve. Des mesures précises des rejets, sur les nappes et les cours d’eau, ont été immédiatement diligentées. En soirée, les eaux souterraines ne révélaient pas de présence anormale d’uranium, selon les autorités. Les taux relevés sur les eaux de surface justifiaient en revanche le maintien des mesures de sécurité prises plus tôt.

Outre l’interdiction de la consommation d’eau, l’irrigation agricole issue de la Gaffière et de l’Auzon est aussi suspendue. Les activités nautiques et la baignade sont interdites sur des plans d’eau de Bollène et Lapalud. La pêche et la consommation sont interdites dans la Gaffière, l’Auzon, la Mayre Girarde et le lac du Trop-Long.

« Manque de fiabilité »

Il ne s’agit en tout cas pas d’une pollution majeure, selon l’ASN. « En cas de consommation éventuelle de poisson, l’impact sanitaire est très limité », tient même à préciser l’Autorité, qui ajoute que « des expertises ont été lancées par l’IRSN et Socatri pour connaître l’augmentation de la teneur en uranium dans les jours à venir dans la nappe phréatique entre la Gaffière et le Rhône ».

Un optimisme que ne partage pas la Criirad (Commission de recherche et d’informations indépendantes sur la radioactivité). L’organisme indépendant a dénoncé le « manque de fiabilité » du site, notant que la quantité d’uranium rejetée lors de ce seul incident dépasse de plus de 100 fois le maximum que Socatri est autorisée à rejeter pendant une année entière. « Le risque sanitaire est effectivement faible, mais cet incident, non négligeable, fait suite à un nombre croissant d’autres incidents, montrant une dégradation de la gestion des déchets sur un site pourtant appelé à se développer », a déploré Corinne Castanier, la présidente de la Criirad.

LIBERATION du 9 juillet 2008

La cuve de rétention n’était plus étanche. Hier matin, 360 kilos d’uranium ont été accidentellement rejetés, au cours du nettoyage d’une cuve sur le site nucléaire du Tricastin, à Bollène (Vaucluse). Environ 30 m3 d’effluents se sont déversés sur le sol ainsi que dans le canal adjacent qui conduit aux rivières la Gaffière et l’Auzon. Selon les autorités nucléaires, le rejet ne présente pas de risque sanitaire immédiat. La préfecture a tout de même décidé d’interdire pêche, irrigation, baignade, activités nautiques et consommation d’eau aux alentours. L’exploitant procède actuellement à des mesures précises des rejets.

Diluée.

Selon Thierry Charles, de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), une partie de la solution a été récupérée par l’industriel, la société Socatri qui intervient sur le site du Tricastin pour la maintenance de matériels contaminés par de l’uranium et le traitement d’effluents uranifères. Une autre partie s’est largement diluée dans les cours d’eau et la troisième n’a pas atteint la nappe phréatique. « A l’instant T, il n’y pas de problème car les gens ne peuvent plus pomper les eaux de cette nappe. » L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a affirmé de son côté que la concentration en uranium mesurée dans une des rivières polluées, la Gaffière, « a été de l’ordre de mille fois [ce qui est] habituellement relevé, et est actuellement en rapide diminution. En cas de consommation éventuelle de poisson, l’impact sanitaire est très limité », a-t-elle ajouté. « Un incident industriel classique », a estimé Thierry Charles.

Mesures.

Pas si simple pour les ONG. Sortir du nucléaire - qui appelle à une mobilisation antinucléaire samedi à Paris - a publié un communiqué pour contester « les avis rassurants des autorités et rappeler que le nucléaire est dangereux et sale »« Il est en effet impossible qu’un tel rejet, contenant de l’uranium, n’ait pas de conséquences importantes sur l’environnement et peut-être sur la santé de riverains. ». Selon la Criirad, organisme né au lendemain de Tchernobyl et qui réalise des mesures indépendantes, « l’usage de l’unité de masse au lieu de l’unité de mesure de la radioactivité ne rend absolument pas compte de l’ampleur de la fuite ». En effet, pour Yannick Rousselet de Greenpeace, « le problème, c’est qu’on ne sait pas de quel uranium il s’agit ». Sur le site du Tricastin, on n’a que l’embarras du choix. « On trouve toute la panoplie du cycle de l’uranium : enrichi, usé, de retraitement, sous forme de gaz ou de poudre… »

Pour s’étonner de la communication officielle consultez cette petite publication de AREVA

CRIIRAD


Site nucléaire du Tricastin (Drôme) : fuite radioactive à la SOCATRI 8 juillet 2008 Nouveau dysfonctionnement grave sur le site nucléaire du Tricastin.

Premier commentaire (à chaud) de la CRIIRAD
Un communiqué des Préfectures du Vaucluse et de la Drôme vient d’informer le public qu’une opération de nettoyage d’une cuve sur le site de la SOCATRI a conduit au déversement de 30 m3 d’effluents radioactifs sur le sol et dans le canal adjacent.
Le communiqué indique que ces effluents contenaient 12 grammes d’uranium par litre. L’utilisation de l’unité de masse au lieu de l’unité de mesure de l’activité (le becquerel) ne rend pas compte de l’ampleur de la fuite. Il est utile de comparer le rejet accidentel aux limites annuelles que doit respecter la SOCATRI.
1. Violation de la limite annuelle de rejet
En prenant l’hypothèse d’un rapport isotopique naturel (soit 0,7% d’uranium 235) et de l’absence d’uranium artificiel (ni uranium 236 ni uranium 232), l’activité massique correspondant à 12 grammes par litre est d’un peu plus de 307 000 Bq/litre[1], soit pour 30 mètres cube d’effluents, une activité totale en uranium de plus de 9 000 000 becquerels, soit 9 200 MBq (mégabecquerels)

Aux termes de l’arrêté du 16 août 2005, la SOCATRI ne doit pas rejeter sur un an, dans le canal de Donzère-Mondragon, plus de 71,7 MBq en isotopes de l’uranium.

La fuite qui s’est produite a donc conduit à un rejet dans l’environnement plus de 100 fois supérieur à la limite annuelle (128 fois sur la base d’une hypothèse qui n’est absolument pas maximaliste).

Précisons par ailleurs, que les rejets doivent être effectués dans le canal de Donzère-Mondragon, où le débit doit assurer une dilution suffisante des effluents radioactifs. Ici le rejet a été effectué en partie dans un canal débouchant sur le ruisseau de La Gaffière (qui ne présente pas les capacités de dilution requises) et pour partie sur le sol (aucune précision n’a été donnée sur les volumes de terre contaminés).

Par ailleurs, si les effluents contenus dans la cuve proviennent d’installations qui travaillent sur l’uranium de retraitement (un uranium qui comporte des radionucléides artificiels) les rejets sont strictement interdits.

La CRIIRAD demande la communication immédiate des résultats d’analyse détaillés par radionucléide, ce qui permettra d’affiner les calculs et de préciser la nature des infractions et l’importance des risques radiologiques et sanitaires. Les effluents étant stockés dans une cuve, la SOCATRI devait en connaître la composition isotopique... ou alors c’est un dysfonctionnement supplémentaire.
2. Violation de la limite d’activité volumique (concentration)
Aux termes de l’arrêté du 16 août 2005, la limite d’activité volumique des isotopes de l’uranium dans les effluents après traitement doit être inférieure à 50 Bq/l. Toujours sur la base d’un rapport isotopique naturel et de l’absence d’isotopes artificiels, l’activité massique des effluents serait de 307 000 Bq/l, soit un dépassement de plus de 6 000 fois la limite réglementaire.
Il est intéressant de remarquer que lorsqu’une fuite accidentelle se produit et qu’elle est inférieure, ou très inférieure, aux limites de rejet, cette comparaison est systématiquement mise en avant par l’exploitant et l’Autorité de sûreté nucléaire et l’Etat. En revanche, lorsque la fuite représente un dépassement considérable (plus de 100 fois et plus de 6 000 fois) des limites maximales, la comparaison disparait du discours officiel et les résultats sont présentés… en grammes !

1] Cette activité pourrait être nettement supérieure avec une teneur en uranium 235 supérieure à la teneur naturelle (la SOCATRI peut traiter de l’uranium enrichi jusqu’à 5% !) et en cas de présence d’uranium de retraitement (et donc d’isotopes artificiels de l’uranium).

Si vous souhaitez soutenir les actions de la CRIIRAD : bulletin d’adhésion


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