Le « Gourbi » de Berre
Nos associations se mobilisent régulièrement aux côtés des travailleurs agricoles étrangers qui habitent sur un terrain privé de la plaine des Cravons, dénommé le « Gourbi » de Berre. Ce bidonville abritait une
soixantaine de personnes originaires essentiellement de Tunisie et du Maroc, dans des conditions sanitaires déplorables. Ces dernières années, les pouvoirs publics ont tenté de « régler » le problème du Gourbi sans le traiter, par le biais d’interventions policières, ou en entamant des procédures qui, jugées illégales, n’ont pas abouti.
Depuis fin 2006, l’Etat a engagé avec les associations et les intéressés, une négociation censée permettre le relogement groupé des personnes en situation régulière.
Aujourd’hui,
nous redoutons une destruction imminente des dernières habitations présentes sur le Gourbi, alors que la Sous-préfecture d’Istres, en charge de ce dossier, n’a pas réglé le problème pour
l’ensemble des personnes concernées. Nos associations font les constats suivants :
1. Les propositions de relogement n’ont concerné que les étrangers en situation régulière. Aucune mesure de régularisation n’a été proposée concernant les ouvriers agricoles sans titre de séjour, qui pourtant travaillent et contribuent largement à l’économie agricole de la région à
moindre coût.
2. La question du travail clandestin des ouvriers agricoles n’est pas abordée. Le choix de l’Etat consiste à disperser les travailleurs sans-papiers en espérant les rendre invisibles, plutôt que de s’attaquer à leurs employeurs, responsables de cette situation.
3. La dispersion en cours des hommes du Gourbi instaure un climat de tensions permanentes parmi les hommes non relogés, sollicités chaque jour pour travailler. Médecins du Monde témoigne de souffrances psychiques et de stress accrus chez ces personnes, vues régulièrement en consultation médicale.
4. Une opération de destruction "d’habitats indignes", pour raison sanitaire va être lancée alors que les seules pathologies sévères que nous observons sont liées aux conditions de travail Médecins du Monde, la Ligue des Droits de l’Homme, le CODETRAS, convaincus que l’effort de concertation engagé doit se poursuivre pour aboutir à un règlement digne et respectueux des personnes, demandons :
1. un examen rigoureux des demandes de régularisation des situations individuelles présentées à M. le Sous-préfet.
2. le traitement du problème de fond, celui de l’économie agricole clandestine dans la région. C’est à ce prix seulement que la question des conditions de vie et de travail inhumaines des ouvriers agricoles étrangers pourra être réglée.
3. le maintien du Gourbi afin de pouvoir continuer la veille sanitaire jusqu’à ce que ces travailleurs, dont nous sommes témoins de leur embauche à chaque consultation depuis de six ans, soient reconnus et traités dignement.
Contact : Médecins du Monde :
Dr. Christine Larpin 06 11 56 71 36 -
mf.marseille@medecinsdumonde.net