"Celui qui possède l'information possède le pouvoir" Denis Robert, auteur de REVELATION$ Le système bancaire tente de prendre congé de la démocratie (voir article 1-30 du Traité constitutionnel européen soumis au référendum le 29 mai). On assiste à l'étblissement d'une nouvelle forme de féodalité. Les banquiers n'acceptent de moins en moins l'ingérence dans leurs affaires. Par contre ils ne souhaitent pas que ce traité constitutionel européen puisse être changé sans leur accord.Etrange comportement à l'égard du fossé entre riche et pauvre qui se creuse de plus en plus, ou la criminalité financière connait un essort planétaire.... Porte-monnaie électronique, e-cash, monnaie virtuelle, que se passe t'il quand l'argent devient "une donnée [informatique] comme les autres" ? Le monde impitoyable et secret de la finance, livré à lui-même, prend alors ses aises, favorisant ainsi toutes sortes de dérapages: détournement de fonds, blanchiment d'argent, financement occulte de partis politiques, fraudes fiscales etc. Investigations au coeur d'un système, que la finance "occulte"… Le banquier dissident Ernest Backes, Maître propre du Luxembourg a par ses révélations contribué largement comme co-auteur aux livres de Denis Robert: Révélation$ et Les boîtes noires (Edition Les Arènes). Il se présente lui même avec ces mots: "Je quitte les impôts pour participer à la création de la chambre de compensation internationale CEDEL (devenu CLEARSTREAM le 1.1.2000) en 1971. Directeur des relations avec la clientèle je suis licencié sans motifs le 19.05.1983. Fondé de pouvoir à la direction de la bourse de Luxembourg jusqu'en 1986, je quitte la bourse pour servir de cadre dans trois sociétés financières jusqu'en 1990. Réputation de casse-pieds et appelé "le Maître Propre" de la place financière (par des cadres de la BCCI) je suis poussé hors des enceintes fortifiées de la place financière. " Clearstream, affaire classée ? Par Geneviève Azam Quatre ans déjà depuis la sortie du film Clearstream et du livre de Denis Robert et Ernest Backes, Révélation$, qui ont dévoilé les pratiques plus que douteuses de Clearstream, un des groupes bancaires les plus puissants du monde, où se conservent les actions et les titres financiers dans le paradis bancaire et fiscal du Luxembourg et où s’organise leur échange transnational. Les valeurs conservées représentent près de cinq fois le budget de la France ! Des milliers de comptes bancaires sont gérés dans plus de 100 pays, dont de nombreux paradis fiscaux. Denis Robert a donné la preuve qu’il existe des comptes non publiés, des transactions effacées par d’opportunes pannes informatique, une utilisation de ce système pour dissimuler des opérations à l’échelle planétaire, comme celles liant Clearstream aux banques liées au terrorisme. Des auditions parlementaires ont eu lieu, en France et en Belgique, mais au niveau plus approprié de la Commission Européenne, la proposition d’enquête parlementaire a été bloquée, par l’initiative du commissaire hollandais de l’époque, l’ultra-libéral et désormais célèbre commissaire Bolkestein. C’est l’auteur du projet de directive du même nom, visant à libéraliser le commerce de tous les services en Europe en adoptant le principe du droit « du pays d’origine » pour les salariés délocalisés ou pour des entreprises dont le siège social serait situé dans un pays à moindre protection sociale. C’est l’illustration parfaite du néo-libéralisme avec l’opacité des décisions, le harcèlement juridique pour ceux qui osent dire et prouver, la collusion des pouvoirs politiques et financiers (la Commission européenne a l’initiative politique au sein de l’Europe), la remise en cause des droits sociaux et la considération du travail comme matière première de la machinerie économique. Les puissances financières en effet permettent et organisent la localisation/ délocalisation d’activités au gré des opportunités de rendement financier. C’est ce qu’ont subi en France les ouvrières de l’entreprise Daewoo, cliente de Clearstream, tout comme des millions d’argentins au moment de la crise argentine et bien d’autres encore. Qu’importe, la justice luxembourgeoise vient de conclure son enquête par un non-lieu sur un des plus énormes scandales financiers de l’histoire et par un blanchiment honteux au nom de la prescription des faits ! Comme l’a écrit Denis Robert récemment, le Luxembourg avant d’être un paradis bancaire est également un paradis judiciaire.